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Lettre de démission que le journal Carréfour propose au premier ministre Modibo Kéita, faute de résultats.
Publié le vendredi 1 avril 2016  |  CARREFOUR
Primature:
© aBamako.com par mouhamar
Primature: La passation de pouvoirs entre le PM sortant Moussa Mara et le PM entrant, Modibo Keita
Bamako, le 09 janvier 2015. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Moussa Mara et le Premier ministre entrant, Modibo Keita a eu lieu ce vendredi à la Primature.  




Le Premier Ministre Modibo KEITA

A son excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République, Chef de l’Etat.

Il y a exactement 15 mois que vous avez porté votre confiance en ma modeste personne pour diriger le gouvernement de la république du Mali. Vous avez mis en exergue mon expérience dans la pratique de l’Etat et de la délicate mission relative aux négociations de Paix d’Alger afin de rassembler la république dont l’unicité est en lambeau depuis Janvier 2012.



Excellence, Monsieur le Président de la république, en me confiant les reines du gouvernement, vous m’avez instruit les missions suivantes :

1-renforcer la confiance du président auprès du peuple qui l’a porté à la magistrature suprême avec un score historique ;

2- sauver non seulement votre régime, mais aussi le Mali, étant entendu que l’objectif final recherché est l’honneur du Mali et le bonheur des maliens promis dans le programme présidentiel ;

3- servir de gilet protecteur pour le Parti présidentiel contre les différents tirs croisés de l’opposition et de la société civile ;

4- mener à bon port les négociations entamées avec les groupes armés du Nord à Alger afin d’aboutir à une paix durable; mais non compromettante;

5- sauvegarder l’unité nationale, la laïcité, et la forme républicaine de l’Etat.

Excellence Monsieur le Président, en faisant une évaluation personnelle, sans complaisance de mon bilan à la tête du gouvernement, j’éprouve une honte totale vis-à-vis du Peuple Malien et de vous-même. Le bilan a été un échec patent pour moi sur les nombreux points suivants, faute de résultats palpables pour ma gouvernance ; ce sont :

1-l’arnaque que la CMA et la Plateforme viennent de procéder contre ma gouvernance en extorquant au trésor public la somme de 400 Millions FCFA pour une hypothétique Forum à Kidal auquel je ne suis pas invité ;

2-le franchissement des lignes rouges que vous m ‘avez fixées entant que votre haut représentant lors des négociations pour la Paix à Alger. Même s’il n’est pas écrit noir sur blanc dans l’Accord; je suis convaincu que les lignes rouges ont bougé et amènent à un fédéralisme à défaut de l’indépendance pour le territoire des groupes armés.

3- j’ai été incapable de maintenir la forme républicaine du Mali selon la constitution du 25 février 2012.En effet, l’Accord que nous avons entériné divise le Mali en deux entités. Chacune des entités a sa force militaire, sa justice régalienne ou islamique, son administration sa nation etc.;

4- l’Etat du Mali, n’est plus le seul à avoir le monopole de la force sur le territoire du Mali, les groupes armés en ont aussi au Nord ;

5- le Mali n’est plus un Etat constitué comme à l’indépendance en 1960, parce qu’il a perdu ses caractéristiques à savoir :le territoire ( notre autorité ne s’exerce plus sur l’ensemble de nos frontières) ;l’identité nationale ( certains groupes ne veulent plus de l’identité malienne),la souveraineté (l’Etat ne dispose plus de la justice, de police, de l’armée pour faire respecter ses lois, son ordre et ses frontières) parce que la France, le pays qui nous met constamment sous pression, auquel vous ne pouvez rien refuser et jouant au rôle de pyromane avait promis l’indépendance aux touaregs de Kidal.

6- l’Accord d’Alger que nous avons vanté et imposé au peuple n’était pas la bonne copie. Il a créé autant de territoires que de chefs de guerre et le monopole de l’usage de la force sur tout le territoire ne revient plus à l’Etat seul.

Aussi j’ai noté que la CMA, le HCUA, le MNLA sont toujours soutenus par la France. Kidal est une ville qui est interdite à vous et moi ainsi qu’à l’Administration et aux FAMAS. Nous avons accepté cette situation tous les deux, sans protestation ni aucune. Cet acte a été une grande trahison du peuple de notre part.

7nous avions évité de soulever dans les débats à Alger lors des pourparlers, les causes profondes des crises récurrentes, pour ne pas ainsi vider l’abcès qui gangrène jusque la vie de la république; et de nous permettre de finir au moins ce premier quinquennat

8- la MINUSMA dans la première résolution 2164 en 2014 disposait d’un mandat robuste, c’est-à-dire autorisé à employer la force pour réduire les poches de cadre des groupes armés sécessionnistes, elle a trahi le peuple malien sur marchandises pour n’avoir pas remis l’Etat dans ces droits et frontières. Ainsi dans la résolution 2227 du 27 juin 2015, le conseil de sécurité a fait semblant comme vous et moi de croire que le dialogue national inclusif indispensable a eu lieu à Alger et que les reformes politiques susceptibles de prévenir la résurgence de nouvelles révoltes armées ont été faites dans l’accord d’Alger.

Toute chose qui a mis le doute dans l’esprit des maliens quant à notre capacité de sauver l’intérêt du Mali ;

9- malgré ce climat tendu, les partis de l’opposition que vous avez qualifiés de « Petits Messieurs » nous accablent toutes les semaines lors des sorties médiatiques, y compris le chômage galopant des jeunes jusqu’à me couper constamment le sommeil ;

11- malgré notre volonté de ne pas couvrir les délinquants financiers aucun d’eux n’a été encore inquiété par la justice, parce que certains accusés sont du même bord politique que vous, Excellence.

12- malgré votre serment que les crimes odieux commis à Kidal le 21 mai 2014 ne resteront pas impunis, jusqu’-à ce jour, ils le restent. Mieux lesdits auteurs ont vu annulé les mandats d’arrêt lancés contre eux.

13-nous avons cautionné le complot international fomenté par la France contre le Mali en acceptant sans réserve le texte et l’esprit de l’Accord d’Alger ;



14- Je constate avec regret et amertume que ni Kidal ni Tessalit ne soient accessibles à l’Armée et à l’Administration Maliennes par la faute de la France qui nous empêche d’y être.

15-Je suis, contrairement à vous Excellence Monsieur le Président, convaincu que la loi sur les autorités transitoires, nous amène à l’abandon des régions du Nord dans les mains de la CMA et de la Plateforme qui n’ont jamais renoncé à l’idée de création de l’Etat d’azawad.

16-Je suis également persuadé que la France procède en ce moment à l’extraction de nos ressources minières à TESSALIT à la faveur de l’opération BARKHANE. Par cet acte vous avez offert sur un plateau d’argent TESSALIT à la France.

Excellence Monsieur le Président de la république, Prenant en compte toutes ces considérations, je vous présente ma démission à partir de ce jour et mois que ci-dessous indiqué

Je tiens à présenter mes excuses au peuple malien qui a beaucoup cru en moi en me traitant de « Grand commis de l’Etat». Malheureusement Excellence Monsieur le Président, nous sommes devenus le problème et non la solution pour le peuple malien. Aussi longtemps que je vivrai ; je n’oublierai jamais ce maxime de Marcus GAVEY « le hasard n’a jamais encore satisfait les espoirs d’un peuple qui souffre ».



Badou S KOBA
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