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Le Mali menacé de mort par un Ennemi pluricéphale
Publié le mercredi 23 janvier 2013  |  Le Reporter


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© Autre presse par DR
Des rebelles Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) en 2012


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L’ennemi a plusieurs têtes, plusieurs visages et peut-être le même cœur. L’un est fort en coups de canon réels, l’autre est paré de sa superbe médiatico-diplomatique. Entre Ançardine avec sa proximité algéro-qatarie et le MNLA avec ses entregents franco-burkinabés, le travail se partage pour, peut-être, le même objectif : affaiblir sinon diviser le Mali en deux entités étatiques. Dans cette stratégie à visée longue, attention, l’autonomie peut être un bon départ pour eux mais une menace mortelle pour le Mali.

Le Mali fait face à une nébuleuse qui sait se recycler et se régénérer. Multicéphale, l’ennemi sait se mouvoir, se muer et rééditer, sous nos tropiques, le viscéral Art du caméléon. Cinquante années que dure l’imbroglio, sinon plus, car en 1958, deux ans avant «l’indépendance», le MPA (mouvement populaire de l’Azawad) revendiquait déjà un Etat touareg. Latence revendicative dont l’écume se fit prégnante en 1963. Réponse ferme et tragique de la première République qui partageait avec tous les nouveaux Etats africains la chape de plomb unitaire dont Max Weber était l’inspirateur lointain. En effet, l’éminent sociologue faisait du monopole de la violence légitime un des instruments définitionnels de tout Etat qui, pour être, doit pouvoir être le gardien respecté de sa totalité territoriale, avec son pouvoir reconnu par l’ensemble de la population.

Le Mali de Modibo Keita, la Guinée de Sékou Touré, la Côte d’Ivoire d’Houphouët et presque tous les pays africains, comme la France de De Gaule, étaient jacobins, c’est-à-dire bâtis sur le modèle de l’Etat unitaire. Pour aller ensemble, il faut faire Nation. Or, la nation, sans effacer la spécificité communautaire, l’intègre dans une synthèse pour rendre possible le vivre-ensemble renanien. Notre problème septentrional aura fait des victimes depuis des décennies au point de donner corps à l’idée de génocide en des milieux français bien avant aujourd’hui quand chez le cercle touareg acquis à l’idée indépendantiste les fils doivent venger les pères tués sur le chemin long de la quête d’un Etat devant naître des phalanges du Mali.

Or, il est connu que tous les Etats au monde font de l’équation sécessionniste un enjeu stratégique majeur devant rencontrer une redoutable fermeté. Et c’est l’un des non-dits de la crise malienne qu’une minorité entend confisquer un territoire (Azawad) sur lequel elle n’est qu’une composante et dont la majorité (les autres populations du Nord) reste résolument attachée au Mali indivisible. Faut-il aussi souligner la fracture entre Touaregs, une grande partie récusant la dynamique de l’érection d’un Etat, en réalité, consanguin, bien que la stratégie discursive du MNLA insiste sur le fait que des nordistes noirs partageraient leur combat. L’arbre peut-il cacher la forêt ? L’on sait que dans une dynamique belligène longue, les nouveaux morts servent à nourrir, plus que le ressentiment, l’esprit de la vendetta et l’infrastructure de la victimologie.

Ançardine et le MNLA procèdent en réalité d’une même menace mortelle contre le Mali. Le soldat Ançardine a le cœur dur à la tâche, le métier armé éprouvé jusqu’à oser tenter d’entrer à Bamako, riche de ses alliés étrangers. Le soldat MNLA, faible militairement, a ses canons médiatiques et ses bombes diplomatiques. Il reviendra bientôt sur la scène, insistera auprès de la France afin qu’après le feu, les cendres fumantes, l’idée d’une solution politique négociée soit remise au goût du jour. Et c’est là que la lune de miel du Président Hollande avec les Maliens qui l’ont adoubé, pourra tourner au désamour. La France lâche rarement ses alliés. Et si elle est prompte à bombarder Ançardine et autres pour des raisons à la fois stratégiques et sécuritaires, elle saura, sans les mots clairs et visibles d’Alain Juppé, proches du MNLA en son temps, défendre la même idée sans trop la vociférer.

En attendant d’affronter demain diplomatiquement le MNLA, poursuivons la traque de la nébuleuse djihadistes pour laquelle le Coran, soumis à une herméneutique moyenâgeuse, peut servir à mobiliser les esprits philistins et cacher d’autres enjeux dont l’économie souterraine est une composante évidente. La mue géostratégique du grand Sahel dont l’épicentre se trouve aujourd’hui au Mali, n’a sans doute pas fini de révéler tous ses secrets.

Yaya TRAORE

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