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Processus de paix et de réconciliation : Sulimam Baldo décerne bonnes et mauvaises notes
Publié le jeudi 3 mars 2016  |  L’Essor
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse sur la situation des droits de l’homme au Mali
Bamako, le 02 mars 2016 une conférence de presse de l’Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali a eu lieu au siège de la Minusma. Photo: Suliman Baldo




L’expert indépendant du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a constaté des évolutions positives sur la situation des droits de l’homme dans notre pays depuis sa dernière visite. Néanmoins des défis importants demeurent, note-t-il dans son rapport couvrant la période du 1er mai au 29 décembre 2015

L’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Suliman Baldo, note avec satisfaction dans son récent rapport, les avancées significatives qui ont été réalisées pour que l’Accord pour la paix et la réconciliation soit mis en œuvre, ainsi que l’arrêt des combats entre les groupes armés. Il l’a confirmé, hier au cours d’un point de presse au siège de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies (Minusma) à Bamako. L’expert indépendant présentera un rapport sur la situation des droits de l’homme au Mali au Conseil des droits de l’homme le 22 mars 2016.

L’actuel rapport de 18 pages de Suliman Baldo couvre la période du 1er mai au 29 décembre 2015. Il se fonde sur les informations mises à la disposition de l’expert lors de sa cinquième visite dans notre pays du 10 au 19 octobre 2015 par le gouvernement, la Minusma, ainsi que d’autres sources, notamment les organisations de la société civile.

« Il y a une bonne dynamique dans le sens que le gouvernement et les groupes armés qui sont signataires de l’accord de paix, respectent leurs engagements envers le cessez-le-feu et continuent à être engagés dans de sérieuses négociations pour faire avancer le processus », a indiqué l’expert au terme de sa sixième visite dans le pays (21 février-2 mars).

Suliman Baldo déplore cependant des retards dans la mise en application des mesures prévues dans les accords pour renforcer la dévolution de pouvoirs aux instances régionales et locales. Ces retards semblent avoir encouragé certains groupes, ayant un intérêt dans la déstabilisation du Mali, à intensifier leurs attaques contre les forces des FAMA et de la Minusma, occasionnant en même temps des pertes considérables parmi les populations locales.

Aux attaques de ces groupes extrémistes violents, dits « djihadistes », dont les combattants sont souvent des étrangers, s’ajoutent des risques locaux grandissants de violence intercommunautaire. On note aussi des agressions contre la circulation des personnes et des biens civils et humanitaires attribués à des narcotrafiquants et autres bandits armés, souligne l’expert.

« Des sources fiables m’ont rapporté que des individus ont été agressés et volés alors qu’ils empruntaient des transports publics et des enfants ont été tués ou blessés par des engins explosifs improvisés », a-t-il indiqué. Suliman Baldo déplore que très peu d’endroits dans les zones du nord et du centre du Mali ont été sécurisés jusqu’à présent, malgré la signature de l’accord de paix depuis bientôt un an.

« Je me suis rendu à Mopti, dans le centre du Mali, et j’ai été attristé par les informations faisant état de graves violations et d’abus des droits de l’homme que subi la population du fait de jeunes gens radicalisés et armés. Ces derniers agissent contre les représentants de l’Etat, y compris les enseignants et les écoles, et contre les chefs traditionnels qui s’opposeraient à leur idéologie », a ajouté l’expert indépendant.

Dans les opérations militaires menées par les forces armées et les forces internationales pour neutraliser de tels groupes, des dérapages continuent de survenir. On a ainsi relevé que des personnes interpellées ont subi des mauvais traitements et n’ont pas eu droit à des procédures judiciaires rapides. Des détentions, au-delà des délais légaux, sont trop souvent signalées. Dans certains cas, il est rapporté que les FAMA avaient procédé à des représailles contre les populations locales suite aux attaques contre leurs forces.

