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Le Combat N° 539 du 23/1/2013

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Un monument à la gloire de Hollande ? Une liberté de ton ou un talent caché de nos députés
Publié le jeudi 24 janvier 2013  |  Le Combat


François
© AFP par DR
François Hollande, président francais


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Ces derniers temps, l’Assemblée nationale est perçue comme un philtre d’enchantement. Ceux qui assistaient à leurs travaux l’autre jour ont dû lever les yeux encore plus haut les yeux pour pouvoir capter les paroles des plus grands, c’est-à-dire les représentants du peuple. Ce qu’ils ont dit ce jour-là ajoute foi et créance à l’action de la séance. Il y suffit ! Non, certains pensent à ériger un monument en l’honneur du Président Hollande.

Les députés maliens tiennent à donner une longue mémoire à l’action du Président Hollande car le Président français a été un accélérateur dans l’histoire de la défense de notre République. Nous atteignons une nouvelle dimension politico-diplomatique avec le « soutien renouvelé et accru » d’un pays ami qui était encore en reste dans cette aventure contre les djihadistes. Une mise à disposition d’un responsable français à ce niveau élevé qui a changé la politique de la France vis-à-vis du Mali, comme l’aurait dit le député Sandy Haïdara de Tombouctou, est donc affaire de changement d’homme. Non seulement François Hollande n’est pas resté en marge de cette histoire, mais il ne s’est pas montré en douteux rempart. L’honorable Lancéni B. Kéita ne se trompe pas de main en disant que c’est dans la douleur que l’arme trouve la révélation de sa force. Parce qu’on l’a échappé belle, et n’eût été ce déclenchement des feux du ciel de l’aviation française à Konna, il est difficile aujourd’hui d’ajuster l’applaudimètre des populations car il s’agit d’une opération dont le périmètre peut changer tous les jours. Hollande est donc venu aider un Etat tout prêt de s’effondrer. Voilà les faits. Était-ce un besoin irraisonné d’émotions fortes de la part de nos députés à vouloir lui ériger un monument ?

Une statue est un outil politique de domination

Au moment où commence ici sur cette terre de latérite rouge une autre histoire des hommes avec cette guerre qui nous est tombée dessus de l’extérieur (nous pensons à la Libye), on tient à honorer le premier des français place Bagadadji. Les Maliens, dans la grande majorité, lui ont fait le premier accueil en ces moments où l’espoir renaît. Que fait-on de la gloire héritée de la France qu’on veut placer aujourd’hui après ( ?) celle acquise par Hollande lors de son intervention ? Les députés doivent se discipliner à tenir un langage modéré car c’est l’Assemblée nationale qui distingue. Le protocole, lui, exige des égards réciproques sans tenir compte du rapport des forces. Le respect de la dignité et de l’indépendance aux Nations faibles, ce n’est pas peu de choses, dirons-nous. Si l’on veut dresser un monument à Hollande, la tradition voudrait qu’on accueille le Président Dioncounda Traoré ou un autre Chef d’Etat à Orly, le lundi à 16 h. L’invité de la France recevra la Grande croix de la Légion d’honneur, sans plus. Il nous faudra donc asseoir nos innovations sur les piliers de l’héritage. Anatole France nous rappelle, dans les opinions de M. Jérôme Coignard, qu’il fallait que les hommes soient légers et vains pour mettre les ruines de la guerre à un prix plus élevé que les arts de la paix. Pour sauver le Mali, le Président Hollande est ici d’une délicatesse car lui-même dira qu’il n’a rien à gagner dans cette guerre. Lui ériger une statue ou autre serait comme une borne qui marque l’entrée d’une vie sans terme, selon Châteaubriand. Nous invitons les lecteurs à relire ces propos de Mirabeau qui fut plus rebelle que révolutionnaire : « Malheur, malheur aux peuples reconnaissants ! Ils cèdent tous leurs droits à qui leur en fait recouvrer un seul ! Ils se forgent des fers. Ils corrompent par une excessive confiance jusqu’au grand homme qu’ils eussent honoré par leur ingratitude ». Ne faut-il pas craindre en toutes circonstances le spectre de l’encensoir ? Nous sommes un peuple, pas encore suffisamment vieilli peut-être dans les affaires de ce monde, mais un peuple encore respectueux de son passé pour avoir confiance en l’avenir.

S. Koné


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