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Tribune : Comment la gouvernance IBK organise la faillite du Mali
Publié le lundi 7 mars 2016  |  L’aube
Rentrée
© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture




« Les hommes les plus assoiffés pour le pouvoir sont mieux placés pour le conquérir, mais moins biens faits pour l’exercer ».
IBK aurait pu rester dans les mémoires comme l’homme de la résurrection nationale. Le contexte de la crise l’y aidait, après l’effondrement de la nation suite à l’occupation du pays suite aux effets conjugués du coup d’Etat, de la jonction entre la rébellion touareg et l’infiltration des groupes djihadistes.
Mais, dans son ivresse du pouvoir il a voulu forcer le destin d’un pays qui, de son fait, ne parvient toujours pas à se remettre des conséquences du coup d’Etat. Il l’a conduit dans un cul-de-sac. En effet, le régime qui dirige le Mali depuis le coup d’Etat fomenté contre la nation et la démocratie espère survivre en ne procédant qu’à de simple ravalement de façade sous prétexte de changement. Mais en réalité c’est la failli du pays qu’elle organise méthodiquement en détruisant la vitalité de toutes les institutions nationales.
Un pouvoir sensé aurait saisi le contexte de la solidarité internationale soutenue pour transformer la manne providentielle et la compassion exprimée en prospérité durable.
Il y avait de quoi espérer la réforme de l’Etat, d’en finir avec la politique de promotion du communautarisme, de renforcer les politiques publiques en cours d’exécution en particulier dans les domaines des infrastructures routières, d’équipement et de communication, de l’agriculture, de l’emploi, de la recherche scientifique et des technologies, de la culture, de la santé avec la modernisation des hôpitaux et de la crise du logement etc.
Seulement voilà, IBK n’a pas de projet, pas de vision donc pas d’architecture adéquate comme réponse à la crise du pays, car une vision conduit toujours à une architecture capable de la matérialiser. Il n’avait que la disqualification des politiques passées dont il est par ailleurs comptable, les petites phrases confortant les électeurs dans leur ignorance du contexte national et international. Il n’est pas venu pour assumer le pouvoir, mais pour le consommer. Il ne gouverne pas, il gère son fauteuil.
L’argent du contribuable sert de magot de négoce pour un deuxième mandat hypothétique, qui compromettra à jamais l’avenir du Mali et peut-être même son existence.
Le pouvoir est sans égard pour son peuple qui se réveille chaque jour avec son lot scandale financier, moral et politique.
Comment une telle dilapidation des ressources nationales fut-elle possible en si peu de temps ? La réponse est, tout simple par l’écrasement de l’État. Le régime, a en effet rétablit comme du temps du parti unique les mécanismes archaïques du pouvoir absolu, il a de fait mis fin à toutes les institutions de concertation qu’il avait trouvées. Il n’est comptable devant personne et n’a de comptes à rendre à aucune institution nationale. C’est ainsi qu’il dilapide l’argent du peuple depuis deux ans et demi !
Au Mali, sous IBK on est vite passé du pouvoir personnel à l’immobilisme institutionnel.
C’est un fait qu’en absence de liberté et d’autonomie, les institutions publiques et sociales sont devenues des coquilles vides. Car dans un tel contexte, il n’y a pas de représentation véritablement démocratique pour limiter les dégâts. Il faut ajouter à cela la vacuité du bureau présidentiel. Cette vacuité est liée au fait que le pouvoir est incarné par des hommes et non par des institutions. Les hommes ne travaillant pas ou ne sachant pas travailler, conduit le pays au pilotage à vue, à tourner au gré du vent.
Il en est du même de la mise en cause de la séparation des pouvoirs par la gestion familiale et clanique du pays, les rôles s’interfèrent en toute évidence. L’exécutif s’empare du pouvoir législatif (transformé en boite à lettres) et du pouvoir judiciaire. Les cercles de pouvoirs occultes se créent en dehors des institutions et s’imposent à celles-ci. Les institutions sociales ne sont pas en meilleur état de leur fonctionnement.
Le seul pouvoir qu’il peine à apprivoiser semble être la presse qui pourrait en payer le prix fort au fur et à mesure qu’elle découvre les scandales.
Le danger du pouvoir familial se révèle à l’asservissement du personnel qu’il place à la tête des institutions. Par exemple le président du pouvoir législatif dépendant et inféodé à la famille ne peut être qu’un auxiliaire. Dès lors, la mission parlementaire est neutralisée.
Le pouvoir juridictionnel, vient d’ôter à la nation tout espoir de neutralité et d’efficacité à l’occasion des élections législatives partielles du cercle d’Ansongo. Il existe une véritable volonté de mise au pas du pouvoir judiciaire dans l’affaire du Procureur général Daniel Tessougué qui vaut en vérité avertissement pour tous.
De cette crise des institutions, des prédateurs en tireront fierté et puissance. Ils se diront avoir la main mise sur la Cour constitutionnelle, le ministère de l’intérieur, de l’administration territoriale, de la défense et de celui de la justice, point d’inquiétude. Ces entités constituent le palais sur lequel atterrissent avec certitude toutes les mauvaises intentions contre la démocratie et la nation.
La corruption interne des institutions conduit à organiser la faillite, économique, politique et sociale d’un Etat.
Voilà comment la gouvernance IBK organise la faillite du Mali. Peu lui importe que la démocratie se réduise à une lamentable image caricaturale.

Souleymane Koné

Ancien Ambassadeur
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