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26 mars 1991- 26 mars 2016 : Retour sur le parcours exceptionnel de quelques grandes figures du Mouvement démocratique
Publié le vendredi 25 mars 2016  |  Infosept
Moussa
© AFP par FRANCOIS ROJON
Moussa Traoré




Au Mali, une tentative de démolition de l’histoire du combat démocratique est en cours. Elle est menée par ceux qui ne se sont jamais avoués vaincus et qui veulent torpiller le coup à l’héroïque histoire cette fois-ci écrite en lettres de sang par des démocrates sincères et des patriotes convaincus qui, pendant plusieurs décennies ont accepté de se sacrifier pour la Liberté et la Démocratie. En guise de reconnaissance, votre journal a tout simplement voulu rendre hommage à certaines figures emblématiques du Mouvement démocratique, Alpha Oumar Konaré, Mountaga Tall, Oumar Mariko et Amadou Toumani Touré.

Alpha Oumar Konaré, fils d’enseignant, né à Kayes le 2 Février 1946 dans les années d’effervescence politique qui précèdent l’indépendance, Alpha Oumar Konaré choisit lui aussi la carrière d’enseignant, tout en s’initiant très tôt au militantisme syndical. Après des études d’histoire à l’Ecole normale supérieure de Bamako, et s’étant marié à Adama Ba Konaré qui deviendra elle aussi une historienne réputée, il part en 1971 pour la Pologne où il reçoit une formation d’archéologue. Rentré dans son pays en 1976, il travaille dans l’administration tout en militant comme de nombreux cadres maliens dans un parti clandestin d’obédience marxiste, le Parti malien du Travail (PMT). Au pouvoir depuis 1968, le général Moussa Traoré manifeste une volonté d’ouverture politique et l’appelle au gouvernement en 1978, comme ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Mais, en désaccord avec l’évolution du régime, il demande toutefois à partir en 1980. Il retourne ainsi à l’enseignement et à la recherche. Il est membre de plusieurs organisations d’historiens africains, effectue des missions de consultant et acquiert en peu d’années une notoriété internationale, notamment dans le domaine de la muséographie. Il deviendra en 1986 président du Conseil international des musées. Outre le syndicalisme, où il est actif, il se consacre au Mali à l’animation de la Coopérative Jamana, créée en 1980, qui publie une revue culturelle puis diversifie ses activités dans l’édition et l’éducation, notamment en direction des jeunes. En 1989, la coopérative lance le journal Les Echos qui devient l’un des relais principaux du mouvement démocratique émergeant. Après le renversement de Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré quitte officiellement la direction de Jamana et prend la tête du parti de l’Adema-PASJ, le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice. Il en sera le premier président et le délégué à la conférence nationale de 1991. En avril 1992, à la fin la transition démocratique, il est élu président de la République, avec 69,01 % des suffrages au second tour des premières élections générales et démocratiques, contre Tiéoulé Mamadou Konaté. Il sera réélu pour un second mandat en 1997, à l’occasion d’un scrutin boycotté par l’opposition et entaché par de nombreuses irrégularités. A la fin de son second mandat, et respectant les dispositions constitutionnelles en la matière, il se retire et ouvre la voie à l’élection en mai 2002 de son successeur, Amadou Toumani Touré, ancien chef de l’Etat sous la transition. Le 10 juillet 2003, il est élu à la présidence de la commission de l’Union africaine lors du sommet de Maputo.

