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Avenir de la nation : La “question Kidal” Les Maliens vivraient-ils mieux «avec» ou «sans» Kidal ?
Publié le mercredi 17 fevrier 2016  |  Le Point
Kidal,
© Autre presse par Dr
Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali




La question reste tabou à ce jour, chacun préférant l’éviter au nom du «politiquement correct». Pour autant, le sujet n’est pas aussi éludé qu’on le pense, du moins dans les ‘’grins’’ et autres salons. «N’aurions-nous pas finalement la paix, si on les laissait quitter le bateau Mali ?». «Qu’est-ce que cela ferait au Mali, si Kidal n’en faisait plus partie ?». Autant de questions débattues de plus en plus par des Maliens, désespérés par l’impasse créée et entretenue par la France.
Deux positions principales se dégagent le plus souvent. Il y a ceux qui, quoique ne fondant pas beaucoup d’espoir sur le régime et l’armée à renverser la tendance, se veulent optimistes. Leur optimisme, c’est plutôt la providence qu’ils attendent pour dissiper les ténèbres d’une baguette magique : «In c’Allah, les choses se remettront en place», espèrent-ils. Mais, quand et comment ? Aucune idée, du moins rationnelle.
La deuxième position est celle des «pessimistes» ou «réalistes», c’est selon…L’argumentaire développé à ce niveau n’est pas sans pertinence. Ils remontent dans l’histoire, jusqu’aux premières rebellions qui datent de l’indépendance même du Mali ; donc, depuis la 1ère République avec Modibo Keïta, premier président du Mali indépendant. Depuis, les crises n’ont vraiment jamais cessé, chaque régime ayant sa ou ses rébellions. Et à chaque rébellion, ce sont les populations et les forces de sécurité qui en payent le plus lourd tribut.
Et à chaque fois, les rebelles et terroristes faits prisonniers sont remis en liberté. Au nom d’une prétendue paix qui n’arrive jamais. Lorsque les rebelles sont intégrés ou réintégrés dans les forces armées régulières, ce sont encore eux qui sont l’objet d’un traitement de faveur. D’anciens bergers, sans aucune éducation, ils se retrouvent colonels, du jour au lendemain, et ont donc toute latitude à narguer leurs ennemis d’hier devenus aujourd’hui leurs serviteurs.
Selon le bon vouloir des politiciens, plutôt soucieux de sauver leur régime, selon une philosophie machiavélique : «Après moi, le déluge». Cette situation d’injustice n’est sûrement pas pour rien dans la démobilisation des forces armées et de sécurité. Qui sont de plus en plus convaincues être les victimes expiatoires d’une pièce mélodramatique, sans cesse renouvelée. En somme, un éternel recommencement.
À la question : «Ne pensez-vous pas que le traitement actuel du conflit augure une paix durable ?». «Aucunement», répondent-ils sans hésiter. Car, expliquent-ils, « les rébellions au Mali n’ont jamais été un problème de développement ou d’exclusion. C’est un simple rejet de l’autre, de tout ce qui n’est pas leur fameux Azawad». Et les exemples, selon eux, sont nombreux, qui montrent que le problème, c’est le «sous-développement ou l’exclusion».
C’est pour faire «plaisir» aux Touaregs que Kidal avait été érigée en région, alors qu’elle n’avait même pas la stature d’un arrondissement. Depuis cette érection en région, la réalisation d’infrastructures a commencé et s’était même accélérée. Sur le plan de l’intégration, des médias malveillants comme RFI ont l’habitude de prendre l’exemple sur le Niger qui aurait, mieux que le Mali, intégré les Touaregs dans les rouages du pouvoir. Ils se basaient essentiellement sur la nomination d’un Premier ministre touareg.
Ignorant délibérément que le Mali est pionnier en la matière et qu’il suffit d’être Touareg au Mali pour occuper un poste de responsabilité ou pour bénéficier de n’importe quelle faveur. Même les policiers de Bamako, malgré leur cupidité, ne sont pas assez «fous» pour siffler un Touareg. Pourtant, les Touaregs ne représentent qu’une petite minorité. En d’autres termes, la majorité s’est effacée au profit d’une seule minorité.
Ensuite, explique-t-on, en parlant de développement ou plutôt de «sous-développement», il n’est pas l’exclusivité de Kidal ou des régions du Nord. Ailleurs, dans la région de Kayes, au Pays Dogon, on n’a pas été trop gâté par la nature. Les villages éclairés de Kayes, avec pompes (eau potable), ce n’est pas l’œuvre du gouvernement, mais des populations elles-mêmes, les émigrés. Imaginez aussi ces femmes Dogon qui, le seau sur la tête et après avoir parcouru parfois des kilomètres, gravissent des montagnes.
Là-bas, on n’hésite pas à «importer» de la terre avec laquelle, on recouvre les rochers pour pouvoir cultiver et trouver sa pitance, réduite souvent à la simple bouillie sur laquelle on revient incessamment. Jusqu’à ce que le stock s’épuise, à contrecœur, et elles prennent alors le chemin de la ville. Pour devenir des vendeuses de bananes. Et contribuer à la survie de leur famille.
Non, les Touaregs ne constituent en rien un cas particulier au Mali. Ce n’est pas grâce à une politique d’intégration que le Niger est parvenu-momentanément- à baisser la tension (car cela ne finira jamais peut-être), mais par la force des muselés. Ici au Mali, les autorités ont sûrement fait de «détruire» l’armée. À tel point, estime-t-on, qu’il faudra de nombreuses années pour pouvoir la remettre en état. Attendre une telle issue équivaudrait à perdre davantage de vies humaines. Et pour quels résultats attendus ?
«Non, on vivrait sans eux (Touaregs). Si c’est à cause de prétendues ressources minières qu’ils veulent leur indépendance, eh bien, qu’ils la prennent et nous laissent en paix. Sans oublier qu’à ce jour, la locomotive est ailleurs et qu’on ne se porte pas si mal que cela, sans ces fameux trésors inexploités… ». Telle est la conclusion de cette tendance «jusqu’au-boutiste».
Mais, ce n’est pas tout. Il existe une troisième voie qui serait partante pour une séparation, mais qui, au regard de tout ce qui s’est passé et se passe encore, se pose des questions. «Se contenteraient-ils seulement de Kidal ?». Un pays nommé Kidal, ayant des frontières avec un pays nommé Algérie (ami ou ennemi, on ne sait pas trop) laisserait-il le Mali tranquille ? Ne chercherait-il pas à élargir son espace vital, au détriment de ceux qui ont voulu rester dans la République ?
La question a son importance, quand on sait que ce qu’ils appellent illusoirement «Azawad» s’étend jusqu’à Djenné. Quand on sait, par ailleurs, que ce sont le terrorisme, le trafic d’armes et de drogue, le jihadisme qui font la force de ces indépendantistes, il y a de quoi être méfiant par rapport à une indépendance «totale» de Kidal. L’indépendance «partielle», ils l’ont déjà. Avec la bénédiction de la France, de la Minusma (c’est toujours la France), mais surtout avec la nôtre. La fin justifie les moyens, et c’est ce qui manque le plus.
Dans tous les cas, il importe pour tous les Maliens de réfléchir à l’éternelle «question Kidal».
La Rédaction
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