UNE REPONSE ROBUSTE ET DECISIVE. « L’insécurité qui règne, en particulier dans le centre et le nord du Mali, prive les populations de la jouissance des droits de l’homme qui leurs sont chers, et entrave la reprise des services de l’Etat », a noté Suliman Baldo. « L’insécurité et l’absence ou l’insuffisance des services sociaux de base continuent à entraver le retour des réfugiés et des personnes déplacées qui veulent regagner leurs communautés dans les zones affectées par le conflit. ». Cette situation souligne la nécessité de passer à une vitesse supérieure dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. « Il est de la responsabilité primaire des signataires de cet accord de procéder à une accélération dans le processus de paix. Ceci est nécessaire pour assurer le plein respect des droits de l’homme, notamment la protection des civils et le retour de services de base et des forces de l’ordre public, particulièrement dans le centre et le nord du pays », a estimé Suliman Baldo.

« La situation sécuritaire nécessite une réponse robuste et décisive de la part du Mali, des pays de la région et de la communauté internationale », a recommandé l’expert. « Sinon, a-t-il averti, la situation des droits de l’homme ne va pas s’améliorer comme il se doit et les populations du centre et du nord vivront dans l’insécurité physique et alimentaire. ». Quant aux mesures que le gouvernement malien avait déployées pour lutter contre l’impunité pour les crimes graves commis dans le contexte de la crise depuis 2012 et jusqu’à présent, l’expert a noté avec préoccupation que de nombreux dossiers n’avancent toujours pas. Seules les affaires des bérets rouges disparus et la répression du contre-coup d’Etat, qui remontent à l’année 2012, semblent avancer. « Il ne faut absolument pas laisser un climat d’impunité s’installer », a-t-il insisté. Suliman Baldo s’est cependant félicité du fait que notre pays s’est engagé sur la voie de la justice transitionnelle avec l’établissement de la Commission Justice, Vérité et Réconciliation. Il a souligné que beaucoup de travail a été fait jusqu’ici dans le domaine de la sensibilisation et l’engagement pour la création des antennes régionales pour la CVJR.

« L’élargissement de la composition de la commission de 15 à 25 commissaires récemment décrété devra observer les normes de bonnes pratiques, y compris de transparence et de participation, dans l’identification de nouveaux candidats », a observé l’expert de l’ONU.

Au cours de sa visite, Suliman Baldo a rencontré des membres du gouvernement, des représentants de la société civile, y compris des associations de victimes, des représentants des mouvements armés signataires de l’accord de paix, ainsi que des membres du corps diplomatique et de l’ONU.

Dans ses conclusions, l’expert indépendant confirme des évolutions positives depuis sa dernière visite mais relève néanmoins que des défis importants demeurent. L’accord pour la paix et la réconciliation a été signé en mai et en juin 2015. La conclusion du pacte d’honneur et du contrat social par la CMA et la plateforme le 16 octobre semble avoir débloqué la situation en ce qui concerne la mise en oeuvre de l’accord. En plus, l’accord contient des dispositions essentielles relatives aux droits de l’homme et des avancées ont déjà été enregistrées dans la mise en oeuvre d’un mécanisme de justice transitionnelle, a résumé Suliman Baldo.

A. DIARRA

QUI EST SULIMAN BALDO ?

Le Soudanais Suliman Baldo a pris ses fonctions d’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, le 1er août 2013. Le mandat a été renouvelé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 15 avril 2014 pour une période d’un an en vue d’aider le gouvernement malien dans ses actions de promotion et de protection des droits de l’homme et dans la mise en œuvre des recommandations formulées dans les résolutions du Conseil.

Suliman Baldo a occupé des fonctions de directeur pour l’Afrique à la International centre for transitional justice basé à New York et à International Crisis Group. En 2011, il a été un des trois membres de la Commission internationale sur les violences post électorales en Côte d’Ivoire, mise sur pied par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

A. D.
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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