Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Forum de Kidal: L’Etat trahi !
Publié le mardi 29 mars 2016  |  Le Repère
Rencontre
© aBamako.com par A.S
Rencontre IBK-CMA-Plateforme
Bamako, le 27 février 2016 le président Ibrahim Boubacar Keita a rencontré les groupes armés a Koulouba




Compromis, reporté ou annulé ? Le forum de Kidal a été renvoyé aux calendes grecques. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a décidé de tenir son forum, sans le gouvernement et la Plateforme. C’est la conséquence d’une trahison murie et entretenue de longue date par les rebelles de Kidal.

Le Forum de Kidal qui devrait se tenir, le 27 mars dernier, n’a pas eu lieu. Il a été remplacé par une rencontre de la CMA qui a finalement décidé d’organiser un semblant de forum sans les autres acteurs, notamment le gouvernement et la Plateforme. Pour tout couronner, elle a publié, le dimanche, un communiqué laconique qui étale à tout point de vue sa mauvaise foi (lire communiqué ci-contre).

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) n’a fait que confirmer ce que tout le monde savait déjà. C’est connu, les rebelles de Kidal respectent rarement leurs engagements. Pis, cette fois-ci, ses leaders ont opéré un « hold-up » financier. L’Etat a été escroqué et mené en bateau. Au départ, on avait fait croire à l’Etat malien qu’il est l’un des organisateurs, voire l’organisateur principal de cette rencontre. Qui a même suscité beaucoup d’espoir au sein de l’opinion nationale. Mais le discours des rebelles a vite évolué quand la cagnotte (400 millions de FCFA) est tombée dans les caisses de la CMA pour organiser un forum de 4 jours. « L’Etat n’est pas coorganisateur du forum, mais un invité », a précisé un responsable de la CMA. C’est une façon pour ce mouvement rebelle de recadrer certains médias qui sont allés vite en besogne, en faisant le lien entre la participation du gouvernement au forum de Kidal et le retour de l’administration à Kidal.

En réalité, c’est le prétexte qu’a trouvé la CMA pour non seulement manipuler les populations locales, mais aussi pour remettre en cause la tenue de cette rencontre. Qui, d’ailleurs, n’était que la continuité de la rencontre d’Anéfis entre la CMA et la Plateforme.
En tout cas, c’est ce qui a été finalement évoqué quand il s’est agi de faire de la participation du gouvernement une des conditions de la réussite du forum de Kidal.

Au finish, les rebelles de Kidal n’ont pas tenu le forum de Kidal, mais plutôt celui de la CMA. Et Pis, ils ont refusé d’admettre le report du forum sur lequel planeraient plusieurs menaces dont l’insécurité, les tentatives de sabotage de Iyad Ag Ghaly et des terroristes, la non participation du gouvernement. D’ailleurs, des responsables maliens affichaient, à quelques jours de la date indiquée, leur pessimisme quant à la tenue du forum de Kidal. « Le Forum est reporté, même si une tentative de le maintenir existe. Mais franchement, je ne vois pas à ce stade comment il peut avoir lieu », a affirmé ce responsable sous le couvert de l'anonymat, accusant les groupes armés « de ne pas respecter leurs engagements ».

Il y a également une réalité qui sautait à l’œil. La CMA et la Plateforme, coorganisateurs du forum, n’ont pas les mêmes approches pour la tenue de cette rencontre. La preuve : malgré tout ce qui se disait à propos du forum et des éventuels participants, les deux groupes armés n’ont pas pu produire un seul communiqué conjoint pour apaiser les rumeurs et les tensions. Un responsable de la Plateforme, joint au téléphone, a affirmé que le forum de Kidal est reporté, tout en précisant que la rencontre qui serait tenue, hier à Kidal, est une réunion de la CMA.

La CMA : un ennemi déterminé
Donc, si le Forum de Kidal a été reporté sine die, voire peut être annulé, il est fort probable qu’il rentre dans une logique de trahison. La CMA ne peut plus reprocher à l’Etat de ne pas tenir ses engagements. En plus des centaines de millions offerts aux rebelles pour l’organisation du forum de Kidal, l’Etat a posé des actes censés rétablir la confiance et faciliter le retour de la paix, dont, entre autres, l’érection de Taoudéni et Ménaka en région, la nomination de ressortissants de ces localités en qualité de gouverneur, conformément à l’accord de paix. Même Kidal a son nouveau gouverneur en la personne de Koïna Ag Ahmadou, un fils du terroir. "Je ne sais pas encore quand je vais prendre service, mais il ne devrait pas y avoir de problème, parce que les gens de Kidal sont mes parents", a-t-il affirmé.

Depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, les 15 mai et 20 juin 2015, le gouvernement n’a cessé de dérouler le tapis rouge aux rebelles à Bamako et partout au Mali. Mais ces actions sont certainement perçues comme une faiblesse pour un Etat qui a du mal à hausser le ton devant des ennemis déterminés. La CMA n’est pas de bonne foi. Elle ne rate d’ailleurs aucune occasion pour remettre en cause les acquis du processus de paix. Tenez-vous ! Ses leaders viennent se balader chaque semaine à Bamako (siège du gouvernement), mais le Premier ministre ne peut même pas se rendre à Kidal (occupé) pour participer à une rencontre, sans le visa de la CMA. Qui ne jure désormais que par la mise en place des autorités intérimaires, sa nouvelle exigence pour torpiller le processus de paix.

Idrissa Maïga
Commentaires