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Yacouba Diakité, coordinateur du « Réveil citoyen du Mali » « Le bilan d’IBK est très amer »
Publié le jeudi 31 mars 2016  |  L’aube




Après la plainte du Biprem pour « haute trahison et mauvaise gouvernance » et la création d’un mouvement de contestation dénommé « Ras-le-bol », le pouvoir fait face à un nouveau front qui vient se manifester sous l’appellation « Réveil citoyen du Mali ». Tout comme les deux autres associations, cette nouvelle organisation de jeunes entend dénoncer la mauvaise gouvernance du régime en place qui a engendré un malvivre généralisé dans le pays. Dans un entretien exclusif accordé à L’Aube, Yacouba Diakité, coordinateur national du Mouvement « Réveil citoyen du Mali », s’explique. Il dénonce…



L’Aube : Pourquoi la création du mouvement “le Réveil citoyen du Mali” ?



Yacouba Diakité : Nous avons créé le réveil citoyen du Mali avec plusieurs associations, par ce que nous sommes animés par le même sentiment, un sentiment de déception et surtout de trahison. Au lendemain du coup d’Etat en 2012, nous avons tous pensé que le président qui serait élu allait répondre aux besoins de ce peuple, qui a tellement souffert le martyr. Alors, nous avons assisté à une victoire écrasante du président de la République IBK en 2013. Qui par la suite a également eu la majorité à l’Assemblée Nationale. Malheureusement pour le peuple nous assistons depuis sa montée à Koulouba à des détournements des ressources de l’Etat, la gabegie financière, la corruption, l’injustice…

Donc, aujourd’hui nous avons pensé qu’il serait non judicieux de rester sans agir, sans rien dire face à cette catastrophe. Alors, nous avons décidé de prendre et d’assumer nos responsabilités. Comme l’a dit Thomas Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa propre révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort ». Nous considérons que nous sommes actuellement les esclaves du régime IBK et c’est à nous le peuple d’assumer notre propre révolte.

Est-ce une association de trop ou vous comptez réellement occuper une place de choix dans l’arène ?

Non, ce n’est pas une association de trop. Parce que, nous visons l’intérêt général de tout le peuple malien. Notre engagement prioritaire et fondamental, c’est l’amour pour le pays : le peuple doit profiter des ressources de son pays. C’est cela notre préoccupation. Chaque association ou plate-forme a son but, ses objectifs. Notre but, c’est de lutter contre la mauvaise gouvernance, le népotisme, le clientélisme… bref, tous les maux qui sont érigés en système de gouvernance par nos dirigeants actuels et qui font le malheur de la population malienne. Nous constatons que la gestion du pays est très mauvaise. Il faut que la jeunesse se lève, qu’on se donne la main pour dire NON : que rien ne va plus dans notre pays et qu’il faut pouvoir changer les choses.

Pourquoi aviez-vous attendu longtemps avant la mise en place de cette plateforme ?

Nous n’avons pas attendu jusqu’à maintenant pour nous faire entendre. Vous savez, nous sommes tous des leaders d’associations. Je peux dire que nous avions juste besoin de temps pour nous regrouper au sein d’une plateforme car elle regroupe plusieurs associations. Et chacune de ces associations a des objectifs précis. Toutes ces associations œuvrent surtout dans le cadre de la promotion des libertés publiques et individuelles, au-delà la promotion de la démocratie. Alors, qui parle de démocratie, doit impérativement parler de droit et devoir du citoyen. Nous sommes en train de sensibiliser au sein de nos associations et aussi de la population sur le respect des droits et du devoir des citoyens. Et au même moment la gestion des ressources du pays nous interpelle tous. Nous avons beaucoup réfléchi et nous avons pensé qu’il ne serait pas intéressant d’aller de manière disperser. Il nous faut une union d’action, qu’on se réunisse ensemble, qu’on crée un mouvement qui réunira toutes ces associations et ensuite fixer un objectif commun. Voilà pourquoi nous avons créé “le Réveil citoyen du Mali”.



