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Mali, Kidal ou l’art d’être « in » et « out »
Publié le samedi 27 fevrier 2016  |  Mondafrique.com
Kidal,
© Autre presse par Dr
Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali




Un accord de paix signé depuis juin 2015 que la « brigade d’acclamation », pour reprendre Serge Halimi, n’arrête pas de saluer et dont tous, ou presque, attendent la mise en œuvre. L’accord a été signé pour mettre fin à la crise mais elle est toujours là, la crise. Elle se prolonge- de façon camouflée ?- à Kidal qui concentre encore toutes les attentions. Surtout que c’est de là que tout est parti en 2012. C’est de Kidal qu’est partie la rébellion armée des ex-rebelles du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) qui a projeté le Mali au beau milieu d’une crise sécuritaire et institutionnelle. Mais, bizarrement, c’est à Kidal que tout reste bloqué, coincé. Même s’il est impossible de ne pas dire qu’on est encore loin d’une embellie dans la situation dans le Nord du pays, en général, où les tirs d’obus, les assassinats, les enlèvements sont devenus le pain quotidien des populations. L’opposition armée des terroristes est toujours là, et la dernière attaque du vendredi 04 février dernier est venue davantage montrer qu’on est loin de sortir la tête de l’eau.

« Tant que Iyad est libre d’aller et venir, cela n’en finira jamais », a été le commentaire lapidaire d’une consœur française, qui couvre l’actualité malienne, au cours d’une discussion.

Mais il y a mieux. Le fait est que depuis Alger, le gouvernement malien semble avoir le choix de parler de certaines choses, et de ne poser aucune question sur certains sujets comme les trafics de drogue dans le nord, et qu’on intègre assez rarement dans les grilles d’analyse. C’est un sujet que l’on préfère balayer d’un revers de manche, d’aucuns allant jusqu’à dire qu’il ne faut pas mélanger les choses. De cela, personne ne veut parler alors que les populations continuent de souffrir. Pourtant, le cœur du problème est moins le terrorisme que les trafics de drogues.

«Si vous donnez le choix à un jeune du septentrion qui a une djakarta de transporter soit un sac de riz pour 10000Fcfa soit un sac de drogue pour 1 000 000 F cfa, il n’hésitera pas une seconde, il choisira le sac de drogue », confiait un ancien premier ministre malien en juillet 2015 à Paris.

On comprend aisément que c’est cela le problème, et après on s’étonne qu’un camp de Tombouctou soit attaqué au nez et à la barbe de la Minusma et de Barkhane, ignorant que le plan Vigipirate n’a pu empêcher les attentats à Paris. Nous avons tous vu comment « le tout sécuritaire » a échoué dans ce pays. Fermons cette parenthèse et revenons à Kidal.

Que faire pour Kidal ? Sempiternelle question qu’on finit par laisser en plan. Il est incompréhensible que plusieurs mois après la signature de l’accord de paix entre le gouvernement malien et les ex-rebelles de la Coalition des Mouvements de l’Azawad (MNLA, HCUA, MAA etc…), on en soit encore au statu quo à Kidal. C’est-à-dire pas d’administration malienne, impossible pour un officiel d’y effectuer une visite (on se souvient de la visite au forceps de Moussa Mara qui a eu des conséquences désastreuses !). Pour faire simple, il n’y a dans cette ville rien qui indique qu’elle est malienne. Il y a eu aussi le cas très récent du ministre de l’Education nationale, Barthélemy Togo, qui y était attendu pour la rentrée scolaire dans cette région qui bouclait sa quatrième année sans école. Le dernier épisode qui est venu clouer le bec à quiconque a été le dépolissement par la CMA des bâtiments administratifs.

Mais, finalement, que veut la CMA ? Quelle est cette position, qui est de dire « OK » pour l’accord de paix mais on ne touche pas à Kidal ? Et pire, elle se met d’accord avec la Plateforme des groupes armés-le Gatia en tête- sur une déclaration concernant la gestion de la région dans laquelle il n’est question nulle part de l’Etat malien. Il serait temps que la CMA comprenne que les Maliens ont saisi depuis longtemps qu’elle joue un jeu trouble. Qu’elle comprenne qu’il est impossible d’avoir le beurre et l’argent du beurre, et arrête de louvoyer et d’être « in » et « out » avec l’accord de paix.

Boubacar Sangaré
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