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Spécial 26 Mars 2016 : Mars, L’esprit et le souffle
Publié le vendredi 25 mars 2016  |  L’Essor
Moussa
© AFP par FRANCOIS ROJON
Moussa Traoré





La Révolution de 1991 n’a certainement pas été aussi valorisée qu’elle le méritait. Elle n’a cependant pas perdu sa force de référence

La vérité selon laquelle une révolution ne s’accompagne que très rarement de lendemains qui chantent s’est donc tout particulièrement vérifiée pour Mars 1991. L’épopée de ce tournant majeur dans la vie de notre pays n’a jamais été réellement écrite.

Serait-ce vraiment faire injure à la démocratie africaine que de la considérer aujourd’hui comme une survivante ? Car en deux décennies et demie, presque rien ne lui a été épargné dans la plupart des pays qui au tout début des années 1990 se sont éveillés à l’ouverture politique. Le chemin africain de la démocratisation a d’abord multiplié les méandres à travers l’organisation de conférences nationales dont bon nombre, pâles copies de l’innovation béninoise, ont abouti à des issues soigneusement encadrées et ont, pour l’essentiel, servi d’alibi aux pouvoirs anciens désireux de changer pour mieux rester les mêmes. Ce chemin s’est transformé un peu plus tard en un parcours labyrinthique jalonné par une inflation d’ « innovations » mirifiques prétendument mises au service de la transparence et qui ont transformé notre continent en laboratoire, puis en cimetière de chimères institutionnelles. Ce chemin aborde depuis quelques années le territoire du « ré accommodement » des textes afin, prétendent les inspirateurs, de gérer des situations très particulières. La démocratie en Afrique connaît en fait un destin paradoxal. Aucune autorité en place n’en dénigre ouvertement les exigences, mais nombreuses sont celles qui en plient les règles aux impératifs des « spécificités nationales ». Il est vrai qu’en un quart de siècle, la conjoncture mondiale a bien évolué. La vigilance pointilleuse que démontraient initialement les maîtres penseurs occidentaux s’est transformée au fil du temps en un jugement à la carte : sévère pour les Etats dépourvus de tout intérêt géostratégique, nuancé pour les alliés indispensables à ménager. Rien ne sert, en effet, aux prescripteurs de se montrer intransigeants sur le respect de certains grands principes alors qu’il se constate que ces derniers se trouvent fréquemment battus en brèche par les réalités sociopolitiques. Les résultats plus que mitigés produits par les expéditions militaires de rectification démocratique et par l’encouragement prodigué à des printemps arabes trop vite considérés comme emblématiques incitent désormais les notateurs sinon à l’humilité, au moins à la réserve. Car un cruel paradoxe est là : les actions citées plus haut et qui auraient dû restituer aux citoyens bénéficiaires une véritable maitrise de leur destin, ont en fin de compte rendu le monde globalement plus dangereux et les lendemains généralement plus incertains. Cependant les infortunes passées et récentes de la conquête démocratique en Afrique ne doivent pas inciter à remettre en cause les mérites d’un système que Winston Churchill avait très justement qualifié de « pire système de gouvernement à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire ». La démocratie possède l’irremplaçable avantage de ne pas taire les problèmes, et donc de se donner une chance sinon de résoudre ceux-ci, du moins de tenter de le faire. C’est sans doute ce trait principal qu’il est intéressant de retenir au moment où se célèbre le 25ème anniversaire du 26 Mars. L’un des premiers et des plus grands regrets que l’on peut d’ailleurs exprimer à propos de cet événement majeur dans l’évolution du Mali moderne est qu’il n’a certainement pas été autant valorisé dans ses conséquences qu’il l’aurait du l’être.

LE GRAND CONCURRENT. Pourquoi ? Parce que Mars 1991 aura été tout d’abord, et d’une certaine manière, victime du calendrier serré que s’était imposé la Transition après le coup d’Etat qui avait renversé le président Moussa Traoré. En effet, dans ses premières déclarations, Amadou Toumani Touré, devenu chef de l’Etat, avait souhaité boucler au 20 janvier 1992, c’est-à-dire dans un délai de neuf mois, un programme ambitieux qui prévoyait notamment l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Loi fondamentale, le rétablissement de la paix au Nord du pays et la tenue des élections présidentielles, législatives et communales (l’idée d’une Conférence nationale ne fut pas évoquée dans les premiers jours de la Transition). Ce challenge ne put être tenu, mais ATT resta jusqu’au bout ferme dans sa résolution d’abréger autant qu’il le pourrait son passage à la tête de l’Etat. Le calendrier resserré généra pour les acteurs de Mars deux contraintes auxquelles les observateurs ne prêtèrent certainement pas une grande attention à l’époque. Il imposait tout d’abord aux associations politiques membres du Mouvement démocratique de se mettre rapidement en ordre de bataille pour aborder les élections toutes proches. Le coup d’envoi donné précocement pour la conquête du pouvoir substituait donc chez les compagnons de combat la rivalité à la solidarité et suscitait les premières tensions entre eux. Ces tensions montèrent significativement lorsque furent connus les résultats des communales organisées le 19 janvier 1992. Le très net avantage pris par l’Adema-PASJ en nombre de conseillers municipaux (214) fit l’effet d’une vraie douche froide sur les deux principaux rivaux des Rouges et blancs, l’US RDA (130 conseillers) et le CNID Faso yiriwa ton (96). Aucun de ces deux derniers partis ne s’attendait à être à ce point distancé par leur grand concurrent. Le second avait misé sur son excellente implantation urbaine et sur le dynamisme de ses troupes composées majoritairement de jeunes enthousiastes. La première avait pensé que la réactivation de ses réseaux en sommeil depuis le coup d’Etat de novembre 1968 lui garantirait un avantage non négligeable sur les nouveaux venus de la scène politique. En fait, les deux formations avaient sous-estimé le travail de récupération abattu par le PASJ auprès des anciens responsables de l’ex parti unique (Union démocratique du peuple malien) qui disposaient toujours à l’intérieur du pays d’une réelle assise populaire. La riposte des déçus ne se fit pas attendre. Toute une série d’alliances de circonstance privera le PASJ de mairies auxquelles le poids de ses élus lui permettait pourtant de prétendre. Ce fut la première fissure sérieuse dans l’unité du Mouvement démocratique et elle ira en s’élargissant après que les résultats de la présidentielle et des législatives eurent confirmé la domination outrageuse des Adémistes et fracassé le scénario (attendu) d’un coude à coude serré entre les trois supposés poids lourds. La contrainte de presser la cadence imposée aux politiques s’étendit aussi aux acteurs sociaux. La brièveté de la Transition obligera ces derniers à précipiter l’exécution de leurs calendriers catégoriels et à essayer d’arracher le maximum d’engagements de la part des autorités avant que ne s’établisse la IIIème République. La facture de ce forcing se paiera quelques mois plus tard lorsque le pouvoir nouvellement installé dut faire face à un afflux massif de revendications corporatistes et à une forte agitation dans le milieu scolaire et étudiant.

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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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