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Une refonte des services de renseignement
Publié le lundi 21 mars 2016  |  Le challenger
MOUSSA
© Autre presse par DR
MOUSSA DIAWARA




« Dans la lutte contre ce type de menaces, le renseignement est crucial, déterminant. Pourtant, les Etats d’Afrique de l’Ouest sont défaillants en la matière. Ils ne sont pas défaillants par manque de moyens. Ils sont défaillants par construction politique. Un service de renseignement met en œuvre des orientations définies par l’échelon politique. Il revient au Président de décider des principales menaces sur lesquelles les services de renseignement doivent travailler. Le drame en Afrique de l’Ouest, c’est que le plus souvent – pour ne pas dire pratiquement toujours –, la principale menace définie par le président en place, c’est l’opposition politique. Les services de renseignement concentrent leurs moyens et leurs énergies à faire du renseignement politique et négligent les autres menaces. Au risque de choquer les présidents en place, je leur confirme que l’opposition veut en effet le pouvoir. Mais ce n’est pas une menace, c’est le principe de la vie politique. Nuance ! Ils pourront surveiller leurs oppositions autant qu’ils le voudront, cela ne les exonérera pas de leurs missions de diriger le pays au bénéfice de l’intérêt général. Un pouvoir qui flique son opposition est un pouvoir malade… », écrivait l’ancien diplomate français, Laurent Bigot, dans une tribune publiée, le 18 janvier 2016, par Le Monde sous le titre « Menace au Sahel : ouvrons les yeux».
Les attentats de Grand Bassam qui interviennent après ceux de Bamako et de Ouagadougou relancent la problématique de l’efficacité des services de renseignement qui n’arrivent pas très souvent à anticiper les attaques. Les menaces auxquelles les Etats de l’Afrique de l’Ouest notamment le Mali sont confrontés aujourd’hui exigent une réorientation des missions confiées aux services de renseignement qui doivent servir d’outils puissants d’aide à la décision pour ceux qui sont aux commandes de l’Etat. Le Mali est très mal logé. En 2005, les services de renseignement n’ont pas été capables de prévoir les conséquences d’une défaite des Aigles du Mali face aux Eperviers du Togo dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde 2006. Au moment de l’éclatement de la crise libyenne, en 2011, ils n’ont pas été en mesure de faire des propositions concrètes pouvant aider les décideurs de l’époque à anticiper sur les conséquences de la chute du guide Kadhafi sur la sécurité nationale.
A la Direction Générale de la Sécurité d’Etat, on est plus préoccupé par la sécurité du Président de la République que la défense des intérêts vitaux de la nation. Les Renseignements Généraux (RG), une sous-direction de la Direction Générale de la Police nationale, travaillent dans le plus grand amateurisme. Idem pour la gendarmerie et la Sûreté militaire. Le fameux BRQ (Bulletin de Renseignement Quotidien) ne contient pas grand chose.
En dépit de quelques changements opérés, les spécialistes de la sécurité et du renseignement sont unanimes que le service de la Sécurité d’Etat n’a pas achevé sa mutation. Le cadre actuel du fonctionnement des renseignements généraux est loin de répondre aux défis de l’heure.



La réforme du secteur de la sécurité doit englober une refonte indispensable des services de renseignement. Sans une refonte profonde des services de renseignement, les gouvernants seront toujours pris de court par les événements qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur l’existence même de la nation.
Le service des renseignements généraux doit être érigé en Direction Centrale au même titre que la Direction Générale de la Police. Ainsi, les agents seront affectés exclusivement à cette Direction Centrale avec les avantages découlant des risques liés à leurs fonctions. Tout cela dans le cadre d’un plan de carrière. Ce qui permettra de sortir de l’amateurisme pour emprunter le chemin du professionnalisme. Et les autorités politiques doivent avoir le courage de mobiliser de grands moyens indispensables à la réussite de la mission du renseignement, un domaine sensible qui exige plus de discrétion. Il faut trouver de l’argent pour financer nos services de renseignement. Il y va de la survie de la nation.
Chaka Doumbia
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