Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Djiguiba Keïta Dit Ppr A L’aube : « On ne peut pas aimer le Mali et céder à sa partition »
Publié le lundi 4 avril 2016  |  L’aube
Rentrée
© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture




L’Assemblée nationale a, le 31 mars 2016, voté le projet de loi portant mise en place des autorités intérimaires dans les régions du nord. L’opposition qui dénonce cette loi, a boycotté le vote. Pourquoi le Parena (parti pour la renaissance nationale) et les autres formations de l’opposition rejettent cette loi ? Que compte entreprendre l’opposition dans les jours à venir ? La gouvernance d’IBK ? Djiguiba Keïta dit PPR, secrétaire général du Parena répond. Interview.

L’Aube : Le 31 mars dernier, l’Assemblée nationale a voté le projet de loi portant mise en place des autorités intérimaires dans les régions du nord. Or, l’opposition avait manifesté son désaccord par rapport audit projet. Pourquoi vous êtes contre ?

Djiguiba Keïta dit PPR : Parce que cette loi est la résultante de l’Accord de capitulation que le gouvernement a signé avec les rebelles. Dans ledit Accord, il est prévu, trois mois après sa signature, la mise en place des autorités chargées de gérer l’administration des communes cercles et régions pendant la période transitoire. L’inacceptable, c’est que l’Accord signé sans l’implication des autres régions voudrait s’appliquer à toutes. Comme c’est un gouvernement qui cède tout à ceux qui ont pris les armes contre la République, il va élaborer un projet de loi qui leur fait la part belle pour l’installation des autorités intérimaires. Ainsi, pour une commune de 17 conseillers, le gouvernement en désigne 5, la CMA 5, la Plateforme 5 et les autorités coutumières 2. On ne voit donc aucune ambition de résistance face aux rebelles, rien que de la capitulation de bout en bout! Pour qu’une commune soit dotée d’autorités intérimaires, il faut le constat de carence de fonctionnement du représentant de l’Etat. Mais, dans la pratique, le Gouvernement, à travers Ag Erlaf, (l’un des plus grands bénéficiaires de la Révolution de Mars 91, après Moussa Traoré et Choguel) va plus loin: il systématise : toutes les communes de toutes les régions du Nord du pays vont être dotées de ces fameuses autorités intérimaires. Qu’est-ce à dire ? Que même la commune de Goundam, bien tenue, et qui a résisté même aux djihadistes, où il n’y a l’ombre ni de la Plateforme, ni de la CMA, va être dotée de ces inadmissibles autorités intérimaires. Et, devant l’Assemblée Nationale, Ag Erlaf, toujours lui, fort de ” la prime aux armes” (dixit le Chef de file de l’Opposition), dans une faconde qui n’a pas de qualificatif, dit que la loi, ce n’est pas que pour le Nord, mais pour l’ensemble du pays. C’est à dire que demain, si à Ségou ou Kayes, il y avait des constats de carences dans ces communes urbaines, à la carte, on va diviser le nombre de conseillers par les trois parties : le Gouvernement de capitulation, la CMA et la Plateforme. Vous croyez que les Maliens sont si lâches pour accepter cela? Je ne le crois pas!



Quelle est alors votre réaction après le vote de l’Assemblée ?

Sans surprise, avec cette majorité “godillot”, la même qui a refusé notre motion de censure contre le PM Mara qui a humilié notre armée et notre nation après son hasardeux voyage de Kidal avec la bénédiction du président de la République. Sans surprise, mais indigné que des citoyens que je prenais pour aussi patriotes que moi aient osé voter une telle loi. Désormais, je doute fort de leur patriotisme: on ne peut pas aimer le Mali et accepter qu’il soit si dépecé avec des gens qui ont les mains aussi entachées du sang malien. On ne peut pas aimer le Mali et céder à sa partition comme l’application de cette loi nous y conduit.

Qu’est-ce que l’opposition compte entreprendre pour faire échec à cette loi ?

On a déjà annoncé la couleur lors de notre conférence de presse la veille du vote de la loi. Le plus tôt possible nous allons nous réunir. Si les conditions de saisine de la Cour Constitutionnelle sont réunies, nous allons la saisir (en n’oubliant pas que nous ne sommes pas en Afrique du Sud). Mais le combat politique contre cette loi a déjà commencé: la résistance å cette loi devient un DEVOIR pour tout patriote tant l’injustice qu’elle crée, la place exorbitante qu’elle donne à la CMA et à la Plateforme est inacceptable. Nous allons, à toute occasion, dénoncer le manque de lucidité de la majorité suiviste qui veut nous amener à la partition du pays. Vous savez, le Mali est dans la posture des capitulards pendant la seconde guerre mondiale à qui Churchill a dit : “vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur, vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre”.



D’aucuns parlent de pas supplémentaire dans le sens de la partition du Mali. Êtes-vous de cet avis ? Comment ?

Certainement. Parce qu’on est en train de céder aux rebelles des pans entiers de notre territoire qu’ils ne contrôlent même pas, d’où ils sont presque absents. Avec le bonus de pouvoirs exorbitants qu’une collectivité territoriale ne devrait pas avoir.



Quelle appréciation faites-vous du forum qui vient de se tenir à Kidal, sans la participation du gouvernement ?

C’est la preuve de l’abandon du Nord par l’Etat. Ce qui est encore plus aberrant c’est, dans la frilosité la plus inacceptable, le financement par l’Etat, sur nos maigres ressources, de 354 millions pour ce fameux forum et la rencontre d’Anéfis, tenue quelques mois avant. Non seulement il n’y a donc pas d’actes posés dans le sens de la restauration de l’Etat, mais au contraire, on peut dire que l’Etat arme, par des financements du genre, la rébellion.

Quel regard jetez-vous (une fois de plus) sur la gouvernance du régime en place ?

À la longue liste des coups toujours portés à notre économie et à notre crédibilité, on peut ajouter la couardise dont fait montre le pouvoir dans la mise en œuvre de l’Accord de capitulation d’Alger. Vous avez idée? La CMA et la Plateforme n’ont même pas de récépissé, mais lâchement, le gouvernement qui ne voulait pas se mettre à leur niveau, a fortiori se laisser trimbaler par elles, se couche maintenant devant elles et les accepte même là où leur nom n’est pas connu. Je crois que cette fois la coupe est pleine. Nous sommes obligés d’arrêter le gouvernement dans sa dérive dans la capitulation, sinon, bientôt, il n’y aura plus de Mali.



Les Maliens souffrent (financièrement et économiquement). Peu sont les familles maliennes capables à s’offrir actuellement un seul repas quotidien. Mais l’on n’a pas entendu le Parena et l’opposition s’exprimer sur ces sujets qui touchent au quotidien la population. Pourquoi ?

Nous nous préoccupons beaucoup du panier de la ménagère. Même ã notre dernière conférence de presse, nous alertions sur la flambée des prix tout en demandant au gouvernement de veiller là-dessus sans attendre le mois de Ramadan. Tout le monde sait que le temps est révolu où on tirait le diable par la queue. Maintenant, le diable n’a même plus de queue !



L’insécurité gagne nos villes et campagnes. Quelles solutions proposent le Parena pour éviter le pire ?

Gouverner, c’est prévoir. Nous avons une gouvernance chaotique qui n’a aucun plan de sortie de crise et joue toujours au pompier. Jamais d’anticipation, jamais d’offensive! Quel dommage pour nous!

Propos recueillis par CH Sylla
Commentaires