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Gratuité de la césarienne : Révélation sur la grosse arnaque des anesthésistes
Publié le lundi 15 fevrier 2016  |  le repere




La césarienne est-elle (vraiment) gratuite ? C’est la question que se posent beaucoup de nos compatriotes au lendemain d’une césarienne pratiquée par une épouse, une sœur ou une nièce. Pour comprendre, trouver des réponses et expliquer la gratuité de la césarienne au Mali, nous sommes allés à la rencontre d’un spécialiste, Dr Adama Dembélé, adjoint au chef du Centre de Santé de Référence de la Commune V.

En 2005, lorsque le gouvernement a annoncé la gratuité de la césarienne au Mali, ce fut un ouf de soulagement pour les époux et les familles concernés. La césarienne était une affaire de gens aisés. Du coup, les femmes enceintes dont les maris ou les parents sont les moins nantis, payaient une lourde tribu. Ce qui faisait monter inexorablement le taux de mortalité au Mali.

Pour sauver de milliers de vie, le gouvernement a pris un décret (N°05-350 du 4 Août 2005) pour rendre gratuite la césarienne. « Les frais occasionnés par la pratique d’une césarienne sont pris en charge par le budget de l’Etat dans les conditions et suivant les modalités déterminées… », dispose l’article 1er dudit décret.



Mais pour Dr Dembélé, la difficulté trouve sa source dans la décision politique par laquelle tous les acteurs n’ont pas été impliqués lors de l’élaboration du projet de décret. C’est pourquoi, les gens vont continuer à croire que la césarienne n’est pas gratuite. Parce qu’aussi, les bénéficiaires n’ont pas été sensibilisés. D’un coup, une décision politique est prise pour rendre la césarienne gratuite. « Alors que tout acte médical demande une certaine prise en charge. Au cours de cette prise en charge, il y a un certain nombre d’éléments qui engendrent des coûts aux bénéficiaires comme la référence évacuation. Qui est faite pour que la femme soit rapidement prise en charge, mais aussi faciliter le transport de la femme enceinte dans les conditions adéquates. Cette référence évacuation nécessite une ambulance qui a besoin de carburant… », précise Dr Adama Dembélé.

Et pourtant, le guide pour la mise en œuvre de la gratuité de la césarienne prend en compte la référence évacuation. Il est dit dans ce guide que du Centre de santé communautaire (Cscom) au Centre de santé de référence (CS Réf), le transport de la parturiente (femme qui accouche) est assuré par l’ASACO et les collectivités territoriales.

Du CS Réf à l’Etablissement Public hospitalier (EPH), le transport de la parturiente est de la responsabilité du conseil de gestion du Centre de santé de référence… Mais il se trouve que ces acteurs ne sont pas toujours prêts à assumer leur part de responsabilité. Même quand, ils sont de bonne foi, ce n’est pas dans des conditions qui sont favorables à la femme enceinte. Du coup, il est préférable que la famille de l’accouchée prenne en charge la référence évacuation pour sauver souvent des vies.

D’ailleurs, la prise en charge médicale de la parturiente commence dès le contact avec une structure de santé. Selon le décret sur la gratuité de la césarienne, « la prise en charge thérapeutique gratuite porte sur l’acte chirurgical et les examens préparatoires ; le kit pour l’intervention chirurgicale et le traitement post opératoire ; et l’hospitalisation. Aucune demande de paiement ne peut être exigée de la femme dont l’état nécessite la pratique d’une césarienne pour les actes cités ci-dessus ». Et tout cela coûte 60 000 FCFA par femme césarisée, s’il n’y pas de complication. « Mais, je ne sais pas par quel chemin tronqué, certains anesthésistes se débrouillent à prendre de l’argent avec les malades sous prétexte que, dans le kit césarien, il y a un produit d’anesthésie, qui n’est pas adapté à je ne sais quoi. Des mensonges ! Donc, ils profitent pour prendre 15 000 FCFA ou plus aux familles de la parturiente. C’est devenu une habitude. Et on en rencontre partout où l’on fait la césarienne… », a regretté Dr Dembélé. Parce qu’en réalité, le bénéficiaire de la césarienne ne doit rien payer, excepté l’alimentation et la lingerie, pendant les 3 jours d’observation. Pour les cas compliqués aussi, l’Etat a réparé la difficulté. Car la décision avait été prise avec un kit césarien simple seulement. Maintenant, il y a des kits césariens simples et des kits césariens compliqués.

Autres problèmes soulevés par le chef adjoint du Cs-réf de la Commune V, c’est la rupture fréquente des kits césariens, la faible participation communautaire dans le paiement des quotes-parts de la référence évacuation, le retard dans le remboursement des frais de prise en charge de la césarienne. En commune V, on cumule un retard de paiement de plus de 40 millions de FCFA avec l’Etat. Ce qui n’est pas de nature à faciliter l’accès des populations à des soins de santé adaptés. Malgré tout, le CS-Réf de la Commune V est dans la fourchette de l’OMS qui demande que le taux de césarisées parmi les femmes enceintes soit situé entre 5 et 15% par an pour contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. En 2015, le CS-Réf de la Commune V avait réalisé un taux de césarisées se situant entre 8 et 9%.

Idrissa Maïga
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