Mountaga Tall est un homme politique malien né à Ségou le 10 décembre 1956. Il est descendant en ligne directe du célèbre bâtisseur d’empire et conquérant de la Foi El Hadj Oumar Tall et d’Ahmadou Cheickou, Roi de Ségou. Après l’école coranique et le primaire à Ségou, Mountaga Tall fait ses études secondaires au Lycée Askia Mohamed de Bamako. Il poursuit ses études supérieures en Droit à l’Université Cheick Anta Diop où il obtient une maîtrise en Droit Public Interne, un Diplôme d’Études Approfondies Général (DEAG) en Droit International Public et un Diplôme d’Études Approfondies d’Enseignement (DEAE) en Histoire du Droit. Ainsi nanti d’un Doctorat, il prête serment d’Avocat stagiaire et commence une riche carrière au Barreau. Mountaga Tall est le fondateur du Comité National d’Initiative Démocratique, association à but politique qui a été la première à demander ouvertement l’instauration du pluralisme démocratique au Mali. À ce titre, il a personnellement conduit les premières marches pour la démocratie au Mali. À la chute du parti unique et après l’instauration du pluralisme démocratique au Mali, Mountaga Tall crée le Congrès national d’initiative démocratique dont il est le Président. Il sera candidat de ce parti à l’élection présidentielle de 1992 où, à 35 ans, il est arrivé en troisième position avec 11,41 % des voix derrière Alpha Oumar Konaré (ADEMA-PASJ) et Tiéoulé Mamadou Konaté (US-RDA). Mountaga Tall a été député de 1992 à 1997 et faisait fonction de Chef de l’opposition parlementaire. En 2002, il est de nouveau candidat à l’élection présidentielle où il obtient 3,77 % des voix au premier tour à la suite d’un processus électoral très contesté.
Oumar Mariko : Son engagement remonte à l’époque où il était lycéen puis étudiant. Il a exercé des responsabilités au sein de l’Union des élèves et étudiants du Mali (UNEEM) au lycée de Diola de 1976 à 1977 et au lycée de Badalabougou entre 1978 et 1979. Il est membre du bureau de coordination de l’UNEEM de 1979 à 1980. Membre fondateur de l’Association des élèves et étudiants du Mali dont il en devient le secrétaire général entre 1990 et 1992. Il participe activement aux manifestations contre le régime de Moussa Traoré en 1991 et est membre du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) pour le compte de l’Association des élèves et étudiants du Mali. Dr. Mariko est médecin généraliste de formation. Il est le fondateur et directeur de la clinique médicochirurgicale Mah Doumbia à Bamako. Oumar Mariko est depuis 1995 directeur général du réseau de radios privées Kayira.
Amadou Toumani Touré : il est né le 4 novembre 1948 à Mopti, où il fréquente l’école fondamentale. Entre 1966 et 1969, il est inscrit à l’école normale secondaire de Badalabougou à Bamako pour devenir instituteur. Finalement, c’est l’armée qu’il intègre en entrant à l’école interarmes de Kati. Au sein du corps des parachutistes, il grimpe rapidement les échelons. Ainsi, après plusieurs stages en URSS et en France, il devient commandant des commandos parachutistes en 1984. En mars 1991, après les manifestations populaires réprimées dans le sang par le régime GMT, il participe au coup d’État contre Moussa Traoré et prend la présidence du Comité de transition pour le Salut du peuple où il assure les fonctions de chef de l’État pendant la transition démocratique. Il organise la conférence nationale qui s’est déroulée du 29 juillet au 12 août 1991, puis des élections législatives et présidentielles en 1992. À l’issue de ces scrutins, il remet le pouvoir au nouveau président élu Alpha Oumar Konaré. On le surnomme alors le « soldat de la démocratie ». A son départ du pouvoir, il fonde et dirige une fondation pour l’enfance. En juin 2001, il est l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, en République centrafricaine avant de revenir sur la scène politique. Candidat il remporte les élections en 2002 au second tour contre Soumaila Cissé. Il rempile pour un second mandat en 2007 dès le 1e tour. Renversé par un coup d’Etat militaire le 22 mars 2012, il prend ses quartiers à Dakar.
A ces figures emblématiques il faut ajouter Bakary Karembé, alors secrétaire général de la puissante UNTM, Abdramane Baba Touré, Kadary Bamba, Pr Ali Nouhoum Diallo, Mamadou Lamine Traoré, Mme Sy Kadiatou Sow, membres de l’ADEMA Association, Me Demba Diallo, président de l’AMDH, Me Drissa Traoré du Barreau et Victor Sy. A toutes ces figures emblématiques, le 26 Mars est leur anniversaire.
En définitive, le Mouvement démocratique survivra aux assauts et autres tentatives de diabolisation et de démolition. Ses valeurs sont celles auxquelles aspirent toutes les maliennes et tous les maliens, à savoir : la paix, la justice, l’éducation et surtout la réduction de l’inégalité.
Youssouf Sissoko
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