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Forum pour la paix et la réconciliation à Kidal La grande machination de la Cma pour écarter la partie gouvernementale
Publié le mercredi 23 mars 2016  |  Le Reporter
Rencontre
© aBamako.com par A.S
Rencontre IBK-CMA-Plateforme
Bamako, le 27 février 2016 le président Ibrahim Boubacar Keita a rencontré les groupes armés a Koulouba




«La force des méchants, c’est qu’ils se croient bons, et victimes des caprices d’autrui», écrivait si éloquemment Émile-Auguste Chartier dans Sentiments, passions et signes (Gallimard, 1958). Ces méchants, en République du Mali, seraient ceux qui ne veulent plus de la paix; qui aiment le langage des armes. Eux, rebelles ou ex-rebelles (les deux sont la même chose), ils ont habitué le peuple malien et la communauté internationale à des retournements spectaculaires de veste. En effet, après avoir fait miroiter au gouvernement qu’ils sont de bonne foi pour le retour définitif de la paix et que celle-ci passe par le Forum de Kidal prévu du 27 au 30 mars prochain, les revoilà qui décident de façon unilatérale qu’ils ne veulent pas entendre parler de la participation de la partie gouvernementale à ce Forum.

Une fois encore, le gouvernement malien va payer cash son laxisme. Après avoir été «trimballé» par les groupes armés du Nord du pays, regroupés au sein de la Cma et de la Plate-forme, il est parvenu à la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation. Depuis lors, l’on croyait que sa mise en œuvre allait s’accélérer. De compromis en compromission, le gouvernement et ces groupes armés ont, de commun accord, décidé de l’organisation d’un Forum pour la paix et la réconciliation à Kidal, du 27 au 30 mars 2016, en vue de clôturer le processus d’Anéfis. Mais, à la surprise générale, plus on s’approche de la date retenue, plus on assiste à des tergiversations, la Cma ayant élaboré toute une machination pour que la partie gouvernementale n’y participe pas. Pour y parvenir, c’est une frange importante de la population de Kidal qui est mise à contribution. La recette est simple : il s’agit d’endoctriner les populations en leur faisant croire que la présence de la partie gouvernementale serait une obstruction à l’édification de leur fantoche «république de l’Azawad», puisqu’elle déboucherait sur le retour de l’armée républicaine et de l’administration. Incompréhensible pour ceux qui aiment vraiment la paix ! Comment des groupes rebelles armés peuvent-ils tenir un forum sur un sol malien, sans vouloir la présence de l’Etat ? Que veulent-ils mijoter ? Dans quelle République sommes-nous ? La région de Kidal serait-elle devenue un no man’s land ou une propriété privée des «terroristes» avec la bénédiction de la France ?

L’Etat malien floué

Les groupes armés du Nord du Mali seraient-ils plus intelligents que nos plus hautes autorités ? Cette question mérite d’être posée, puisque ce sont eux qui réussissent toujours à les flouer et à donner de grands mauvais coups à notre Nation. Tenez, l’organisation du Forum pour la paix et la réconciliation à Kidal était un projet que caressaient ces groupes armés du septentrion de notre pays. Pour y parvenir, il faut réunir plus de 300 millions de nos francs et on sait que ces groupes armés n’ont pas les moyens de le faire. Dans la foulée, le gouvernement malien a décidé de voler à leur secours, en récupérant leur initiative.

Mais voilà, ayant su que le projet est désormais mûr et que tout est bien calé pour la tenue de ce Forum du 27 au 30 mars 2016, ils ont trouvé un autre argument pour écarter la partie gouvernementale. De l’argent encore jeté par la fenêtre ? En tout cas, comme au temps de l’ex-Premier ministre Moussa Mara, ce sont les jeunes, les femmes et les enfants qui seront mobilisés et utilisés pour empêcher l’arrivée de la délégation étatique à Kidal (par voie aérienne ou terrestre). Et derrière tout ça, d’aucuns n’hésitent pas à indexer encore la France qui «tiendrait mordicus à Kidal pour ses intérêts géostratégiques».

La carte Iyad pour faire capoter le Forum

Vomi par la communauté internationale et détesté par ses concitoyens, le terroriste malien tant recherché par les Etats-Unis, Iyad Ag Ghaly, est considéré comme l’ennemi N°1 de la paix dans notre pays. Pour preuve, c’est lui qui a revendiqué toutes les attaques terroristes de ces derniers temps dont notre pays a été victime. Et alors que tous les autres groupes armés, ceux de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et de la Plate-forme, nous avaient fait croire qu’ils sont rentrés dans la droite ligne de la paix, nous nous sommes dit que tel n’est pas le cas de l’organisation Ançar Dine d’Iyad Ag Ghaly que l’on peut désormais qualifier de criminelle. Mais, contre toute attente, c’est la Cma qui conditionne la tenue du Forum de Kidal à la participation du terroriste Iyad Ag Ghaly. Comme pour dire que «tous ceux qui s’assemblent se ressemblent», car les bandits armés de la Cma ne sont pas moins terroristes qu’Iyad. D’ailleurs, il se dit que c’est leur mentor et que la France serait leur soutien.

Le comble dans cette histoire, c’est qu’on demande à l’Etat malien de négocier avec Iyad ; de négocier avec un terroriste. Pourquoi la France n’a-t-elle pas négocié avec le cerveau des attaques terroristes de Paris, Salah Abdeslam, et demander son extradition en France après son arrestation en Belgique ? À notre avis, au lieu de chercher à contraindre l’Etat malien à négocier avec le narco-terroriste Iyad, il faut plutôt contraindre la communauté internationale à le mettre aux arrêts ou à l’éliminer…

Sur quel pied danse la Plate-forme ?

Qualifiés de forces pro-gouvernementales ou pro-Mali, les éléments de la Plate-forme ont actuellement une position ambiguë. Sont-ils d’avis avec la Cma que la partie gouvernementale ne doive pas participer au Forum de Kidal ? Vont-ils trahir le Mali pour s’unifier avec les bandits armés de la Cma ? L’accord que la Cma a signé avec la Plate-forme n’est-il pas un accord de façade qui va voler un jour en éclats et virer à des affrontements à Kidal ? Toutes ces questions demeurent. Toujours est-il qu’avec cette confusion terrible autour de la tenue du Forum de Kidal, deux alternatives s’offrent au Mali : accepter essuyer un autre affront ou revenir à la case départ avec l’éloignement définitif de l’entrée de Kidal dans le giron de notre République.

Bruno E. LOMA

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