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Yvan Guichaoua : « Avec Barkhane, on fabrique des quasi-protectorats » au Sahel
Publié le jeudi 17 mars 2016  |  Jeune Afrique
Yvan
© Autre presse par DR
Yvan Guichaoua




Quel bilan pour l'intervention française au Mali ? Yvan Guichaoua Maître de conférences, spécialiste du Sahel, répond aux questions de Jeune Afrique.

Spécialiste du Sahel et des questions de sécurité, Yvan Guichaoua, 42 ans, est chercheur et maître de conférences à la Brussels School of International Studies, rattachée à l’université du Kent (Royaume-Uni). Diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, il est également passé par Yale et Oxford. Il publie régulièrement dans la presse française et internationale.

Jeune Afrique : Dans une tribune publiée en décembre*, vous remettez en cause l’efficacité de l’opération Barkhane. Pourquoi ?

Yvan Guichaoua : Parce que la situation politique qui a provoqué le déploiement de l’opération Serval, devenue Barkhane, n’a pas évolué. Un des objectifs était de réduire durablement la menace jihadiste. Les attentats de Bamako en novembre et de Ouagadougou en janvier ont démontré qu’il n’a pas été atteint. On constate également une extension de la menace vers le centre et le sud du Mali, ainsi que dans les pays voisins. Ce qui ne signifie pas que Barkhane n’a pas connu quelques succès…

Lesquels ?

À court terme, l’intervention française a restauré l’intégrité territoriale du Mali – c’était l’objectif de Serval – et a temporairement réduit la menace jihadiste, permettant aux acteurs légitimes de discuter et de signer un accord de paix. En outre, elle a participé à la relative stabilité des voisins, notamment le Niger, un pays très exposé qui n’a pas connu d’incursion majeure depuis les attaques d’Agadez et d’Arlit, en mai 2013.

Une métaphore résume bien la situation : il s’agit de « tondre la pelouse ». On sait qu’elle va repousser, mais on gagne du temps
La stratégie visant à éliminer un à un les chefs des groupes jihadistes est-elle efficace ?

On voit bien qu’ils sont remplacés. Même les militaires français le disent. La France n’a pas les moyens logistiques de contrôler l’ennemi partout où il se trouve. Une métaphore résume bien la situation, elle est employée par les militaires eux-mêmes : il s’agit de « tondre la pelouse ». On sait qu’elle va repousser, mais on gagne du temps.

Dans quel but ? Y a-t-il un plan à plus long terme ?

On peut en effet continuer indéfiniment sur cette voie. D’un point de vue géopolitique, la France y gagne peut-être une forme de prestige international. Mais il faut espérer que l’objectif est de mettre fin à Barkhane, et que la prochaine étape visera à soutenir des régimes plus démocratiques, qui répondent aux besoins des populations. Or, sur ce point, on ne voit pas grand-chose. C’est d’autant plus inquiétant que cette présence militaire va finir par poser un problème. Elle sera de plus en plus perçue comme une force d’occupation.

À LIRE AUSSI :Le second volet de ce débat avec l’interview du Gal Bernard Barrera : « Barkhane est entrée dans une phase de stabilisation »
Au Mali, l’armée française n’est déjà plus vue comme une force de libération, comme c’était encore le cas en 2013. Cette présence sera bientôt insupportable aux populations si elle n’est pas accompagnée de bénéfices tangibles. Déjà, des équilibres locaux sont affectés, l’armée française s’appuyant sur certaines communautés plus que sur d’autres.
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