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Violences faites aux femmes : « 6 femmes ont perdu la vie à cause des violences conjugales en 2015, et 3 à Bamako dans ce premier trimestre 2016 »
Publié le mardi 8 mars 2016  |  Delta News




Dans le cadre de la célébration du 8 mars 2016, nous avons eu une interview avec l’épouse du juge Yaya Karembé, Mme Aïssata Kane Diallo, au siège de son ONG, dénommée ‘’Femmes Battues’’. Une ONG qui secourt les femmes victimes de violences.
Madame, présentez-vous à nos lecteurs ?
Je suis Mme Aissata Kane Diallo, coordinatrice générale de l’ONG ‘’association femmes battues’’, militante active pour la promotion de la femme et de l’enfant au Mali.
Comment est venue l’idée de la création de ‘’l’ONG femmes battues’’ ?
L’idée de créer cette organisation est parti d’un constat amer (violences physiques, économiques, menaces multiformes etc.). Déjà en 2006, lorsque monsieur Yaya Karembé (président d’honneur de l’association), officiait comme juge d’instruction au niveau du Tribunal de grande instance de la Commune III, était sollicité par de nombreuses femmes soit au bureau ou à domicile souvent à des heures tardives pour leurs déboires, les abus et autres actes préjudiciables à leur épanouissement socio-économique dont elles sont victimes. De ce constat est née l’idée de mener une étude en 2006, 2007, 2008 pour mesurer l’étendue des préjudices dont les femmes sont victimes. Cette étude menée au niveau des tribunaux de première instance de Bamako, des commissariats de police. Les résultats de ces études nous ont permis de cerner l’étendue de problèmes auxquels les femmes font face. Ainsi en avril 2010, nous avons décidé suite à une Assemblée générale de créer l’Association femmes battues et en 2013, nous avons signé un accord-cadre avec le gouvernement de la République du Mali.
Quelles sont les missions que votre ONG s’est assignées ?
Les missions de l’ONG sont nombreuses, elles portent sur toutes activités entrant dans le cadre de la promotion de la femme au Mali et de l’Afrique en général. Ces missions sont essentiellement : - accueillir les femmes battues (célibataires, mariées, veuves…) ; les écouter afin d’organiser leur prise en charge (médicale, psychique, psychologique, socio-économique, juridique et judiciaire…) ; sensibiliser, éduquer et conseiller les couples sur les conséquences des violences sur les ménages, les familles, les enfants, la société… Promouvoir la prise en charge effective des femmes sur le plan économique et financier par la création d’activités génératrices de revenus ; favoriser une prise de conscience chez les femmes battues sur leurs droits au Mali et dans le monde ; mobiliser enfin, les ressources en vue du financement de projets durables dans le cadre de la réalisation desdits objectifs.
De sa création à nos jours, combien d’affaires ont été gérées (prise en charge) par votre structure ?
A ce jour, l’ONG a géré plus de 4000 dossiers. Etant donné les domaines d’interventions diversifiées, ce chiffre traite des procédures judiciaires (710), des prises en charge sanitaires, des créations d’activités génératrices de revenus etc.
Comment se fait le traitement des dossiers ou des cas de violences constatées par l’ONG ?
Les dossiers sont reçus et traités par coordination. L’organisation de l’ONG comporte 12 coordinations toutes qualifiées pour des domaines spécifiques. Ainsi, le mécanisme de prise en charge et de traitement varie selon les coordinations en fonction de leurs procédures. A la réception d’une demande d’assistance (verbale ou écrite), le dossier est imputé à la coordination compétente qui prend les mesures nécessaires. S’il s’agît par exemple d’une procédure judiciaire, le coordinateur réunit tous les éléments indispensables (preuves légales, audition de la victime et du présumé auteur) pour l’ouverture d’une procédure puis il transmet le dossier constitué à un avocat partenaire. En général la première étape de toutes procédures est la conciliation sauf en matières criminelles (viols, meurtres etc.).
L’assistance de l’ONG est–elle rémunérée (payante), si oui combien, si non pourquoi ?
L’ONG est à but non lucrative, elle est purement humanitaire. Cependant pour bénéficier de sa prestation, il suffit de prendre une carte de membre à 500 FCFA par an. Cette carte fait bénéficier à l’adhérente toutes les prestations de l’organisation citées plus haut parmi nos missions.
L’ONG agit–elle en amont ou en aval de la violence ?
Oui, nous organisations en amont à travers des activités de sensibilisation de masse, des plaidoyers, des campagnes de proximité, l’utilisation des médias, des réseaux sociaux etc.
Est-elle dotée d’une structure (dispensaire) pour la prise en charge médicale des cas de violences spontanées ?
Oui, nous avons une unité de soins capable de dispenser les premiers soins et faire face aux petites chirurgies. Et à ma connaissance, notre organisation est la seule à avoir une telle infrastructure.
Comment fonctionne l’ONG, sur fonds propre ou grâce à l’aide des partenaires ?
L’organisation fonctionne sur fonds propre ainsi que les subventions accordées par certains partenaires comme la Fondation Osiwa et la Minusma et des donateurs particuliers maliens et même certaines structures de l’Etat en l’occurrence la Pharmacie populaire du Mali.
De façon générale, quel est le constat que l’ONG dégage sur le degré de violences faites aux femmes dans la commune où elle réside ?
Le constat actuel est amer. Courant 2015, 6 femmes ont perdu la vie à cause des violences conjugales. Courant ce premier trimestre (2016), Bamako enregistre déjà trois (03) victimes, sans compter les autres cas et formes de violences. Donc vous conviendrez que le constat est triste et amer.
Que représente la fête du 8 mars pour votre ONG ?
Le 8 mars représente pour nous un moment d’émotion, plus que l’aspect festif, il traduit tout le chemin parcouru pour l’épanouissement de la femme en général. Cette lutte qui a commencé dans cet atelier de fabrique aux Etats-Unis et qui perdure. Cet idéal d’amélioration des conditions socio-économiques de la femme. Cette date nous fait revivre le martyre des femmes de quelques lieux, conditions, situation ou statut qu’elles soient notamment les femmes des milieux ruraux.
Votre dernier mot aux femmes du Mali ?
A tous les femmes, je dis redoublons davantage de courage et d’effort. Gnéléni a eu une notoriété et une respectabilité grâce à son courage, son sens du travail bien fait, je demande à toutes les femmes d’être comme Gnéléni pour notre épanouissement. A toutes, je souhaite une excellente fête dans un monde de paix et un Mali sécurisé !
Propos recueillis par B. Bouaré
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