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Les crimes commis en 2015 (2e partie) : Torture dans les camps militaires de Nampala et Diabaly
Publié le mercredi 24 fevrier 2016  |  L’Indicateur Renouveau
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© aBamako.com par FS
Atelier de formation des magistrats et auxiliaires de justice sur les Violences Basées sur le Genre (VBG)
L`hôtel Salam a abrité le 23 Février 2016, la cérémonie d`ouverture de l`Atelier de formation des magistrats et auxiliaires de justice sur les Violences Basées sur le Genre (VBG).




Human Rights Watch a documenté de nombreux cas de torture dans le camp militaire de Nampala dans la région de Ségou.
Human Rights Watch a interrogé 26 détenus qui ont indiqué qu’ils avaient été victimes de tortures et d’autres mauvais traitements et avaient été témoins d’autres cas de maltraitances sévères dans les camps militaires. La plupart de ces cas se sont produits pendant le premier semestre de 2015. Un berger de 60 ans arrêté en avril a indiqué qu’il avait perdu plusieurs dents et saigné abondamment pendant son interrogatoire à Nampala :
Ils m’ont ligoté et m’ont pendu la tête en bas de 2 h à 5 h du matin. Ils ont demandé où étaient les djihadistes ; j’ai dit que je m’occupais seulement de mes animaux. Alors un militaire m’a jeté son arme au visage avec force. J’ai perdu la moitié de mes dents. Il y avait tellement de sang dans ma bouche, j’ai vomi et mes poignets saignaient à cause de la corde. J’ai été relâché par le juge en l’absence de preuves. Les militaires sont-ils là pour nous protéger ou nous terroriser ?
Maltraitance des personnes arrêtées par les forces de sécurité maliennes
Human Rights Watch a interrogé 74 hommes qui avaient été arrêtés par les forces de sécurité maliennes en 2015 pour leur soutien ou leur adhésion suspectés à des groupes islamistes dans le Centre et le Sud du Mali ; presque tous avaient été arrêtés par du personnel militaire. La vaste majorité d’entre eux était de l’ethnie peule et certains étaient Dogons.
Beaucoup ont dit qu’ils avaient été accusés de vendre du lait, de l’essence, du sucre, de l’huile alimentaire, de la viande ou des motos à un groupe armé islamiste, de fournir des renseignements ou d’avoir un proche dans un groupe islamiste.
Des groupes de défense des droits humains et des chefs de communauté locaux ont expliqué à Human Rights Watch qu’ils pensaient que les éléments de preuves pour bon nombre des détentions étaient insuffisants et parfois basés sur de faux renseignements fournis par des personnes voulant régler des comptes personnels.
Un chef de communauté peul a raconté qu'”après qu’un militaire ou un gendarme soit tué, ils [les membres des forces de sécurité] deviennent fous, ils arrêtent une dizaine de personnes ici et là qui n’ont rien à voir avec le FLM”. Un avocat a indiqué que “bon nombre de ces soi-disant islamistes sont des hommes âgés, ayant cinquante, soixante et même soixante-dix ans ; pas exactement le profil d’un jihadiste !”
Un autre avocat ayant connaissance de nombreux cas a raconté :
Beaucoup de ces dossiers ne se tiennent pas ; n’est-ce pas la définition de l’arbitraire ? Dès qu’ils sont présentés au juge, ils sont relâchés sur la base du manque de preuves. C’est une terrible humiliation pour ces hommes ; beaucoup sont attachés comme des moutons devant leur communauté, battus, privés de liberté pendant des semaines, uniquement pour être relâchés par le juge pour manque de preuves, avant de retourner chez eux malades ou avec leurs blessures dues aux mauvais traitements à soigner. Ce type de comportement incite les personnes à se tourner vers les djihadistes.
Alors que les abus ne semblaient pas être systématiques, près de la moitié des détenus interrogés ont dit qu’ils avaient fait l’objet de mauvais traitements. Dans presque tous les cas, les maltraitances ont été infligées par des militaires de l’armée pendant des interrogatoires spéciaux dans les premiers jours suivant l’arrestation, bien que les militaires maliens ne soient pas autorisés à interroger les détenus.
