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IBK face au défi de la communication
Publié le jeudi 3 mars 2016  |  Le Canard Déchaîné
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© aBamako.com par Androuicha
Visite du président IBK en 4e région: Inauguration du château d`eau de la ville de Macina.
Macina dans le cercle de Macina dans la région de Ségou, le 08 décembre 2015. Dans les activités marquant sa visite effectuée en 4è région, le président Ibrahim Boubacar KEITA a procédé à l`inauguration de l`ouvrage de fourniture d`eau potable de la ville de Macina.




Le Président IBK fait face à des opposants politiques qui ont choisi d’utiliser contre lui des armes qu’il a refusées d’employer quand il était lui-même dans l’opposition. Le défi est important car le silence et l’indifférence ne sont pas des options acceptables.

En effet, s’il est des paroles inutiles, trompeuses et malheureuses, il existe aussi des silences coupables ou tout simplement accablants. L’impératif de communiquer, la contrainte de tout expliquer en démocratie ont rendu le silence suspect. Dès lors, le malaise s’installe quand le silence dure trop longtemps.



IL Y A UN POINT DE NON-RETOUR À PARTIR DUQUEL,

SI L’ON NE PREND PAS LA PAROLE, ON DEVIENT COMPLICE



Aujourd’hui, la parole des médias a bouleversé notre vision, canalisé notre réflexion, travestissant assez souvent la réalité, usurpant l’honnêteté, allant même jusqu’à porter atteinte à la liberté de penser. De ce fait, il y a un point de non-retour à partir duquel, si l’on ne prend pas la parole, on devient complice. Il y a des outrages que l’on ne peut pas laisser passer, des fondements qu’on ne peut pas laisser profaner et par-dessus tout, une conception de l’homme que l’on ne peut pas laisser piétiner. Tout citoyen du monde sensible à l’évolution de son pays doit se sentir interpellé par des dérives langagières dont la propension pourrait représenter une menace pour la démocratie. L’esprit républicain commande qu’on respecte le peuple et ses choix, donc le Président de la république qui représente à lui seul une institution de l’Etat. Quand on a la chance d’avoir été à l’école publique, d’avoir bénéficié de la gratuité de l’instruction, de bourses scolaires au lycée et dans l’enseignement supérieur, cela impose un devoir de reconnaissance vis-à-vis du peuple qui a consenti et continue de consentir des sacrifices importants pour voir ses enfants devenir des bâtisseurs et non des prophètes de malheur.

Pour les faits, la situation socio-politique s’était tellement dégradée entre 2011 et 2012 qu’un coup d’état militaire a été possible le 22 mars 2012. De quel soutien ATT a-t-il bénéficié de ses « amis » de l’époque solidement agrippés aux mamelles de la République et des institutions internationales ? Certains parmi eux avaient même prédit avant l’heure la possibilité d’un coup d’état militaire. ATT a tout simplement été abandonné à son sort avec le secret espoir de rafler la mise après lui, mais les circonstances du coup d’état ont complètement brouillé les cartes. Sentant le danger venir, les mêmes constitueront le noyau dur du front « Tout sauf IBK », en oubliant que la voix du peuple est la voix de Dieu (vox populi vox dei). Le peuple a choisi sans équivoque le candidat perçu comme un homme honnête, sincère et loyal sur la base d’un parcours politique connu. Recueillir plus de 77% des voix au second tour d’une élection face à un adversaire présent sur la scène politique depuis plus de vingt ans et cité parmi les dauphins du président sortant n’a rien d’accidentel. C’est tout simplement la preuve d’un plébiscite pour l’élu et d’une sanction pour le battu et ce qu’il représente.



POUR AUTANT, LE RÉSULTAT OBTENU EN 2013 NE DOIT PAS

ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME UNE TENTE DRESSÉE POUR L’ÉTERNITÉ



L’air ne semble plus assez dense pour transmettre les revendications de chacun, mais on doit à la vérité de dire que les partisans d’IBK (femmes, hommes, jeunes) qui ont cru en lui et continuent pour beaucoup encore de lui faire confiance, ne comprennent pas son approche et sa gestion de la victoire de 2013. Le RPM et les partis alliés en tant qu’entités politiques d’une part, les organisations de la société civile qui l’ont soutenu d’autre part, ne sont pas aujourd’hui dans les meilleures dispositions pour constituer autour de lui le bouclier politique et social dont il a pourtant un grand besoin pour maintenir sa popularité. Pour emprunter au langage militaire, on ne peut envoyer au front des troupes démoralisées qui se feraient tout simplement tailler en pièces. Celui qui tue son chien sous prétexte qu’il est atteint de la rage risque de se faire mordre par plus enragé. Remettre le RPM et les partis alliés en ordre de bataille est un impératif majeur. Il lui appartient de trouver la bonne formule pour réussir cela, car il y va de sa propre crédibilité en tant que toujours président non démissionnaire du parti RPM.

L’opposition politique est dans son rôle et il faut saluer son dynamisme actuel, même si certaines de ses attaques mettent à mal des valeurs républicaines et sociétales. Les informations malveillantes ne se combattent pas à coup de communiqués officiels. D’où la nécessité de mettre en place une communication pérenne structurée autour des valeurs qui sont chères à IBK, afin d’éclairer la lanterne de ses partisans sevrés et plutôt abonnés aux rumeurs. A toujours vouloir prendre de la hauteur par rapport aux contingences, on perd le contact avec les réalités. Il faut briser le silence, refuser l’indifférence, partir en campagne avec les mots comme arme, opposer aux idées destructrices des idées constructives plus fortes. Tout le monde connaît tout le monde au Mali et le peuple est loin d’être dupe. La bonne communication ne réside pas dans l’esquive mais dans l’anticipation, l’art de vider les attaques de leur substance, de leur poison. Les Maliens cherchent à comprendre, face au feu nourri des attaques contre leur président, comment l’homme en qui ils ont placé leur confiance en 2013, peut se retrouver constamment dans les cordes, se laissant maltraiter par ceux qu’ils ont sanctionnés dans les urnes. En politique, il y a un temps pour réagir à chaque coup que l’on prend.

Chercher à humilier, blesser vaille que vaille un adversaire n’est pas un signe d’intelligence. Savoir user du bon ton est facteur d’apaisement et source de respect et de considération. Celui qui attaque sans en tenir compte court le risque de se faire rattraper par ses turpitudes. Il ne faut jamais perdre de vue que pour bien réfléchir il faut s’écarter du miroir.

Mahamadou Camara
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