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Regain de violences au nord. : Six morts à Kidal -Trois à Tombouctou Des dizaines de blessés graves
Publié le lundi 15 fevrier 2016  |  Le Malien




Infiltration de combattants la veille, voiture piégée et des tirs de roquettes, tel fut le mode opératoire utilisé dans la ville de Kidal, vendredi matin à 6h 55. Le bilan est très lourd : au moins six (06) militaires guinéens de la MINUSMA tués sur place et une trentaine de blessés graves. Dans la région de Tombouctou, c’est un convoi de l’Armée malienne qui est tombé dans une embuscade sur la route de Goundam. L’on a dénombré trois (03) victimes et encore des blessés. Les regards se dirigent vers les jihadistes, notamment Ansar Eddine d’Yad Ag Ghali allié d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Sa revendication est tombée samedi.

La semaine dernière aura décidément été très meurtrière dans notre pays. Dans les régions du Nord, le décompte macabre ne fait que s’amplifier. Le mardi 09 février déjà, un véhicule de l’Armée malienne sauta sur une mine dans la localité de Mondoro, région de Mopti. Il y avait eu trois (03) morts et deux (02) blessés. Jeudi 11 février, un poste de contrôle situé à Hombori fut la cible d’une attaque armée faisant trois victimes dont un agent des services de douanes a été tué. Les assaillants détruisirent les installations et les engins.

ENCORE UN VENDREDI NOIR
C’est à Kidal-ville que la situation s’est sérieusement dégradée. Tôt le matin du vendredi 12 février 2016, aux environs de 6h 55mn, des tirs de roquettes ont été entendus dans la ville. C’est le camp de la mission de l’ONU dans notre pays, MINUSMA, qui était visé. Selon plusieurs sources, les assaillants auraient infiltré, la veille, Kidal-ville, avant d’être rejoints par d’autres très tôt le matin de l’attaque. Des témoins assurent avoir aperçu une voiture qui fonçait sur le camp. En fait, il s’agissait d’une voiture piégée ayant à bord un kamikaze. Histoire de pouvoir divertir les tenants du camp. Ce après quoi les tirs de roquettes suivirent. Le bilan est très lourd : six (06) militaires du Contingent guinéen ont été tués, au moins une trentaine de blessés graves.
Peu de temps après, c’est Tombouctou qui fut à son tour la cible. Sur la route de Goundam, un convoi de l’Armée malienne est tombé dans une embuscade meurtrière. Il a été dénombré trois (03) morts et deux (02) blessés graves aussi. Automatiquement, les regards se tournèrent vers les groupes jihadistes. Notamment Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghali, allié à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). La revendication est d’ailleurs tombée dès le lendemain, samedi 13 février.



DES LEÇONS A TIRER
Tous ces évènements prouvent à suffisance que beaucoup de choses restent encore à faire pour ramener la paix dans notre pays. Après avoir longtemps disserté sur l’Accord de paix dit d’Alger, des mois ont déjà passé et il y avait eu des embrassades et des poignées de mains, soi-disant fraternelles et historiques, les autorités maliennes doivent à présent regarder la réalité en face.
L’actuel Chef de l’Etat, M. Ibrahim Boubacar Kéïta, a été élu, on le sait, sur la base de promesses électorales très fortes : ” Restaurer l’honneur et la dignité ” du pays en parvenant à mettre hors d’état de nuire les groupes armés qui essaiment les parties nord. Plus de deux ans après, la situation ne fait que se dégrader. Malgré la présence de la MINUSMA avec ses milliers d’hommes et Barkhane (quelques centaines d’hommes), l’on ne finit plus de compter les morts et les blessés.
Et pourtant des voix autorisées du monde entier n’ont cessé de rappeler aux autorités de notre pays que personne en viendrait faire la paix à leur place. En termes clairs, il appartient aux Maliens de chercher et trouver les solutions à leurs problèmes.
Aujourd’hui, l’on se contente de vanter la signature de l’Accord de paix et de réconciliation nationale. Enième du genre, cet accord ne présente guère quelque chose de sérieux. En tout cas pas aux yeux de l’opinion publique. De Tamnarasset à Alger I en janvier 1991 jusqu’à nos jours, l’on retrouve pratiquement les mêmes acteurs. Ce sont eux qui semaient la terreur dans les années 94-96 à Fafa, Fanfin, Léré, Nampala, etc. En mai 2006, ce fut la repétite. Il y avait eu encore des morts à Abéïbara, Tombouctou, Aguel Hoc et autres. Moins de quelques semaines, un autre Accord est signé à Alger.
En novembre 2011, les armes crépitèrent dans les régions Nord. Le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad), revendiqua les premières attaques. La suite est connue. Un absurde putsch militaire facilita le reste. Des régions entières du pays furent abandonnées sans explications solides. Avec le temps, l’on se rendit compte que le MNLA n’était qu’un instrument de propagande d’un certain Nicolas Sarkozy (alors chef de l’Etat français) des militaires algériens, mauritaniens et burkinabè. En peu de temps, le MNLA est balayé à Gao et environs. Ansar-Eddine d’Iyad Ag Ghali et AQMI s’installèrent à Tombouctou et Kidal.
Il a fallu l’intervention militaire française pour stopper leur offensive sur le reste du pays. La communauté internationale, CEDEAO et l’ONU, aussi. Mais, cela suffit-il pour ramener la paix ? Le Mali, lui-même, ne pourrait-il pas faire quelque chose ? L’heure des beaux discours n’est-elle pas révolue ? Bref, la situation est très grave. Il est plus que temps que les autorités de notre pays mesurent la gravité de la situation. Les réformes tant annoncées au niveau des forces de défense et de sécurité tardent à se concrétiser. Jusqu’à preuve de contraire, l’opinion publique et les observateurs ne sentent ni ne voient quelque chose.
La semaine dernière, l’un de nos confrères parlait de ” détournements ” des primes des hommes sur le front. Ce qui ne semble pas être nouveau. Le ” moral ” est loin d’être la tasse de thé de ces hommes. Ceci expliquerait-il cela ? Le récent recensement des fonctionnaires, civils et militaires, aurait mis à nu certaines pratiques peu orthodoxes dans les Etats-majors. Aucune suite n’a été donnée.

COORDINATION ET RENSEIGNEMENTS AU POINT ZERO
Le discours officiel à la mode aujourd’hui est ceci : ” les forces de défense et de sécurité montent en puissance “. Mais, que l’on ne soit pas dupe. De l’attentat de la Terrasse et du Radisson Blu à Bamako aux attaques ciblées de Mopti, Kidal, Tombouctou et Gao, nul doute que beaucoup restait à faire. La facilité avec laquelle les groupes armés agissent démontre que le système de défense laissait toujours à désirer. Non seulement il n’y a pas d’anticipation mais aussi et surtout les réactions manquent de vivacité. Si notre pays ne disposait pas encore de moyens aériens adéquats, il a tout de même des hommes et des femmes formés et préparés pour des situations pareilles, leur utilisation judicieuse fait actuellement défaut.
B.KONE
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