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L'Indicateur Renouveau N° 1421 du 21/1/2013

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Patrouille de sécurité à Bamako : Un policier instruit à ses éléments d’ouvrir le feu sur des citoyens
Publié le lundi 21 janvier 2013  |  L'Indicateur Renouveau




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Un officier de la police nationale n’a eu d’autre recours que d’ordonner à ses subalternes de tirer à balles réelles sur les usagers qui refusent d’obtempérer. Notre reporter a coïncidé avec la scène. Récit.

Samedi 19 janvier 2013 à 2 h du matin (c’est-à-dire dans la nuit de samedi à dimanche dernier), sur le « pont Richard » de Bamako. L’axe routier qui traverse le Badialan pour mener à Hamdallaye, passe par là. Cette route est devenue l’un des axes les plus fréquentés du fait de son trafic dense et le passage des gros porteurs du trafic international Bamako-Dakar, Bamako-Nouakchott.

Ce soir-là, nous coïncidons avec une scène d’échange verbal d’une extrême gravité. Ici, le chef de la patrouille est formel : il instruit à ses éléments d’ouvrir le feu sur tout usager qui refuserait d’obtempérer. « Ecoutez-moi bien, je dis de tirer sur celui refuse de s’arrêter J’assume l’entière responsabilité. Est-ce je me fais bien comprendre ? », questionne l’officier de police, qui n’a visiblement pas bu que de l’eau.

C’est donc dans ce contexte d’extrême tension, mais à la fois révoltante, que nous arrivons sur les lieux en provenance d’Hamdallaye ACI-2000. Nous sommes aussitôt interpellés par la patrouille mixte. Il 2 h 05. Un sergent de gendarmerie s’approche de nous, et poliment nous demande nos cartes d’identité et les pièces de l’engin. Très vite nous lui présentons ce qu’il demande, avant d’ajouter : »avec ça on ne va pas se faire tirer dessus, j’espère ? », sourit le gendarme, visiblement très gêné par l’agitation de son officier de patrouille.

« Merci Monsieur, continuer et ne prenez pas en compte ce qu’il dit », nous recommande gentiment l’agent de sécurité, comme s’il tente de reprendre cette phrase de l’autre : »Seigneur ait pitié de lui, car il ne sait pas ce qu’il dit ». Impossible donc pour nous de vérifier le nom, le grade et l’unité à laquelle l’officier appartient. Mais les déclarations sont plus que révoltantes.



Un officier d’une autre époque

Quelle est franchement la dignité d’un officier de police nationale qui instruit l’ordre d’ouvrir le feu sur des paisibles citoyens, dont le seul tort a été de refuser d’obtempérer ? La réponse ne semble préoccuper notre chef de patrouille, qui ne mesure pas certainement la lourde responsabilité de l’acte qu’il recommande de poser.

Imaginons un instant, en cette période de fragile sécurité, qu’un agent tire sur un citoyen au cœur d’un quartier dense comme Hamdallaye et Badialan ? La réaction que cela provoquera chez les populations n’est pas sans conséquence. Il est sans doute vrai que le refus d’obtempérer est un acte d’incivisme punissable, mais lorsqu’un officier de demander de tirer à balle réelle, il n’y a qu’un à franchir vers la dérive.

Le comportement de ce chef de patrouille sur le « pont Richard » ce samedi soir, relance une fois de plus le débat sur le comportement de nos agents de sécurité, notamment envers les populations civiles. Notre officier oublie certainement les émeutes qui ont ébranlé en 2009 la ville Kita, lorsqu’un agent de la garde nationale a ouvert le feu sur une Sotrama parce que le chauffeur a refusé de s’arrêter.

La mort de l’apprenti a provoqué de violentes manifestations de colère à travers la ville, avec à la clé des incendies sur des bâtiments publics, notamment le commissariat de police et le Trésor public. Quand un officier incite à tirer sur des gens, c’est qu’il n’a pas tiré les enseignements de cette année 2009 à Kita.

Issa Fakaba Sissoko

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