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Message des evêques du Mali à la communaute catholique et a tous les Maliens: l’église prone la paix et la réconciliation
Publié le vendredi 19 fevrier 2016  |  Info Matin
Rencontre
© aBamako.com par A.S
Rencontre sous régionale du renouveau charismatique catholique
Bamako, le 23 aout 2015 une rencontre sous régionale sur le renouveau charismatique catholique se teint au Mali.




«Nous saluons la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation et invitons tous les Maliens à soutenir cet Accord et le processus de mise en œuvre qui en découle. La recherche de la paix par la réconciliation est un processus irréversible et indispensable…»

Chers concitoyennes, chers concitoyens,
C’est avec une grande espérance et une grande confiance en l’Amour miséricordieux de Dieu que nous vous adressons ce message au début du carême. Que la bénédiction du Tout-Puissant descende sur nos personnes, nos familles, nos communautés et sur l’ensemble de notre cher pays, le Mali !
En vous adressant ce message, nous avons des raisons de rendre grâce à Dieu, le Maître de la Vie et de l’Histoire. Il a veillé sur notre pays jusqu’ici et nous continuons de compter sur sa grâce pour relever les nombreux défis qui se présentent à nous à l’heure actuelle, en particulier ceux de la réconciliation, de la justice et de la paix.
Cette année 2016, le Pape François a engagé l’Eglise universelle dans la célébration d’une année jubilaire extraordinaire de la Miséricorde, autour du thème « soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36). Pendant la même période, nos Pères Evêques d’Afrique nous invitent aussi à faire de l’année 2015-2016 une année spéciale de la réconciliation sur notre continent, un continent en proie à de multiples guerres et conflits fratricides. En ce temps favorable à la prière, au jeûne, au partage, au pardon et à la conversion qu’est le saint temps du carême, il nous plait d’inviter l’ensemble du peuple de Dieu et tous nos compatriotes à entendre ces appels à la Miséricorde et à la Réconciliationpour reconstruire notre pays, meurtri par quatre années de crise profonde. C’est pourquoi nous voulons attirer l’attention de tous et de chacun sur la situation actuelle du pays afin qu’au-delà de la prise de conscience et de la prière, nous œuvrions concrètement pour le changement tant souhaité et attendu par tous.

1. De l’insécurité
Chers compatriotes,
L’insécurité est devenue par la force des choses notre premier souci. Depuis janvier 2012, combien de Maliens n’ont-ils pas été touchés d’une manière ou d’une autre par cette situation ? Nous avons en mémoire les attentats subis au courant de l’année 2015 contre le restaurant la Terrasse à Bamako, contre l’hôtel Byblos à Sévaréet l’Hôtel Radisson Blu à Bamako. Au-delà de ces attentats spectaculaires au cours desquels militaires et civils ont perdu la vie, c’est la vie quotidienne de milliers de nos compatriotes qui est perturbée, empêchés qu’ils sont de cultiver leurs champs, de faire leur commerce, de voyager en toute quiétude, etc.

1.1. L’Accord pour la Paix et la Réconciliation :
Face à cette situation qui perdure et retarde le développement économique et social du Mali, nous saluons la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation et invitons tous les Maliens à soutenir cet Accord et le processus de mise en œuvre qui en découle. La recherche de la paix par la réconciliation est un processus irréversible et indispensable. Il faut espérer qu’avec la mise en œuvre sincère de cet accord reviendront la sécurité et la quiétude que nous appelons de tous nos vœux.

1.2. Appel à la non-violence :
Au nom du respect de la vie et au nom du Dieu Clément et Miséricordieux que nous adorons tous, musulmans et chrétiens, nous invitons tous les croyants au Dieu Unique ainsi que les autres à utiliser les armes de la non-violence et du dialogue. La violence ne sert aucun noble intérêt. Même le pouvoir obtenu par ce moyen est éphémère et finit dans les mêmes conditions (cf. Mt 26, 52). Le carême est un temps de conversion ; qu’il soit mis à profit pour nous aider à revenir à Dieu.

