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Chronique satirique : L’heure de gloire du BIPREM
Publié le mardi 22 mars 2016  |  Le Procès Verbal




Par une simple lettre déposée par un motocycliste dans un bureau, une association est parvenue à mettre le pays sens dessus dessous. Qui l’eût cru ?



Depuis trois semaines, quelqu’un fait trembler la République du Mali. S’agirait-il du chef terroriste Iyad Ghaly? Que non! Du maître égorgeur Amadou Kouffa ? Vous n’y êtes pas ! Alors, s’agit-il de “ce petit monsieur” qui s’amuse à troubler les visites d’Etat en France ? Toujours non! Donc, c’est sans doute un de ces “hassidi” qui envient le Boeing flambant neuf de Ladji Bourama ? Encore une fois, non ! Eh bien! Je m’en vais vous le révéler: le très dangereux personnage qui bouleverse le pays tout entier n’est autre que le BIPREM. Derrière ce nom rébarbatif à consonance chimique, se cache une association privée dont le nom complet est “Bloc d’Intervention Populaire pour la Réunification Entière du Mali”. L’association est si petite que ses militants et ses dirigeants tiendraient tous aisément dans un kiosque du PMU-Mali. Peut-être incommodés par l’anonymat où ils pataugent, les promoteurs de l’association se sont réveillés, un beau matin, avec la fière idée de demander, en justice, un procès contre Ladji Bourama. Les chefs d’accusation ramassés au saut du lit ? Des formules-bateau du genre “mauvaise gestion de l’argent public” et “haute trahison”. Sitôt imaginé, sitôt fait: voilà les compères associés qui pondent une lettre qu’un motocycliste dépose, en toute hâte, au secrétariat du président de la Haute Cour de Justice. Comme le BIPREM n’est pas animé par des professeurs de droit, il oublie de préciser l’autorité à laquelle la lettre est adressée. La légende ne dit pas si la fameuse lettre, abusivement qualifiée de“plainte”, est datée, signée et cachetée; mais on sait avec certitude qu’elle est désormais devenue la lettre la plus célèbre de l’histoire du Mali. Du coup, le BIPREM tient, contre toute attente, son heure de gloire.





Festival des griots



En effet, une lettre et son dépôt constituent en eux-mêmes un non-événement. Et ce non-événement qui devait mourir de sa belle mort s’est vite transformée en affaire d’Etat. Dans les officines où l’on cherche à transformer la moindre chose en lait Nido, le courrier du BIPREM fut perçu, analysé et interprété comme la preuve accablante d’un noir complot ourdi contre l’Etat et son premier responsable, Ladji Bourama. Il faut dire que quand les griots et les masseurs de pieds se mêlent d’une chose, elle prend aussitôt des allures stratosphériques. Or, en fait de griots et de masseurs de pieds, il y en a, sous nos tropique, de pleines garnisons qui cherchent vainement à manger à la table de Ladji Bourama. Une table garnie de gigots de mouton et de pain au miel où, comme chacun le sait, les convives sont servis par des cuisiniers grecs et latins conjuguant parfaitement les verbes au subjonctif. Or donc, l’occasion était trop belle pour nos mangeurs oubliés de se signaler à la haute attention de Ladji par des déclarations bien senties. D’où l’avalanche de communiqués indignés qui a inondé les colonnes des journaux et les antennes des radios. Selon certains auteurs de communiqués, le BIPREM ne serait qu’un ramassis de “traîtres” qui, après avoir participé à la campagne électorale de Ladji Bourama, s’impatienteraient de recevoir, en échange, des emplois et des richesses. Selon d’autres auteurs, le BIPREM est une “bande d’irresponsables” payés nuitamment pour ternir l’image de Ladji, ce brillant prophète qui conduit allègrement le Mali vers le Paradis d’Allah soubhana wa tallah. Quelques justiciers, Code pénal et Constitution en main, exigent que le président de la Haute Cour de Justice soit pendu haut et court sur la place publique de Bagadadji pour avoir osé recevoir un si vil courrier. De grands experts croient, quant à eux, avoir lu dans les textes sacrés, pardon!, dans les lois pénales assez d’articles pour expédier les dirigeants du BIPREM au bagne de Kidal pour des crimes aussi graves que l’outrage au chef de l’Etat, l’injure, la diffamation, la dénonciation calomnieuse, la tentative de déstabilisation des institutions. Bref, tout le répertoire des crimes et délits y passe. Il ne manque plus à l’appel que le crime de génocide commis ou tenté contre le peuple malien qui, faut-il le rappeler, a élu Ladji Bourama avec 77% des voix ! Le RPM n’est pas, bien sûr, demeuré en reste : sous la signature de son Secrétaire Général, Bocary Téréta, le parti publie un communiqué de dix lignes où revient dix fois la formule sacramentelle: “Son Excellence monsieur le président de la République, chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita”. Le communiqué descend le BIPREM dans les flammes et réitère l’attachement du RPM aux idéaux et à l’action de Ladji Bourama que des ennemis de la nation voudraient distraire de sa lourde et exaltante mission de construction nationale. Le parti a oublié, hélas !, de mentionner l’action internationale de Ladji qui, de Pékin à Paris, de New York à Istanbul, porte la voix du Mali et ramène des pluies de milliards au bercail. Mais bon ! Ce n’est que partie remise, inch Allah!



Niang juge à la place de la Cour



Impressionné par ce tourbillon de communiqués tapageurs, Abdramane Niang, président de la Haute Cour de Justice, par ailleurs député RPM et ami personnel de Ladji Bourama, a jugé nécessaire d’y aller de son propre couplet.



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