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Bokary Treta : Le silence qui fait grand bruit
Publié le lundi 15 fevrier 2016  |  Le Prétoire
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de Signature de convention de partenariat entre l`entreprise SLK et le Ministère du Développement Rural
Bamako, le 08 octobre 2015 au Cabinet du MDR. Le ministre du Développement Rural, Dr Bocary TRETA et le PDG de l`entreprise SLK, M. Yosi LAPID ont procédé à la signature de la convention de financement d`un complexe agro industriel.




L’éclatement du duo IBK-Tréta est en train de redessiner les lignes de démarcation de notre échiquier politique national. Surtout quand le silence de Tréta, qui n’en finit plus, participe à inquiéter plus d’un. Comment?

Voici maintenant plusieurs semaines que le gouvernement Modibo III a été rendu public au peuple malien, faisant couler beaucoup d’encre et de salive emprunts d’émotions diverses de par son caractère brusque et les identités de ceux figurant sur la liste de départ. Passé le temps d’appréhender les causes profondes de ce réaménagement ministériel, l’on se trouve confronté, actuellement à une autre anomalie de notre politique nationale: il s’agit du désormais silence prolongé de Dr Bokary Tréta, Secrétaire général du parti au pouvoir et principale victime de ce débarquement en haute mer. Et ce silence ne va pas sans conséquences en ce sens qu’il cause des bruits bien plus prononcés que de simples murmures à chaque latitude de la sphère politique malienne.

A commencer par l’URD du chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, qui, dans un communiqué, a accueilli la décision gouvernementale en reconnaissant « avec humilité que le Président de la République a fini une fois de plus par donner raison à l’opposition en limogeant des membres du gouvernement cités dans des affaires de mal gouvernance et de mauvaise gestion». Ce qui ne manque pas de nous arracher un petit sourire en coin lorsque l’on sait, y compris l’URD, que ce ne sont là ni les raisons voilées ni celles dévoilées de ce limogeage. La stratégie de l’URD est très claire ici: il s’agit de manifester son contentement voire sa délectation de constater l’éclatement de ce duo qui, naguère, avait fait barrage à sa montée vers Koulouba. Il faut être pris de cécité et même de malhonnêteté politique pour ne pas comprendre leurs sentiments quand on voit le duo IBK-Tréta se muer en duel. Ainsi, la carapace du RPM devient plus tendre à perforer.

Pour l’attendrir un peu plus afin de la traverser telle une lame dans du beurre, le parti porte-flambeau de l’opposition va jusqu’à espérer «que la justice aura les mains libres pour situer les responsabilités afin de laver l’honneur du Mali». Ce serait le summum de l’extase, le Nirvana. Que le président IBK jette Tréta dans ses geôles!? Ainsi, au sein du RPM, les doutes feraient place aux certitudes, les amitiés aux inimitiés, les méfiances aux sentences et la fraternité au fratricide. Tout irait de travers jusqu’à l’implosion du RPM. L’URD n’aurait donc qu’à enjamber les ruines et autres restes macabres pour triompher sans vraiment combattre. Tant pis pour ceux qui soutiennent bec et ongles que sans combattre, on triomphe sans gloire. Pour la gloire, on repassera un peu plus tard.

Mais que nenni! Depuis, plus aucun mouvement: c’est le calme plat. Pour cause, le silence de Tréta. L’homme ne fait aucune déclaration. A cette allure, l’apocalypse tant attendu ne verra jamais le jour. On se surprend à n’être utile qu’à prier pour que l’incendie se propage chez le voisin avec l’option de l’y aider chaque fois que l’on en aurait l’occasion.

Au niveau du RPM de IBK et Tréta, les clivages, bien qu’encore fins, ne cessent de prendre des couleurs au fur et à mesure que perdure le silence de Tréta. A Koulouba, on a du mal à s’imaginer que le Secrétaire général du parti ait plié l’échine après son éviction. Surtout que nul n’ignore son endurance au combat politique. Son silence laisse perplexe. Il dérange même. La situation est à la limite intenable, surtout lorsque l’on sait que le Président de la République n’a rien trouvé de plus à servir aux Maliens que la maxime du « Nul n’est au-dessus du Mali » pour justifier de sa décision. Rien de plus. Aucune des raisons auxquelles le peuple a été habitué quand un leader se débarrasse d’un allié de longue date devenu encombrant; tentative de déstabilisation, détournement de deniers publiques, etc.

Ce qui a pour effet, et le clan du chef de l’Etat le sait, de coller à Tréta l’image de l’homme qui a été exploité en temps de vache maigre et jeté aux orties en période d’abondance. Et cela se nomme ingratitude; l’une des tares les plus exécrées par les Maliens à tous les étages de notre société. Ainsi, le silence de Tréta contribue à renforcer son image de victime attachante – alors que celle du Président fond comme beurre au soleil – tout en évitant au premier cité de commettre l’erreur qui ferait tomber le couperet oscillant au-dessus de sa tête au moment où il ne serait plus perçu en victime.

Alors, les éprouvettes, bocaux et autres fioles dans les labos de réflexion de Koulouba sont sortis et leur contenu mixés pour trouver les stratégies miracles ou revérifier les résultats des trouvailles antérieures pour se rassurer de leur efficacité avant emploi. Déjà, l’une d’elles, et non des moindres, vient d’être actionnée par Tièman Hubert Coulibaly, Président de I’UDD et allié très proche du clan IBK, quand il se lance dans sa croisade d’unification des 67 partis de la majorité au pouvoir. Sa réussite permettrait au clan de se faire réélire sans passer par la case RPM-Tréta et ceux qui sont vus comme des empêcheurs de tourner en rond.

Le silence de Tréta cause donc bien de remue-ménages autant dans sa famille politique que chez les adversaires. Le seul à qui son silence semble profiter, pour l’instant, est Tréta lui-même. Mais cela ne saurait s’éterniser car, à la longue, il pourrait passer de silence de déception après trahison à silence coupable.

Abdoulaye KONATE
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