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Le Mali et la Minusma au forum de Kidal : La question ouverte de l’intégrité territoriale
Publié le vendredi 18 mars 2016  |  L’Indicateur Renouveau
16eme
© aBamako.com par Momo
16eme édition du Forum de Bamako
Bamako, le 18 février 2016 le premier ministre Modibo Keita a présidé le 16eme édition du Forum de Bamako au CICB




Sur d’autres théâtres d’opérations dans le monde, singulièrement en Afrique, les forces d’interposition des Nations Unies n’ont pas convaincu. Ainsi, de manière très singulière au Libéria, en Sierre Léone, en Somalie, au Soudan, au Congo, en Centrafrique et plus près en Afrique de l’ouest, au Mali, elles n’ont pas apporté la paix tant attendue et la réconciliation entre les fils de ces nations déchirées par les guerres fratricides, les divisions raciales ou ethniques attisées de l’extérieur. Le devoir d’ingérence pour sauver les pays confrontés à une rébellion armée ou à la guerre civile est désormais de la responsabilité de l’ONU et de la Communauté internationale. Mais sur les théâtres d’opération des dérapages fréquents sont constatés qui enveniment la situation, risquant de provoquer le chaos. Le Mali a frôlé le pire. Il revient de loin, alors que la Minusma et son nouveau chef, le très charismatique et providentiel Mahamat Annadif reconstruisent l’image de l’institution onusienne en se faisant les chantres de la paix au Mali.

lI y a sept mois, le jeudi 27 août 2015, Arnauld Akodjenou, Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire Général de l’ONU évoquait avec les responsables de la Mission (Minusma) devant la presse, les activités que la mission mènait sur le terrain, et la situation d’insécurité dans le pays. Cette conférence de presse, organisée au siège de la Minusma à l’Hôtel de l’Amitié de Bamako, intervenait peu après l’affrontement qui a vu la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) chassée d’Anefis par la Plateforme, le 17 août dernier, dans la région de Kidal.

Il y avait le gratin des hauts responsables de l’institution d’intervention onusieae : Mme Mbaranga Gasarabwe, Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire général, par ailleurs Coordonnatrice humanitaire et Coordonnatrice résidente du Système des Nations unies au Mali ; Arnauld Akodjenou, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général en charge des Affaires politiques; le Général Oumar Bikimo, Commandant Adjoint de la Force de la Minusma et Awale Abdounasir, Commissaire de Police – UNPOL.



Arnauld Akodjénou a fait savoir la détermination de la Minusma à éviter d’autres combats armés, comme ce fut le cas à Anefis: « Personne ne pouvait penser qu’on signe un accord de paix, qu’on garde des armes sur soi et qu’on monte sur des véhicules avec des armes comme si de rien n’était. Nous ferons tout, c’est l’engagement politique que nous prenons, pour qu’il n’y ait plus d’autres cas d’Anefis, puisque nous constatons de plus en plus que nous avons à faire à des hommes qui ne sont pas de bonne foi… Il y a eu Anefis, il y a encore Anefis. Des mécanismes de dissuasion sont entrain d’être considérés pour qu’il n’y ait plus d’autres cas d’Anefis. On ne peut pas rester les bras croisés… Anefis est et doit être le dernier cas qui mette en difficulté l’esprit et la lettre de l’accord.»
M. Akodjénou a aussi évoqué les points saillants du plan de sortie de crise, entre le gouvernement malien et les groupes armés, proposé par la Médiation. A part le départ immédiat et sans condition de la Plateforme d’Anefis, les autres modalités sont pour la plupart restées lettre morte. Ainsi, le respect de l’accord, la condamnation des violations du cessez-le-feu, la mise sur pied des modalités de l’accord, l’investigation et l’enquête multidimensionnelle qui dénichera les fauteurs de troubles ayant provoqué la bataille d’Anefis ont été laissés aux calendes grecques. Car ces impératifs n’arrangaient pas la CMA. Tout prouvait, contrairement aux assertions des hauts fonctionnaires onusiens, que la Minusma n’était pas réellement au diapason de l’Etat malien qui avait accepté ce plan de sortie de crise. Ce plan censé lui permettre de s’attaquer à ses priorités qui sont, entre autres, la tenue des élections de proximité, renvoyées depuis aux calendes grecques, la rentrée scolaire dans la région de Kidal comme dans tout le septentrion, le retour des refugiés ou encore l’accès à l’eau potable.

Les casques bleus sont- ils impartiaux ? « Il n’ya pas d’erreur d’appréciation de la Minusma sur la situation à Anéfis », répondit la haute hiérarchie de l’institution onusienne.

Akodjénou, le diplomate béninois a annoncé qui allait se retirer du système des Nations Unies après plus de trente ans de service, a fait ce qu’il a pu pour redorer le blason de la Minusma passablement terni aux yeux de l’opinion malienne.