Les abus ont eu lieu dans des bases militaires, des camps dans la brousse et à des points de contrôle. Dans plusieurs cas, des officiers, dont un capitaine et un commandant, étaient présents pendant les maltraitances. Les cas les plus graves documentés par Human Rights Watch sont survenus pendant les six premiers mois de l’année 2015 et ont été commis par des militaires basés à Nampala et Diabaly.
Les détenus, parmi lesquels beaucoup avaient des cicatrices et présentaient des signes visibles de torture, ont décrit avoir été ligotés et parfois suspendus pendant de longues périodes ; avoir eu les poignets et les chevilles liés avec des cordes ou des fils métalliques qui entaillaient la chair ; avoir été roués de coups de poing et de coups de crosse de fusil ; frappés à coups de pied ; enfermés dans des véhicules militaires et des pièces sans ventilation plusieurs heures d’affilée ; suspendus à des arbres ; brûlés ; s’être fait uriner dessus et avoir été menacés de mort ou soumis à des simulacres d’exécution. Ils étaient aussi généralement privés de nourriture, d’eau et de soins médicaux.
Beaucoup ont rapporté que les militaires leur attachaient les mains et les pieds avec des liens en caoutchouc, en plastique ou en fil métallique, entravant fortement la circulation sanguine et, dans de nombreux cas, coupant la chair ou laissant des cicatrices durables. Beaucoup ont aussi été ligotés avec les mains et les pieds derrière le dos. Human Rights Watch a documenté cette forme abusive de contention au Mali depuis 2012.
Human Rights Watch a pu observer la main droite d’un fermier de 45 ans arrêté par des militaires à la fin du mois d’octobre dans son village, à 100 kilomètres de Bankass. Sa main était déchirée de la zone entre le pouce et l’index jusqu’au poignet en raison, selon lui d’un gonflement provoqué par le fait d’avoir été ligoté pieds et mains derrière le dos et suspendu avec une grosse pierre sur le dos de 11 h à 17 h. Pendant la nuit, il a été soumis à un simulacre d’exécution.
Dans un autre cas, un berger de 55 ans a été ligoté pieds et mains liés derrière le dos et suspendu pendant plusieurs heures avec une pierre sur le dos en avril. L’homme a raconté : “J’ai perdu toute sensibilité pendant plus de deux mois ; je ne pouvais pas aller aux toilettes, me nourrir ou tenir une tasse de thé. J’ai beaucoup saigné. J’ai toujours mal et vous pouvez voir les cicatrices par vous-même”.
Un homme de 60 ans accusé de vendre du lait aux islamistes a raconté que son bras a été cassé après qu’il ait été ligoté pieds et mains liés derrière le dos et conduit sur de mauvaises routes pendant plus de 12 heures en novembre. Les entailles aux poignets étaient clairement visibles et son bras semblait déformé.
Un docteur peul qui avait traité de nombreux détenus a expliqué : “Beaucoup de détenus que j’ai soignés avaient perdu toute sensibilité dans les bras pendant des jours, des semaines et, parfois, des mois. Un homme a eu besoin de 20 séances de physiothérapie, et beaucoup ne peuvent toujours pas travailler. Les conséquences sur leurs vies et leurs moyens de subsistance sont très graves”.
Six hommes ont indiqué avoir été soumis à des simulacres d’exécution, alors que plusieurs autres ont raconté que les militaires brandissaient des couteaux et menaçaient de leur trancher la gorge. “Ils m’ont conduit dans un camp dans la brousse et m’ont accusé d’avoir fourni des informations aux jihadistes”, a raconté un berger de 40 ans arrêté par des militaires en octobre près de la frontière avec le Burkina Faso. “Pendant l’interrogatoire, ils marchaient derrière moi et tiraient des coups de feu, près de mon oreille”. Des témoins ont indiqué qu’un autre homme, arrêté en novembre, a été arrosé d’essence avant que l’on menace d’y mettre le feu.
Source Human Rights Watch
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