Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Siaka Sangaré, président de l’AJCA : « nous sommes la cheville ouvrière des cabinets d’avocats »
Publié le mercredi 2 mars 2016  |  Delta News




Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le tout nouveau président des collaboateurs d’avoacts, communement appelés postulants, Siaka Sangaré, nous parle de son élection, du rôle des postulants dans les cabinets d’avocats, mais aussi les difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je me nomme Siaka Sangaré, titulaire d’une maîtrise en droit privé, option carrière judiciaire, obtenu à la Faculté des sciences juridiques et économiques de Bamako (FSJE) en 2006. Le 19 janvier 2006, j’ai intégré le Cabinet d’avocats associés ‘’juri-partner’’ pour un stage de deux mois, après lequel j’y suis resté jusqu’à nos jours comme juriste interne. Depuis le 20 février 2016, je suis le nouveau président de l’Association des juristes collaborateurs d’avocats du Mali.
Qui peut être postulant d’un cabinet ?
Je rappelle tout d’abord que nous avons préféré l’appellation « juriste collaborateur d’avocat » à celle de « postulant ». Alors, le juriste collaborateur d’avocat est tout malien titulaire au minimum d’une maîtrise ou d’un diplôme équivalent en droit, travaillant dans un cabinet d’avocat au Mali comme juriste interne donc un collaborateur juriste non avocat.
A quoi consiste le travail du « postulant » dans un cabinet d’avocat ?
Le travail du « juriste collaborateur d’avocat » consiste à aider l’avocat dans ses tâches quotidiennes. Je vous signale qu’il y a moins de 400 avocats au Mali et que le plus grand cabinet est composé de huit (08) avocats, si je ne m’abuse ; et nous avons plusieurs cabinets d’un ou deux Avocats au plus. Au même moment, nous avons, uniquement à Bamako, onze (11) juridictions qui tiennent des audiences pratiquement tous les jours et concomitamment ; 29 cabinets d’Instructions ; 25 unités d’enquêtes. Il est impossible pour les cabinets (avocats) de couvrir quotidiennement toutes ces juridictions. Pour y parvenir, ils font recours aux collaborateurs non avocats que nous sommes en complément d’effectif. A l’interne, nous rédigeons les projets de requête, conclusions, mémoires, plaintes, mises en demeure, lettres de compte rendu etc. Nous suivons les dossiers des clients du cabinet devant les juridictions tout au long des procédures judiciaires et administratives. Nous sommes, en un mot, la cheville ouvrière des cabinets d’avocats.
Comment s’est déroulée l’élection qui vous a conduits à la tête du nouveau bureau de l’AJCA ?
J’avais une équipe de campagne formidable que je remercie et félicite au passage. Concernant mon élection à la tête de l’AJCA, je vous informe qu’il y avait 2 candidats pour le poste de président. Cependant, au nom de l’union sacrée, seule possibilité pour nous d’atteindre nos objectifs, le second candidat a décidé de se désister à la faveur de la mise en place d’un bureau consensuel, composé des membres des deux staffs de campagne. Il est aujourd’hui le secrétaire général.
Quelle sera votre mission pour la défense des intérêts de vos camarades postulants ?
Vous savez que la profession d’avocat est une profession d’élite. Pour y accéder et surtout pour réussir dans ce milieu, il ne suffit pas d’être bon, il faut être excellent. C’est pourquoi mon mandat sera axé sur la formation des membres de l’AJCA. Le statut ou la reconnaissance à travers les textes du barreau nous protège, nous le rechercherons. Par ailleurs, tous, nous ne pouvons pas devenir avocats vu la marge de progression en terme de nombre d’avocats au Mali, il est donc important de nouer contact avec des partenaires sûrs pour la quête de l’emploi. Nous le ferons également.
Quelles sont les difficultés majeures auxquelles sont confrontés les « postulants » dans l’exercice de leur mission ?
L’inexistence juridique du collaborateur d’avocat est corolaire d’un risque maximum. D’abord, ceux avec qui nous sommes appelés à travailler tous les jours n’ont aucune obligation légale ‘’au sens de la loi prise par l’Assemblée nationale’’, à notre égard. Nous sommes toujours obligés de passer par un autre avocat pour faire passer le message du cabinet à un juge, lors des audiences. A ce sujet, je peux comprendre qu’on ne puisse pas plaider, mais je n’arrive toujours pas à comprendre que ceux qui ont une expérience avérée et la confiance de leur cabinet, ne puissent pas communiquer des écritures à la barre et faire de simples renvois de dossier (la mise en état). Ensuite, le « postulant » peut être remercié à tout moment sans droit ni indemnité. Nous avons vu des cas. Aussi, des informations reçues, nombre d’entre nous ne bénéficient pas de rémunération pour l’exercice de cette fonction.
Existe –il un texte qui régit la profession du « postulant » ? Si non, qu’allez-vous entreprendre pour obtenir un texte (statut) dans ce sens, comme c’est le cas pour les clercs d’huissier ?
Non, il n’existe pas de texte nous régissant d’où l’insécurité dont je viens de parler. Cependant, il n’y a pas de collaborateur d’avocat sans avocat. Normalement il appartient aux avocats, puisqu’il s’agit d’une couche professionnelle relevant incontestablement de leur corps, d’organiser l’exercice de la fonction de juriste interne. Nous les approcherons donc via qui de droit pour que la cause du collaborateur d’avocat soit celle du Barreau tout entier et non de son seul cabinet comme c’est le cas actuellement. Nous sommes certains de rencontrer leur adhésion car, il s’agit de lutter contre le désordre qui règne en ce moment, notamment dans les audiences devant les juridictions.
Quels sont les rapports de votre bureau avec l’Ordre des avocats du Mali ?
Nous venons d’être élus, il est donc difficile de donner une réponse satisfaisante à cette question. Mais je dirai que nous ne pouvons avoir que de bons rapports avec le conseil de l’Ordre car, il s’agit de l’organe de direction de nos chers formateurs.
L’ordre des avocats vous reconnait-il ? Si non, qu’allez-vous faire pour que cela soit ?
Dans l’ordonnancement juridique du Mali, nous ne sommes pas reconnus. Il ne peut en être autrement pour les avocats. C’est pour cette reconnaissance que nous œuvrerons en collaboration avec le Conseil de l’ordre.
Votre dernier mot à l’endroit de vos membres
L’union sacrée autour de nos objectifs est la seule route qui mène à notre réussite. Aussi que les avocats ne sont pas nos ennemis, si non ils ne nous auraient pas accueillis dans leur cabinet. Respectons les tous sans exception. Soyons ponctuels et assidus au service et recherchons l’excellence. Payons nos cotisations, cartes et participons massivement aux activités de notre mouvement. Ensemble nous pouvons avoir un statut et pourquoi ne pas assurer la relève dans nos différends cabinets pour leur pérennité. Ailleurs, il y a des cabinets centenaires. Enfin je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer dans vos colonnes.
B. Bouaré
Commentaires