Avez-vous les moyens de votre ambition ?

Nous avons les moyens et nous avons besoin des moyens. Nous sommes tous engagés dans cette lutte. Comme je l’ai dit, ce n’est pas une lutte d’intérêt particulier à défendre mais d’intérêt général. Quand nous disons officiellement que nous soutenons la CSTM (Confédération syndicale des travailleurs du Mali), c’est parce que cette confédération regorge en son sein plusieurs syndicaux des travailleurs. Ce qui touche les travailleurs nous touche aussi, nous y avons des parents, des amis…

Nous agissons en faveur de tout ce qui pourra constituer un intérêt collectif. Les doléances de la CSTM contiennent des points relatifs à la vie de la société malienne. Les revendications concernant la réduction du prix de l’essence, de l’électricité et de l’eau, profiteront à tous les Maliens. Donc, on n’a pas besoin d’être travailleur pour soutenir et lutter afin que ces revendications soient prises en compte par l’Etat.

Je peux dire qu’on a les moyens parce que nous sommes très engagés, nous sommes surtout animés par l’amour à la patrie et l’attachement à notre pays.



Vos remarques par rapport à la gestion du pays

Le bilan d’IBK est très amer. Le hic ? Ce n’est pas seulement ce constat, mais surtout qu’il n’a aucune vision pour un lendemain meilleur. Il faudrait aller d’abord d’un programme qui a été initialement établi afin de constater ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. Nous remarquons que la gestion d’Ibrahim Boubacar Keïta est basée sur le tâtonnement. Il n’y a pas de ligne directive, ni de vision, encore moins de perspective pour le Mali. Nous ne savons même pas ce qu’on peut dire de bien du bilan de ce régime. D’abord, les premiers actes posés par ce régime ont été marqués par des détournements (les surfacturations sur l’achat d’armement pour les militaires, l’avion présidentiel, l’engrais frelaté, les tracteurs pour les paysans…), même le vérificateur général de la République a publié un rapport sur ces cas. Et ce qui fait encore plus de mal, c’est que nous n’avons jusque-là vu aucune enquête judiciaire s’ouvrir. Ce qui prouve que la justice ne fait son travail. Et pour cause…

Nous sommes là pour dire NON au gouvernement par rapport à la manière de diriger le pays : il faut que cela change.

Etes-vous d’accord à associer d’autres associations et mouvements à votre démarche ?

Oui. Toutes associations ou mouvements qui ont le souci et l’amour du Mali, qui veulent se battre pour l’intérêt général des Maliens qui manifestent le besoin seront associés, si elles veulent venir.



Quelles sont les futures actions du RCM ?

Nous allons organiser un meeting de soutien au journaliste disparu, Birama Touré. Nous comptons également tenir des sit-in pour demander au président de la République de s’exprimer officiellement sur sa gestion des affaires de l’Etat, sur l’inapplication de l’accord d’Alger et bien d’autres sujets d’intérêt national. Nous envisageons aussi des activités en partenariat avec des regroupements comme « An torola » et CSTM…

Un appel ?

Notre appel s’adresse à la jeunesse malienne. Il est temps qu’on se donne la main pour notre patrie, qui est aujourd’hui en danger. L’insécurité s’est généralisée dans le monde, notre a été l’objet d’une attaque au début de cette semaine, tout comme la Belgique, la Côte d’Ivoire… Notre problème est que nos autorités sont conscientes de l’insécurité et au même moment, elles se livrent à des dépenses inutiles. Nos autorités doivent prendre conscience que notre armée a non seulement besoin de matériels, mais aussi de formation.

Je lance un appel à tous les jeunes, à toutes les associations qui se battent pour un lendemain meilleur pour le Mali, de nous rejoindre, afin que nous puisons mener ensemble ce devoir de génération.

Propos recueillis par

Mohamed Sylla
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