Après la rentrée en force de la CMA à Anéfis immédiatement après la Plateforme des forces patriotiques, que répondit le Général Oumar Bikimo, Commandant Adjoint de la Force de la Minusma ? N’est- ce pas lui qui avait déclaré que ses militaires sont déjà à Anéfis pour la mission d’observation et pour protéger des civils ?
« Des moyens aériens y sont déployés, On se déploie en fonction de nos moyens. Il y a menace à Kidal, ce qui fait qu’il y a une zone de sécurité de 20 km autour de Kidal. Ménaka, Tessit sont également menacés. Notre mandat est la gestion du cessez-le-feu et la protection des civils. Il y a des mécanismes pour surveiller», avait précisé le Général Bikimo.
Mme Mbaranga Gasarabwe, elle, Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire général de la Minusma, Coordonnatrice humanitaire et Coordonnatrice résidente du système des Nations unies au Mali, avait mis volontiers l’accent sur les différentes activités réalisées par la mission des Nations Unies au Mali.
A l’en croire, la mission onusienne prépare un plan de développement et d’aide humanitaire dans la région de Tombouctou. Au total, Mme Gasarabwe mentionne la réalisation de 14 projets à impact rapide dans le nord du Mali. Comme, par exemple, les aéroports de Ménaka et de Kidal en cours de rénovation.
Elle a exprimé le souhait de voir l’administration malienne retourner dans les zones qu’elle a abandonnées pendant la crise, ainsi que le cantonnement et l’insertion des groupes armés.
« Malgré les problèmes, les parties doivent revenir à ce qu’ils ont signé ». La Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire général ne pouvait pas mieux dire.

Hamza Hadi, le Tunisien, chef de la Minusma, à l’époque, avait lui des positions autrement tranchées et il les disait volontiers, parfois sans aucune diplomatie. Pour lui le Diable était dans les détails incarnés par la Plateforme dans la crise malienne, au contraire de la CMA, le chouchou de la Communauté internationale et de la force internationale d’interposition et de stabilisation au Mali qui se plie en quatre pour elle. Le pli était pris depuis Koenders, le diplomate néerlandais sous la direction duquel la Minusma a joué au pyromane et au pompier et souvent au médecin après la mort dans la crise malienne. Au lieu de jouer à fond sa partition, en toute impartialité mais avec l’humanité et la prudence requises, il a joué. En catimini pour la partie rebelle.

Il n’est que de citer l’entente entre le chef des opérations de la Minusma au nord, un Général Français, pour la création de la fameuse zone tampon à Tabancort pour sauver la mise à la CMA défaite par les groupes armés patriotiques. La prise de Ménaka ensuite par la Plateforme qui a répliqué à des attaques de l’adversaire a mis la haute hiérarchie de la Minusma dans tous ses états. Elle n’a eu de cesse d’exiger que les forces patriotiques vident les lieux sans condition. On se souvient aussi de la sortie hasardeuse du français Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU lors de la première signature à Bamako de l’accord de paix le 15mai au CICB, vertement rabroué par le président Ibrahim Boubacar Kéïta qui a dénoncé la partialité de la Minusma et sa tendance aux deux poids deux mesures dans son arbitrage entre les parties en crise au Mali.

La liste n’est pas exhaustive des hauts faits des dirigeants de la Minusma qui semblent oublier l’essentiel de leur mission dévolue par la résolution de l’ONU légitimant l’intervention des casques bleus au Mali. L’équation Kidal ne semble guère interroger la conscience des Maîtres du monde, la Communauté internationale, c’est-à-dire les grandes puissances ayant droit de véto au Conseil de sécurité de l’Organisation des N ations Unies jusqu’à il y a peu. Il restait à l’Etat malien, au peuple malien à travers sa société civile et au gouvernement à prendre leurs responsabilités pleines et entières pour se sortir du guêpier de l’ingérence des forces onusiennes venues en réalité, selon plusieurs observateurs, « pour durer le temps qu’il faudra ». C’est ce que le président Ibrahim Boubacar Kéïta, le Premier ministre Modibo Kéïta et le gouvernement malien sont en passe de réussir. La venue à la tête de la Minusma du Tchadien Mahamat Annadif, « le diplomate au parler vrai » été un tournant dans le rétablissement de la confiance entre la Minusma, l’Etat malien et le peuple à travers la société civile et les communautés.

Si le forum de Kidal dans la réussite duquel la communauté internationale et la Minusma sont depuis un moment étroitement impliqués devient le 27 mars prochain un franc succès, alors le Mali au bout du compte ne perdra pas Kidal et son intégrité territoriale.

Oumar COULIBALY
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