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Réaction de Nicolas Normand : «Mes propos sont à la fois sortis de leur contexte et déformés dans leur interprétation»
Publié le mardi 23 fevrier 2016  |  Le challenger
Nicolas
© AFP par SEYLLOU
Nicolas Normand,




« Je souhaite apporter le rectificatif suivant aux propos que j’aurais tenus dans un forum au Maroc et qui, tels qu’ils sont cités, sont à la fois sortis de leur contexte et déformés dans leur interprétation : je pense que l’Accord de Bamako issu du processus d’Alger va évidemment permettre de renforcer la paix. Il apporte des solutions négociées à des problèmes qui étaient malheureusement traités par la violence.
Je ne peux moi aussi que féliciter les autorités du Mali et les autres parties signataires pour ce résultat.
J’exprime aussi le souhait que les parties pourront s’entendre sur sa meilleure application.
Ainsi, la question de la régionalisation telle qu’elle est prévue dans l’Accord pourra, tous l’espèrent, renforcer l’Etat du Mali, en particulier son unité et sa capacité à assurer la sécurité là où divers groupes armés représentent ou bien ont représenté un danger.»
Nicolas Normand, Ancien ambassadeur de France au Mali (2002/2006)

Notre commentaire
Nous prenons acte de ce rectificatif de Monsieur Nicolas Normand. “Le Challenger” n’a rien déformé et a pris le soin de spécifier que sa source est bien l’article de “L’Express”. Pour éviter toute polémique, nous proposons l’intégralité de l’article de “L’Express” dans lequel les propos de Normand ont été tirés.
Lors du Marrakech Security Forum, des dizaines d’experts ont exploré le paysage touffu et angoissant du terrorisme islamiste. Organisée par le Centre marocain des études stratégiques (CMES), la 7ème édition du Marrakech Security Forum a réuni les 12 et 13 février dans un hôtel de la Ville rouge une cohorte d’experts civils et militaires, invités à plancher sur “L’Afrique dans la guerre contre le djihadisme international”.
A l’instar du Forum sur la Paix et la Sécurité de Dakar, convoqué pour la deuxième fois en novembre dernier dans la capitale sénégalaise, cette conférence aura confirmé la prise de conscience que suscite un fléau dont l’ampleur, l’intensité et l’enracinement menacent, notamment dans l’aire sahélo-saharienne, l’assise du continent. Continent fragilisé par la faiblesse de ses ossatures étatiques, les failles de son potentiel humain et matériel en matière de sécurité collective, et les carences, parfois criantes, sur le front de la coopération, de la coordination et du partage de renseignement.
Si les contributions livrées au gré de neuf séances plénières, ont été – c’est un peu la loi du genre – d’une qualité inégale, si le propos s’est parfois avéré convenu ou redondant, voire incantatoire, la diversité des profils et des vécus des orateurs a permis d’éclairer diverses facettes d’un défi de nature existentiel. Ci-après, en quelques instantanés, un aperçu délibérément sélectif et subjectif des travaux orchestrés par le Pr Mohammed Benhammou, président du CMES.
L’amiral Samba Fall, patron de la Direction générale du renseignement extérieur (DGRE) du Sénégal
“Combien de forums académiques aux idées fouillées ont été tenus en terre africaine? Combien de stratégies et autres plans d’action élaborés? L’ennui, c’est que le contingent de ceux qui en lisent les conclusions reste infime ; et le nombre de ceux qui les comprennent plus faible encore. Le petit agent d’exécution, qu’il soit affecté en zone frontalière ou à la circulation, a bien d’autres préoccupations.
Face à des menaces mutantes, personne ne détient la solution et nos think tanks en perdent leur latin. Chaque pays fait de son mieux pour limiter les dégâts. Les forces de défense et de sécurité sont par exemple écartelées entre l’obligation d’accomplir leur mission et l’impératif du respect de la législation et des droits de l’Homme. Bousculés, la plupart de nos concepts sont à revoir. Que signifie un tracé frontalier s’il existe des régions où le pays concerné n’exerce pas sa souveraineté ?
Nous avons besoin d’un nouveau type de citoyen, appelé à devenir acteur de l’exigence de sécurité. Et d’un nouveau type de soldat. Voyez nos hommes déployés en République Centrafricaine sous les couleurs de la mission des Nations Unies. Quand ils patrouillent dans les rues de Bangui, ils peuvent faire face tour à tour, d’un coin de rue à l’autre, à des combattants rebelles, des manifestants, des civils blessés et des terroristes. Autre exemple, l’enfant de dix ans équipé d’une ceinture d’explosifs : faut-il le traiter en belligérant comme les autres? »
Nicolas Normand, directeur adjoint de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), ancien ambassadeur de France à Bamako, Brazzaville puis Dakar
« Il faut se garder de négliger le facteur démographique. Avec sept enfants par femme en moyenne, le Niger et le Tchad détiennent le record du monde. Le Mali est à six, le Sénégal à cinq. Autre donnée, la dualité du système éducatif. En zone rurale, l’enseignement public est mal adapté. D’où l’émergence, dans l’espace nigérien par exemple, d’un dense réseau de madrasa – écoles coraniques -, peu ou pas contrôlées. Au rayon des moyens, le budget de la Défense du Niger est de 72 millions d’euros, à comparer aux 30 milliards de la France et aux 600 milliards des Etats-Unis.
