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Réflexion: La démocratie n’est pas faite pour l’Afrique
Publié le mardi 22 mars 2016  |  Le Procès Verbal




Platon, l’un des premiers à étudier la démocratie, a émis sur ce système les plus sérieux doutes : à ses yeux, le peuple, source du pouvoir démocratique, n’est pas assez intelligent pour l’exercer. L’éminent philosophe grec avait raison car quand, en 1789, au nom de la démocratie, les révolutionnaires français eurent renversé le roi Louis XVI, ils furent confrontés à un cruel dilemme : fallait-il, comme promis, donner le pouvoir au peuple ? Si oui, à quelle catégorie du peuple ? Le problème des révolutionnaires, c’est qu’ils étaient conduits par une minorité (la classe des bourgeois), laquelle ne voulait pas quitter le joug royal pour se retrouver sous la domination de la majorité du peuple (le Tiers-Etat). Les maîtres du jour, les bourgeois, dénichent donc vite une parade: ils renoncent au projet de “souveraineté populaire” au profit d’une fumeuse théorie dite de la “souveraineté nationale”.Et pour bien laver le cerveau d’un peuple dont Platon avait déjà décrit le déficit d’intelligence, rhétoriciens et propagandistes rivalisèrent d’adresse pour distinguer les mots “peuple” et “nation”. Un révolutionnaire ira jusqu’à écrire avec emphase: “On n’appelle pas peuple une populace imbécile qui, privée de bon sens et de lumière, peut, à chaque instant, se rendre complice des forces qui détruisent la société”. Au bout du compte, nos amis bourgeois mentionnent dans le texte fondamental une formule que les Constitutions africaines ne feront que recopier à deux mains: “La souveraineté appartient à la nation tout entière”. Pour éviter que la majorité du peuple n’aille se prendre pour “la nation”, les révolutionnaires soulignent: “Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice” de la souveraineté. Afin de verrouiller davantage le système, les constitutionnalistes bourgeois précisent que le peuple ne peut exercer la souveraineté directement, mais plutôt à travers des représentants, et que “tout mandat impératif est nul”. En clair, le peuple n’est plus rien, le représentant est tout: il décide, au nom du peuple, ce que bon lui semble. Comment, après ces tours de magie constitutionnelle, voudrait-on que le peuple sorte gagnant d’un système conçu, dès l’origine, à ses dépens ? Encore heureux s’il parvient, à chaque campagne électorale, à gagner des sacs de mil et des ballons multicolores!

Vouée au confort d’une aristocratie, la démocratie, nous le répétons, ne peut, par nature, convenir aux intérêts du peuple: elle sert juste à le tondre. Voilà pourquoi, en démocratie, les dirigeants s’engluent dans les plus scabreuses affaires. Prenez le cas du Brésil! Dans ce pays d’Amérique latine longtemps célébré pour sa démocratie, l’entreprise pétrolière d’Etat, Petrobras, et les géants du BTP (Camargo Correia, OAS, Odebrecht, Mendes Junior, Galvão, Lesa, Engevix, UTC) se sont entendus pour exécuter de gros chantiers d’infrastructures: les entreprises du BTP se partagent, sans concurrence, les marchés et surfacturent à loisir leurs prestations; en contrepartie, elles versent des pots-de-vin à la coalition de partis politiques qui règne depuis 2003. Les bénéficiaires de cette manne secrète sont:

– le Parti des Travailleurs (PT) de l’actuelle présidente de la République, Dilma Rousseff, qui, elle-même, doit son poste à son mentor et prédécesseur, Luiz Inacio Lula Da Silva, président du Brésil de 2003-2010;



– le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien et le Parti Progressiste, alliés du PT.

Quand, en 2014, on apprend que l’élite politique se sucre sur le dos du contribuable depuis une décennie, Dilma Rousseff limoge plusieurs ministres pour sauver sa peau. Peu satisfait de ces mesurettes, le peuple inonde les rues, demandant la démission de la présidente. Celle-ci appelle à la rescousse Lula, qu’elle se hâte de nommer super-ministre. Problème: Lula fait lui-même l’objet de poursuites dans le dossier Petrobras et sa nomination a tout l’air d’une grossière tentative d’entraver le cours de la justice. Le pays, depuis, ne cesse de tanguer…

Si les casseroles brésiliennes vous émeuvent, que diriez-vous de la lourde quincaillerie que traînent de célèbres “démocrates” comme Sarkozy, Sylvio Berlusconi et Jacob Zuma ? Sarkozy, à force de convocations et d’interrogatoires, est devenu un véritable rat du tribunal.Il ne lui reste plus, pour économiser du carburant, qu’à louer un bureau voisin du palais de justice! Berlusconi, qui s’affuble du doux surnom d’“Il Cavaliere”, ne cache son rêve de vivre cent ans sur terre et, à cette fin, agrémente ses soirées “bunga bunga” par la compagnie de prostituées mineures. Quant au troisième, Zuma, ses lubies font retourner Nelson Mandela dans sa tombe: il enfile les scandales financiers et de moeurs comme une danseuse enfilerait des perles. Aux dernières nouvelles, il s’est fait construire des piscines et des poulaillers aux frais de l’Etat et, devant le tollé qui s’est ensuivi, aurait promis de rembourser une partie des fonds détournés…

Alors question: pourquoi, partout en pays démocratique, le vice fait-il la loi ?



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