2. Du mal
de la corruption
Pourquoi cette course effrénée pour l’argent, pour les richesses matérielles ? Dans notre lettre pastorale intitulée « Eduquer à l’accueil de l’autre pour bâtir la paix » (1995), nous faisions déjà le constat suivant :« la plaie la plus grave dans le Mali d’aujourd’hui est sans doute la corruption. Qu’est devenu l’idéal du « ko ka djè » qui avait redonné tant d’espoir à nos populations laborieuses ? ». Cette plaie décriée est toujours là, mal soignée ou même non soignée. Chacun veut l’argent à tout prix et tout de suite. Dans sa lettre à Timothée, l’apôtre Paul met en garde contre l’amour de l’argent qui « est la racine de tous les maux » (1Tm 6, 10). Prenons garde à ne pas laisser l’argent et les richesses nous dicter leurs lois et à ne pas en être les esclaves. Ce danger menace aujourd’hui beaucoup d’entre nous. Il ya aujourd’hui dans notre pays comme une boulimie pour l’argent qui corrompt et pourrit tout. Certains ont le pouvoir de s’octroyer légalement de faramineux avantages et ne s’en privent pas, même au mépris des droits des pauvres ; d’autres évoquent la modicité de leur salaire devant les besoins et les devoirs auxquels ils ont à faire face pour considérer détournement et corruption comme une nécessité. C’est pourquoi nous invitons chaque Malien auchangement de mentalité car le phénomène a atteint toutes les sphères de notre société. C’est une lutte de tous les jours que chacun doit mener. Autorités politiques, administratives, religieuses, civiles, simples citoyens, nous sommes tous interpellés. Le redressement n’est possible que si nous acceptons de changer nos habitudes au plus profond de nous-mêmes. Le carême est le temps favorable à cela et la période que traverse notre pays nous y oblige, si nous ne voulons pas retomber dans une autre crise.Et certains au creux du désespoir n’hésitent pas à souhaiter encore une révolution violente ! La vérité nous rendra libres nous dit Jésus (Jn 8, 32) si nous acceptons de marcher dans la lumière. Le psaume 48 nous rappelle que les richesses sont trompeuses et peuvent nous mener à la déchéance éternelle. Que Dieu nous en garde !

3. Du problème
de l’emploi
Un des grands défis auxquels notre pays doit faire face aujourd’hui est la question de l’emploi. Le chômage, surtout des jeunes, est devenu un fléau. Nous devons mener ensemble la lutte contre ce fléau qui est devenu un terreau fertile pour les marchands d’illusions. La responsabilité première de cette situation incombe à l’Etat. Mais celle de tous ceux qui peuvent aider l’Etat est également engagée. Il s’agit de sauver la jeunesse afin que non seulement elle ne se laisse pas entrainer dans des aventures sans lendemain mais surtout qu’elle puisse contribuer activement au développement de la Nation.
La lutte contre le chômage appelle la justice. « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut », clamions-nous à une certaine époque. Depuis plusieurs années, nous assistons plutôt à une autre réalité. Les emplois sont distribués en fonction des appartenances politiques, de l’appartenance à certaines organisations, des relations sociales et autres raisons ‘subjectives’. Comment moderniser notre administration et la rendre efficace dans ces conditions ? Comment ne pas mettre sur les routes de l’océan des jeunes déçus de voir leur avenir bouché dans leur propre pays ? La réconciliation, c’est être en paix avec sa conscience. Que Dieu nous donne de nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres dans la justice !
La lutte contre le chômage passe aussi par l’auto-emploi. Nous invitons les jeunes à prendre des initiatives, à risquer « entreprendre » et affronter le monde des affaires, les petites comme les grandes.

4. L’amour de la patrie
Chers compatriotes,
L’amour de la patrie doit nous pousser aujourd’hui à lutter contre les fléaux que nous venons de citer et bien d’autres : l’insécurité, la corruption, l’injustice, le chômage. Comment pouvons-nous prétendre aimer le Mali si nous sommes acteurs ou complices de ces situations ? Comment voulons-nous sortir de la crise profonde dans laquelle est plongé le pays si nous continuons ces pratiques qui nous ont en partie plongés dans cette crise ?
En nous invitant à vivre la Miséricorde et la Réconciliation cette année, l’Eglise invite tous ses enfants et au-delà de ses fidèles, tousles croyants et les hommes de bonne volonté au changement réel. La miséricorde ne se vit pas dans les paroles mais dans les actes : le partage, le pardon, la réconciliation, l’ouverture à l’autre, le dialogue… La réconciliation aussi. Il ne s’agit pas de simples mots mais d’actes concrets qui doivent se ressentir dans la vie du croyant. Pour nous Maliens, cela exige une véritable conversion de nos mentalités et de nos habitudes ; cela consiste à revêtir l’Homme nouveau. La reconstruction du Mali nous incombe. Le Mali, c’est nous, c’est notre patrie, celle de nos pères dont nous sommes fiers de rappeler le souvenir.
Chers compatriotes,
Nous prions le Tout-Puissant de nous éclairer par rapport à Sa volonté, pas celle que nous lui prêtons souvent, mais Sa volonté à Lui le Créateur. Nous Le prions de nous donner le sens du pardon, de l’effort, du sacrifice, de l’amour de la vérité, de la justice et de la patrie. Qu’Il nous accorde lesgrâces de la conversion, de la réconciliation et de la paix pour que nous retrouvions le chemin de l’unité et de la fraternité ! Qu’Il bénisse et protège le Mali et les Maliens afin que le Mali se porte mieux ! Amen.
Bon et fructueux carême aux fidèles chrétiens !
Bonne et heureuse année 2016 à tous nos compatriotes.

LES EVEQUES DU MALI
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