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Libération par la justice de 29 détenus militaires : L’ex-junte s’y oppose
Publié le lundi 21 janvier 2013  |  Le 22 Septembre


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Le capitaine Amadou Haya Sanogo
Le chef de l’ex-junte malienne, le capitaine Amadou Haya Sanogo


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A la suite des évènements malheureux du 30 avril au 1er mai 2012, plusieurs arrestations furent opérées dans les rangs de l’armée. Les plus illustres interpellés ont pour noms Général Hamidou Sissoko dit Man», ex-Chef d’Etat-major particulier d’ATT, Colonel Abdoulaye Cissé, désormais ancien Commandant de la région militaire de Sikasso et surtout ex-Aide de camp du Président Alpha Oumar Konaré, et Commandant Malamine Konaré, pilote et fils aîné de l’ancien Président de la Commission de l’Union Africaine.

Il fallut attendre le communiqué du 28 mai 2012 du Procureur de la République près le Tribunal de 1ère instance de la Commune III du District de Bamako d’alors, Sombé Théra, annonçant l’ouverture d’une information judiciaire contre des officiers de l’armée notamment ce trio. Selon le même communiqué, ils étaient accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, par l’emploi illégal de la force armée, d’association de malfaiteurs, d’assassinats, de coups et blessures volontaires, de vol, de détention illégale d’armes de guerre et de complicité.

Les enquêtes ont été confiées au juge d’instruction Togola. Celui-ci a minutieusement fait son travail, en démangeant tout simplement ses bureaux au Camp I de la Gendarmerie, où sont gardés les officiers et sous-officiers inculpés. Le jeudi 17 janvier, le dossier était complètement bouclé.

Le lendemain dans l’après-midi, le magistrat Togola, en toute indépendance, a accepté la demande de remise en liberté provisoire de 29 des 48 détenus. Les parents des intéressés ont jubilé et se sont précipités pour aller les chercher au Camp 1. Il était alors 21h 30 mn. Au moment où ils rassemblaient leurs affaires et attendaient le document de levée d’écrou que le Procureur devait signer, deux voitures de la gendarmerie, remplies de pandores, ont débarqué sur les lieux.

Selon des témoins de la scène, cela a mis fin au processus de libération. Ensuite, ce sont des dirigeants de l’ex-junte sont arrivés sur place. Certains d’entre eux auraient déclaré: «Jamais. Nous n’avons été ni informés ni associés à ces libérations». Certains étaient en civil, pendus au téléphone. Rapidement, ils ont demandé aux parents des prisonniers de quitter le camp. C’est avec une très grande déception que ceux-ci sont rentrés chez eux.

«Je ne comprends pas. Comment est-il possible que la justice décide et que les militaires de Kati s’opposent à ses décisions? Dans quelle République sommes-nous? Où allons-nous? Mon Dieu, j’ai peur pour mon pays. Mais avec l’arrivée des militaires étrangers, je pense que Kati aura l’intelligence de se calmer et de se soumettre à la loi, au pouvoir politique, sinon les choses risquent de se gâter pour tout le monde. Que cela ne plaise à Dieu! Encore une fois, Sanogo et ses gens doivent se soumettre à la loi» nous a confié un proche des détenus, dépité.

Dans la matinée de samedi, il nous est revenu que le Procureur du Tribunal de la Commune III, Dicko, aurait été menacé par des porteurs d’uniforme, à son domicile. Il aurait été averti, semble t-il, en ces termes: «si tu signes ce document, tu auras affaire à nous».

Nous avons tenté de joindre le Procureur, tout comme le ministre de la Justice, pour avoir de plus amples informations. En vain. Le téléphone du premier est resté fermé toute la journée. Celui du ministre sonnait, mais il ne décrochait pas, contrairement à ses habitudes.

Rappelons que, dès le lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012, des rumeurs circulaient à propos du Commandant Konaré. L’on a entendu tout et son contraire sur lui. Quarante-huit heures avant ces évènements, il nous était revenu qu’il se serait exilé à Niamey. On comprend aisément aujourd’hui le sens de toutes ces rumeurs. En fait, on préparait une certaine opinion à son arrestation et on faisait croire à celle-ci qu’il préparait un putsch. Comment un pilote de l’Armée de l’air, en service à la Sécurité d’Etat, sans troupes sous son commandement, pouvait-il conduire un coup d’Etat? Pour nous, profanes, c’est très difficile à comprendre.

Quant au Colonel Cissé, un officier émérite qui a énormément contribué à la résolution de la rébellion de 1990, les membres du CNRDRE n’ont pas compris, semble t-il, que, depuis le 22 mars, il ne soit pas venu à Kati pour prêter allégeance de façon officielle, contrairement à de nombreux autres chefs militaires. Le moindre soupçon constituait alors pour eux un prétexte pour l’abattre. Et tout laisse à croire qu’il a été bien trouvé.

Tous ses camarades de promotion, qui le connaissent bien, s’interrogent. Qui a donné l’ordre de l’arrêter? Eux tous estiment en effet que l’un des plus braves d’entre eux, qui a fait les grandes écoles de guerre, de stratégie et de géopolitique ne pouvait pas tenter un putsch et le rater.

S’agissant du Général Sissoko, alias Man, son seul tort est d’avoir fait partie du premier carré de fidèles du Président déchu ATT. Il avait été arrêté une première fois avec la vague des 22 personnalités civiles et militaires et le voici de nouveaux entre les mains des membres du CNRDRE, les nouveaux maitres de Bamako.

En définitive, tout porte à croire que le juge d’instruction n’a eu aucune peine, à défaut de classer leurs dossiers sans suite, à leur accorder la liberté provisoire, puisque ce trio et bien d’autres n’ont pris part à aucun contre putsch. Ils n’ont blessé personne, encore moins tué ou fait partie d’une association de malfaiteurs.

Comme nous le disions dans l’un de nos éditoriaux, qui en veut à Alpha Oumar Konaré peut bien l’atteindre à travers son fils ou son ancien aide de camp. De la même manière, à défaut de mettre le grappin sur ATT, un même raccourci permettrait d’inquiéter ses proches. A suivre.

Chahana Takiou

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