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A propos de Kidal : Quand Moussa Mara fait vomir l’ancien ministre Seydou Traoré
Publié le jeudi 25 fevrier 2016  |  Le Matin
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© AFP par FABIEN OFFNER
Visite de Moussa Mara à Kidal




“Un Premier ministre se doit d’être un ‘fusible’ dans la gestion de la République, s’il ne l’assume pas et qu’il joue sa propre partition selon un agenda caché, et que, surpris en flagrant délit, il est chassé, alors il lui est demandé de se taire à jamais. Cela s’appelle la décence”. Telle est la meilleure de la réplique de l’ancien ministre de l’Agriculture sous ATT, Seydou Traoré, à Moussa Mara, ci-devant chef du gouvernement, à travers notre confrère “Le Tambour”.

Le 18 février, le patron du parti Yéléma indiquait qu’il restait “disponible pour répondre devant n’importe quelle juridiction” à propos de sa visite à Kidal le 17 mai 2014 qui s’était soldée par la perte de la souveraineté de l’Etat sur la 8e région et surtout l’assassinat de sous-préfets et préfets et d’éléments des Forces armées et de sécurité. Le ministre Seydou Traoré, dans la diatribe ci-dessous, lui demande de se taire une bonne fois pour toutes. Sera-t-il compris ou est-ce le point de départ d’une veillée d’armes avant la grande confrontation ?

Devrais-je m’excuser pour ce titre à l’endroit d’un Premier ministre de la République, ayant été moi-même ministre sous les ordres de deux Premiers ministres ?
Devrais-je m’excuser Monsieur Mara, d’avoir qualifié vos propos de démagogiques et légers, traduisant votre cécité politique, lorsque à cette haute fonction dans un Mali en proie à la guerre contre le terrorisme et fortement engagé dans des négociations pénibles avec des groupes armés, vous dites que “le but principal de notre déplacement, je le rappelle, n’avait rien à voir avec le processus politique ou les négociations, mais était, comme on l’a fait à Sikasso ou Tombouctou, de nous entretenir avec les administrateurs et les agents de l’Etat, pour nous enquérir de leur situation, apprécier les moyens dont ils ont besoin pour travailler toujours mieux au service des Kidalois qui sont des Maliens comme les autres” ?

Devrais-je m’excuser auprès de vous, Monsieur le Premier ministre, lorsque vous traiter de nullard l’ensemble des services de renseignement du pays et votre cabinet en affirmant que “personne parmi ceux qui ont eu la charge de préparer notre visite ne nous a informé de menaces armées sur notre visite (je l’ai dit plusieurs fois à l’Assemblée et sur les ondes, sans jamais être démenti)” ? Où est votre rôle de leader et vos capacités d’évaluation des risques ?

Devrais-je m’excuser auprès de vous, après que votre manque de courage ait coûté la vie aux vrais serviteurs de l’Etat malien ? Monsieur Mara, vous avez fait fi du principe que le “capitaine est le dernier à quitter le navire”. Que vous soyez parti à dos d’âne, de chameau, en Prado ou dans le blindé de la Minusma, le résultat est le même, vous avez fui et laissé à la boucherie vos protégés. Ceux-là ont eu la belle mort, comme vous le dites. Et vous Monsieur Mara, n’avez vous pas pensé ce jour-là que “mourir pour son pays, en le défendant ou en l’aidant est l’une des plus belles morts qui puissent être” ? Comment pourriez-vous continuer à jouir de la vie avec cette maxime dans votre tête?

Devrais-je m’excuser de l’indécence de vos propos à caractère politique, destinés à vous attitrer la sympathie de la France dans une circonstance aussi douloureuse en voulant dédouaner de toute responsabilité celle-ci et Serval ? Monsieur Mara, de grâce, soigner votre image autrement en France et au sein de la France-Afrique, pas en maquillant le sang des innocents tombés à cause de votre irresponsabilité, sang qui continuera à tacher votre bilan d’un rouge vermeil indélébile ! Pour un test de responsabilité, je vais personnellement demander au député Mody Ndiaye de vous inviter à vous jeter dans un puits. Je noterai avec intérêt la suite réservée à cette requête !

Monsieur Mara, ce ne sont pas les quantités d’huile, de riz et d’argent distribuées qui vont réparer l’irréparable que vous avez commis. Les excuses auraient suffit à vous faire pardonner. Les familles endeuillées ont la foi et pardonnent. Le pardon est une valeur cardinale au Mali. Le Mali meurtri vous pardonne, nul n’intentera un procès contre vous, car vous ne méritez pas cette importance. Personne ne vous offrira une tribune pour votre campagne présidentielle anticipée et effrénée. Les souvenirs des dizaines de morts et de victimes, tel l’œil de Caïn, vous hanteront jusque dans votre dernière demeure. Monsieur le Premier ministre, même si vous ne vous excusez pas, les familles endeuillées vous excuseront après un tel étalage de suffisance, de méchanceté et de manque d’humanité !
Malgré vos fanfaronnades, Monsieur le Premier ministre vous êtes en enfer, le sage a dit : “La torture d’une mauvaise conscience est l’enfer des vivants”. John Calvin Coolidge.

Devrais-je m’excusez auprès de vous Monsieur devant tant de manque de loyauté et de combat vain contre “le sababou” qui vous a fait Premier ministre ? Soyez un peu plus courageux et dites “un chat est un chat” puisque vous désormais, êtes celui qui mord la main nourricière. A qui vous vous adressez en disant “là également, ce n’est pas une bravade ou une indécence comme le dirait quelqu’un, mais simplement une attitude logique. J’ai fait mon devoir de responsable public en mission pour les populations et travaillant selon des principes républicains”. Un Premier ministre se doit d’être un “fusible” dans la gestion de la République, s’il ne l’assume pas et qu’il joue sa propre partition selon un agenda caché, et que, surpris en flagrant délit, il est chassé, alors il lui est demandé de se taire à jamais. Cela s’appelle la décence.

Devrais-je m’excuser auprès de vous Monsieur le Premier ministre ?
Oui, en définitive. Je le fais. Excusez-moi Monsieur le Premier ministre pour le respect du à la République, à la fonction de Premier ministre. Excusez-moi Monsieur le Premier ministre pour l’immense respect que je porte aux deux premiers ministres qui m’ont fait confiance et honneur en m’acceptant dans leurs équipes gouvernementales. Enfin, excusez-moi Monsieur le Premier ministre d’avoir un instant oublié les conseils du Sage : “même plus âgé que ton chef, quel que soit son caractère, tu lui dois respect et considération eu égard à son titre, ce titre, c’est Dieu qui le lui a donné et un don de Dieu mérite respect”.

Seydou Traoré

Ancien ministre
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