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Processus de paix et réconciliation nationale : le rôle incontournable des femmes
Publié le mardi 8 mars 2016  |  Delta News
Célébration
© aBamako.com par A S
Célébration de journée Panafricaine des femmes
Le CICB a abrité, le 31 Juillet 2015, la cérémonie de célébration de la journée panafricaine des femmes




Avec la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger, le Mali est engagé dans un processus de décentralisation poussé qui va permettre la mise en place des collectivités territoriales décentralisées en vue d’accélérer le développement local et régional durable, facteur de paix et de cohésion sociale. En effet, ce processus se caractérisera par une forte participation de tous les citoyens; notamment des femmes qui sont pratiquement absentes de la vie publique et politique.
Le comité des Nations unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, après avoir évalué en 2006 le rapport du Mali en ce qui concerne la mise en œuvre de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef), a mentionné que des efforts devraient être faits davantage pour la protection des droits des femmes et favoriser leur participation au processus de développement du pays. Pour ce faire, il faut des actions concrètes visant à accroître, de manière significative, le nombre de femmes dans les instances de décisions électives et nominatives. Et la loi sur le genre constitue une étape importante et une avancée remarquable dans ce sens.
La résolution 1325 des Nations unies
Justement, c’est conscient de ces enjeux que le gouvernement a adopté en 2010 la politique nationale genre dont l’orientation n°4 vise la «mise à contribution des potentialités des femmes et des hommes dans le développement du pays par leur participation égale aux sphères de décisions». Les axes d’intervention identifiés préconisent d’une part la promotion de l’équilibre de représentation des femmes et des hommes dans les instances de prise de décisions, dans les postes électifs et administratifs au niveau national, ainsi que la représentation du Mali au niveau sous-régional, régional et international et, d’autre part, la promotion de la participation citoyenne des femmes et des hommes dans les décisions reliées au développement local.
La résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations unies d’octobre 2000 exige la pleine participation des femmes à toutes les phases du processus de paix.
Cette résolution visait à accroître la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paix. Elle appelait les États à prendre les mesures nécessaires à la protection des femmes avant, pendant et après les conflits. Enfin, elle réaffirmait le respect des droits fondamentaux des femmes et des filles, et la participation des femmes sur un pied d’égalité́ à l’ensemble à des processus décisionnels.
Si sur le plan international, la mobilisation permet de faire avancer la cause des femmes et des filles, il en est de même au Mali. C’est pourquoi dira Koen Davidse, l’adjoint au patron de la Minusma, « des avancées notables ont été enregistrés, conformément d’ailleurs à l’Accord de paix. A ce titre, je souhaite vivement féliciter Mme la ministre de la Promotion de la Femme, l’Enfant et la Famille, dont la conviction et la détermination l’ont conduite à mener à bien deux chantiers importants : d’une part, la promulgation de la Loi instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives ; d’autre part, le lancement le 14 janvier 2016 du plan d’actions national du Mali 2015-2017 pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du conseil de sécurité. Soyez assurée Mme la ministre que les Nations unies se tiennent à vos côtés pour vous soutenir dans la mise en œuvre de ces chantiers. ». Il a aussi souhaité que la représentativité des femmes soit améliorée dans les instances et les mécanismes de l’Accord.
« Car, pour lui, force est de constater que beaucoup reste encore à faire en faveur des femmes et des filles. Il est indispensable d’améliorer l’accès à l’éducation, à l’emploi, aux crédits, aux fonciers et de combattre les violences et les pratiques néfastes. Ce sont autant de facteurs qui constituent des obstacles et des freins à la compétitivité et à la créativité du Mali. On ne peut exclure la moitié du capital intellectuel humain, surtout à un moment aussi critique que celui de la mise en œuvre de l’Accord. Les femmes représentent des agents de premier plan dans l’édification de la paix », a indiqué M. Davidse.
Me Diakité Saran Keïta, la présidente du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace Cédéao Repsfeco/Mali a rappelé récemment lors d’un atelier que le Mali a vécu en 2012 la pire période de son existence avec la crise politico-sécuritaire multiforme et multidimensionnelle suite à l’occupation du Nord.
Les vérités de Me Saran Kéita
Cette crise fut exacerbée par des violences basées sur le genre traduisant ainsi l’hégémonie des pires formes de violations des droits humains caractérisées par des viols, l’esclavage sexuel, les lapidations, l’enrôlement d’enfants soldats, la circulation des armes légères et de petits calibres et engins explosifs ou autres faits corroborant avec l’impunité et l’inobservance de la résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations unies.
Depuis, avec l’appui de l’ensemble de la communauté internationale, le Mali et les autres parties prenantes ont signé après des négociations à Alger, l’Accord pour la paix et la réconciliation dont la résolution 1325 constitue un pilier essentiel.
« La matérialisation de la paix requiert la pleine participation des femmes et des jeunes à travers des mécanismes appropriés dont un des maillons du parchemin est la résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations unies du 31 octobre 2000. C’est à juste titre que le Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace Cédéao/Mali à l’instar d’autres organisations sous-régionales vivant dans un contexte similaire, a œuvré et continue d’œuvrer pour l’application de la Résolution 1325 en harmonie avec la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger », a rappelé Me Saran Kéita.