Au Mali, la MINUSMA – mission onusienne – n’a pas mandat pour lutter contre le jihadisme, tâche dévolue au dispositif français Barkhane, censé couvrir cinq pays avec 3000 hommes, ni contre le narcotrafic. L’accord de paix d’Alger [conclu au forceps en juin 2015 entre les autorités de Bamako et une nébuleuse de groupes armés touareg] va-t-il apporter la quiétude ? Je suis plutôt pessimiste. Ce pacte accorde une forme de prime à la violence, au profit des rebelles qui ont pris les armes, ce qui engendre des frustrations chez les autres. En outre, n’oublions pas que les factions jihadistes évoluent en-dehors du périmètre de cet accord. De même, il me semble illusoire de miser sur une décentralisation soutenue pour apaiser les tensions au Nord-Mali. Il s’agit d’y mettre plus d’Etat, et non moins d’Etat. »
La Somalienne Rahma Dualeh, conseillère du Programme de lutte contre l’extrémisme violent de l’Union européenne et directrice d’une ONG établie au Kenya, au sujet du déclin supposé de la milice islamiste shebab dans la Corne de l’Afrique, combattu par l’Amisom, la force de l’Union africaine
« Un recul très relatif. En dépit de pertes territoriales incontestables, le danger perdure. Pour preuve, cette attaque menée récemment à Kismayo [cité portuaire de la côte sud-est], par des miliciens islamistes vêtus d’uniforme de l’armée fédérale. Une enquête approfondie menée dans les écoles montre que les shebab continuent d’inspirer de la crainte, y compris à Mogadiscio, capitale d’où ils ont été chassés.
Autre preuve de la persistance de leur capacité de nuisance : le massacre perpétré en avril 2015 sur le campus de l’université de Garissa (est du Kenya), gage d’une volonté d’élargir le champ d’opération aux pays voisins. Ce carnage -147 morts- reflète une volonté de donner au conflit une tonalité confessionnelle : le commando a explicitement épargné les étudiants musulmans et assassiné leurs homologues chrétiens. Notons enfin que, en Somalie comme au Nigeria, la brutalité de la répression menée par l’appareil sécuritaire alimente le désir de vengeance et dope le recrutement de nouveaux adeptes. »
Noha Bakr, enseignante à l’Université américaine du Caire
« Contrairement à l’une de ces idées fausses circulant sur Daech [acronyme de l’Etat islamique], ce mouvement ne recrute pas prioritairement au sein de populations pauvres, faiblement éduquées et exclusivement arabophones. La religion apparaît comme l’instrument d’une vision politique arrêtée. Une amie tunisienne a joué le jeu de la tentative de recrutement via Internet. Ses interlocuteurs pouvaient passer avec elle entre trois et dix heures par jour. Ils l’abreuvaient de SMS et misaient à l’évidence sur son sentiment de solitude supposé.
On estime à 700 le nombre de Tunisiennes enrôlées par Daech : les femmes apparaissent moins suspectes que les hommes et excellent dans le recrutement, la collecte de fonds et bien sûr l’éducation des enfants. Le rôle qui leur est attribué n’a rien à voir avec celui dévolu aux “sœurs” par al-Qaeda. Dans les vidéos de propagande, on peut ainsi les voir poser avec un fusil d’assaut ou une ceinture de kamikaze. »
Hatem Ben Salem, directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiques et ancien ministre
« Si Daech est parvenu à recruter autant de volontaires en un si court laps de temps, c’est qu’il a su jouer du seuil de frustration chez les jeunes, ce ressentiment alimenté par l’oppression et l’injustice. En l’espèce, l’invasion puis l’occupation de l’Irak par l’armée américaine aura été plus déterminant que toutes les guerres israélo-arabes réunies.
Le vide spirituel, l’échec du système éducatif et le discrédit affectant le discours religieux étatique ont fait le reste, décuplant l’audience d’internet et des prédicateurs dissidents. La mondialisation a pour effet d’exposer cette jeunesse à tous les attraits de la prospérité sans lui accorder les moyens d’y accéder. Pour reprendre la formule d’Olivier Roy : il s’agit moins d’une radicalisation de l’islam que d’une islamisation de la radicalité. »
François Perrenoud, officier de renseignement criminel à Interpol
« Notre base de données recense 55 millions de documents de voyage perdus ou volés. Figurent dans cette base 200 000 passeports authentiques volés circulant en Irak et en Syrie. Les passeports abîmés qui, contrairement à la règle en vigueur, n’ont pas été détruits, sont très prisés par le crime organisé, les passeurs de migrants -qui peuvent offrir un forfait constitué dudit passeport, du billet d’avion ou du passage en bateau, et le cas échéant d’un soutien pratique à destination-, et bien sûr par les terroristes.
Voilà trois semaines, le gouvernement du Burkina Faso [pays meurtri par les attentats qui ont endeuillé Ouagadougou à la mi-janvier] a invité deux d’entre nous à fournir sur place un soutien logistique aux enquêteurs. Ce séjour a accouché de trois questions, sans réponse à ce stade. Peut-on établir un dispositif de renseignement plus performant? Comment ces attaques -peu coûteuses au demeurant- ont-elles été financées? De quelle manière l’argent mobilisé a-t-il été dépensé?
Seule une étroite collaboration entre les services de renseignement, la police et les autorités judiciaires permettra de résoudre ces énigmes ».
Par Vincent Hugeux, publié le 14/02/2016 à 10:04
L’Express
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