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L’Expert Comptable au service de l’Entreprise
Publié le mardi 29 mars 2016  |  Le Malien




Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de définir l’expert comptable aux plans humain et professionnel. Au plan humain, l’expert-comptable est un homme ou une femme de bonne moralité et intègre intellectuellement. Au plan professionnel, c’est un spécialiste en comptabilité doté d’une compétence sans faille en techniques comptables capable de résoudre avec efficacité et efficience les problèmes comptables et financiers qui se posent au sein de l’entreprise. Pour ce faire, il doit posséder trois (03) savoirs : le savoir-être, le savoir théorique et le savoir-faire en comptabilité et finances.

Parmi ces trois savoirs, le savoir-être est important. ” Ne dit-on pas que science sans conscience n’est que ruine de l’âme “. Ce n’est pas le savoir intellectuel qui fait l’homme ou la femme, c’est l’homme qui fait le savoir intellectuel. En d’autres termes, c’est sa personnalité qui lui permet de valoriser les deux autres savoirs. Les deux autres savoirs sont à la portée de tout un chacun alors que le savoir-être est sélectif. Ce savoir permet à l’expert- comptable d’être irréprochable aux plans éthique et déontologique. Cela ne veut pas dire qu’il est infaillible, cela ne signifie pas que l’expert-comptable qui contracte une obligation de moyens ne commet pas involontairement des erreurs, car ne dit-on pas que ” nul n’est infaillible “. Cela veut dire que l’expert-comptable est objectif et qu’il n’utilise que les moyens techniques pour résoudre les problèmes comptables et financiers que l’entreprise lui a soumis. C’est là où interviennent le savoir théorique et le savoir-faire, c’est-à-dire la possession du diplôme d’expertise comptable national ou étranger et une longue expérience professionnelle en comptabilité et en révision comptable. C’est pourquoi la formation de l’expert-comptable ou de Chartered Accountant anglophone inclut un long stage professionnel obligatoire d’au moins trois (03) ans suivi et contrôlé par un Expert-comptable diplômé ou dans une entité économique et financière où le stagiaire exerce une formation comptable et financière. Le stage est sanctionné par la rédaction de rapports périodiques relatant les travaux comptables effectués par le stagiaire.

C’est après avoir satisfait à ces critères de formation et de diplôme spécifiquement comptables que l’on acquiert les compétences en expertise comptable. Sans la satisfaction de ces obligations, nul ne doit s’octroyer ou se faire octroyer le titre d’expert-comptable. Les équivalences de diplôme ou de concours sanctionnant des formations supérieures en gestion, en économie et en droit (licence, CAPES, Agrégation), en l’absence de formations complémentaires et pratiques professionnelles en comptabilité et finances sont fallacieuses et aboutissent à mettre sur le marché des pseudo-experts -comptables qui déshonorent la profession et constituent une injustice à l’égard des vrais experts comptables.



Ces amalgames et confusions portent préjudices à la profession d’expert comptable. Ils sont les faits de certains ordres d’expert-comptable coiffés d’autorités de tutelle qui s’ingèrent dans le fonctionnement de ces ordres et les obligent à accorder le titre d’expert-comptable à des personnes qui n’ont aucune compétence en la matière. Les commissaires du gouvernement auprès de ces ordres ignorent tout de leur mission qui est de dire le droit et non d’être des agents des ministères de tutelle. En outre, ces ordre qui comprennent des experts-comptables et des comptables agrées ignorent l’évolution de la profession comptable dont la plupart des travaux comptables (tenue des comptes et financiers, établissement des états comptables) sont informatisés, ce qui constituait l’essentiel des missions du comptable agrée. Il y a donc lieu de fusionner ces deux catégories de professions comptables.

Ces dysfonctionnements mentionnés ci-dessus se rencontrent particulièrement dans les pays francophones qui ont crée des ordres d’expert-comptable en les coiffant d’autorités administratives de tutelle contrairement aux pays anglophones où la profession d’expert-comptable est plus importante et plus développée et qui adoptent la voie de l’Association pour organiser la profession d’expert-comptable. Au lieu d’élaborer des plans comptables officiels bureaucratiques, les anglo-saxons pragmatiques procèdent par le biais d’associations d’experts comptables à l’élaboration des normes comptables souples et facultatives, ce qui donne une flexibilité et colle aux besoins d’informations économiques et financières des entreprises.

Ces besoins sont multiples et complexes qui vont de la comptabilité proprement dite aux audits et à l’analyse financière et économique des comptes, à savoir :

– les pièces comptables et la tenue des comptes et l’élaboration des états financiers de synthèse conformément aux plans comptables (SYSCOA/OHADA) ou aux normes comptables édictées par les associations d’experts comptables (pays anglophones) ;

– les diagnostics et les conseils comptables (des circuits des pièces comptables et de procédures comptables et financières) et les recommandations en résultant ;

– la révision ou l’audit des comptes en vue de fiabiliser les informations comptables et financières à destination des investisseurs des tiers, des institutions bancaires et financières et des pouvoirs publics ;

– Les relations avec le secteur financier

– Les conseils et analyses comptables et financiers en vue d’améliorer la rentabilité des capitaux engagés par l’entreprise (comparaison du fonds de roulement et du besoin de fonds de roulement d’exploitation, rentabilité, flux de trésorerie ou cash flow) ;

– La formation continue du personnel comptable.

Cet ensemble de besoins d’informations comptables et financières élaboré par l’expert-comptable permet au chef d’entreprise de prendre de bonnes décisions de gestion.

L’expert-comptable n’est ni un conseil fiscal, ni un conseil juridique de l’entreprise mais il peut examiner l’aspect fiscal de ses interventions comptables. A ces missions contractuelles s’ajoutent les missions légales et judiciaires. Il s’agit des commissariats aux comptes ou audits légaux que la loi, dans certains pays impose à certaines entreprises à raison de leur importance juridique et financière et, les expertises comptables judiciaires ordonnées particulièrement par les juges et tribunaux consulaires. Ces missions sont incompatibles avec les missions comptables contractuels que l’expert-comptable accomplit au sein de l’entreprise.

Les missions comptables légales et judiciaires n’existent pas dans tous les pays et sont incertaines quant à leur octroi et leur durée. Elles sont révocables à tout moment sans préavis (commissariats aux comptes) ou irréalisables faute de pièces et documents comptables (expertise comptable) ou souvent à cause des procédures judiciaires en cours. Les règlements des honoraires de l’expert-comptable judiciaire posent souvent problème nonobstant la similarité des techniques d’expertise comptables utilisées dans les deux catégories de missions.

Avec l’avènement des technologies électroniques, l’expert-comptable utilise de moins en moins les procédés manuels, ce qui augmente son efficacité et la fiabilité des informations comptables et financières fournies à l’entreprise.

Les progiciels comptables (logiciels pour professionnels comptables) ont considérablement modifié le travail de l’expert-comptable en réduisant son intervention dans les travaux comptables répétitifs et courants (tenue des comptes, élaboration des balances et états financiers de synthèse).

Les missions comptables contractuelles au sein de l’entreprise restent, entre autres, la révision des comptes, les analyses comptables et financières, les conseils comptables et financiers, la formation continue du personnel. L’expert comptable doit penser à d’autres évolutions dans ses missions. Au-delà de la comptabilité, l’expert-comptable doit s’orienter de plus en plus vers le conseil de gestion au sein de l’entreprise. Avec ces analyses et conseils comptables et financiers, l’Expert-comptable est appelé à être le principal lanceur d’alerte à l’attention du chef d’entreprise.



Tiécoro DIAKITE
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