Cet exercice, selon elle, a nécessité des journées portes ouvertes ayant regroupé des femmes et des jeunes de divers horizons du Mali pour plancher sur la thématique à travers non seulement des ateliers auréolés de débats, d’échanges sur les vécus quotidiens mais aussi des sondages sur les espaces universitaires afin d’évaluer tant la perception des uns que le niveau de connaissance des autres de la résolution 1325.
A en croire Me Saran Keïta, l’hypothèse la plus partagée est que la gestion post-conflit de la crise malienne reste avant tout une priorité de développement. Cependant elle ne saurait se concrétiser et répondre aux principes universels de paix, de dialogue, de cohésion sociale sans l’observance de la résolution 1325, cadre tout indiqué en la matière et dont le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille vient de concrétiser par la conception récente du plan stratégique 2015-2017 assorti du plan d’action 2016.
La gestion post conflit du Mali ne saurait donc être une hégémonie sexo-spécifique, mais une affaire de tous et de toutes, au regard de la composition des différents mécanismes mis en place pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
En la matière, la démarche du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace Cédéao/Mali repose sur la philosophie suivante : faire de la paix l’air à respirer, la réconciliation le vestimentaire quotidien, l’humilité, l’éthique et la morale, la sève nourricière de la cohésion sociale, et la résolution 1325 le fondement de nos actions, a rappelé Me Saran Kéita.
Le 4 février dernier, a eu lieu la table-ronde sur la mobilisation des ressources financières pour que le thème femme, paix et sécurité soit traduit dans la réalité.

La résolution 1325 est la première à souligner l’importance qui doit être accordée aux femmes dans le travail de maintien de la paix et de la sécurité internationale. En effet, les femmes jouent un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits, les pourparlers de paix et le redressement économique. Il existe donc un lien fort entre la résolution 1325 et les dispositions contenues dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Ce qui a fait dire à Mme Sanogo Niania Sène, membre du Network for Young Women’s Emergence que « les jeunes et les femmes doivent s’approprier la résolution 1325 en vue de se mettre dans le bateau de la paix ».
Le gouvernement du Mali a fait sienne la résolution 1325 et mené des réalisations en lien avec son contenu, dont le soutien à la participation des femmes au processus de paix. Notre pays a fait de la résolution 1325 un instrument de référence pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Des efforts ont été consentis pour assurer la protection et l’assistance aux femmes réfugiées et déplacées intérieures pour leur relèvement économique. Il reste cependant à combler les lacunes en matière d’autonomisation des femmes et de leur participation à vie politique.
Pour permettre aux femmes de jouer pleinement leur rôle dans les processus de reconstruction, la résolution 1325 a conféré des devoirs à l’ONU, aux Etats membres et à tous les acteurs de conflits. La journée ‘’portes ouvertes’’ sur la résolution 1325 fut un cadre propice pour les citoyens en général et les femmes en particulier, de rappeler que chacun remplisse sa partition. L’inclusion des femmes et des jeunes dans le processus de paix et de démocratie est dès lors une nécessité.
C’est pourquoi Me Saran Keita, présidente du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace Cédéao, a demandé aux partenaires de continuer à appuyer les initiatives des femmes maliennes dans leurs efforts de promotion et de protection des droits afin qu’elles constituent, comme il se doit, les piliers de la paix et du développement.
« Notre pays amorce une phase importante de ses efforts pour la restauration d’une paix durable avec le paraphe du document de l’accord d’Alger par le gouvernement et une partie des groupes armés. A l’analyse de l’esprit des résolutions du conseil de sécurité relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité, les femmes du Mali sont face à leurs responsabilités pour gagner le défit d’une paix durable. Elles doivent jouer un rôle actif dans le processus, car, ayant le plus souffert de la situation de conflit », soulignait en mars 2015 la directrice de l’ONG Aprofem, Awa Traoré.
Les priorités identifiées
« Au Mali, les femmes sont les plus touchées par la pauvreté et la situation de conflit les a exposées à toutes formes de violences basées sur le genre. La prise en compte de leur préoccupation dans le processus de reconstruction en cours et des actions humanitaires constituent une des préoccupations de la direction nationale de la promotion de la femme. Cette initiative est une contribution de l’ONG à la construction de la paix au Mali », expliquait Moussokoro Soulaké de la direction nationale de la promotion de la femme en mars 2015.
Dans la résolution de la crise, les priorités identifiées par les femmes sont les suivantes : la sécurisation du pays ; une grande campagne de sensibilisation sur la cohésion sociale et le vivre ensemble ; l’autonomisation des femmes et des jeunes ; le renforcement des capacités des femmes dans tous les domaines ; la forte implication des femmes dans le comité de suivi et dans toutes les actions du DDR ; la mise en place de la commission vérité, justice et réconciliation sur toute l’étendue du territoire (régions, cercles, communes, village et hameaux) avec au moins 50% des femmes et des jeunes comme membre ; la prise en compte des mouvements de résistance des femmes et des jeunes qui ont défendu leurs localités contre l’occupation dans les actions de réinsertion ; la création de cadre de dialogue ; la construction, la réhabilitation et l’équipement des services sociaux de base (santé, éducation, centre de formation des femmes et filles…) ; l’allocation de 30% du pourcentage des revenus issus de l’exploitation rétrocédée par l’Etat aux collectivités territoriales aux femmes sur les ressources naturelles, notamment les ressources minières
Comme on peut le constater, l'implication et la participation des femmes à tout processus de développement est une exigence démocratique et un plébiscite des pouvoirs publics.
A. V. S. D.
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