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Afrique : Une société civile faible mais émergente
Publié le lundi 4 avril 2016  |  L’Inter de Bamako




La société civile africaine est embryonnaire mais en voie d’émergence. Les organisations syndicales et professionnelles sont limitées. Les syndicats ne concernent que les salariés notamment les fonctionnaires. Les partis politiques sont devenus multiples. « Le parti unique a perdu sa légitimité comme forme d’organisation capable de conduire sur la voie du développement. Même dévoyé, le multipartisme laisse ouvert un espace de débat public ».
Les Organisations non gouvernementales (ONG) ont émergé comme acteurs essentiels de la géopolitique. Le Burkina Faso a été qualifié d’ « ONG-land ». Il s’agit d’interventions externes, structurées et volontaristes qui cherchent à dynamiser et inculper le changement social.
Leur impact doit être étudié en fonction des capacités des organisations locales à perdurer (pérennité et soutenabilté). Elles sont des organisations économiques, médiations de l’aide, qui relèvent d’un mécanisme de coordination distinct du marché ou de l’Etat. Elles sont fondées sur la solidarité et une citoyenneté transnationale.
A l’échelle internationale, la montée des ONG et de la société civile peut être mise au regard du marché et de l’Etat. On peut différencier, en reprenant les distinctions de Polanyi ou de Perroux, trois représentations types d’économie : l’économie marchande fondée sur le principe de l’échange, de l’intérêt privé, la recherche de la rentabilité et de la compétitivité ; l’économie publique fondée sur la prestation/ redistribution, la contrainte, la recherche de l’intérêt général et l’autorité ; l’économie solidaire fondée sur la réciprocité ou la coopération, la recherche de l’intérêt ou du bien commun et la solidarité.
Ce triptyque doit être affiné en raison des chevauchements de frontières entre ces trois formes, des différences d’échelle auxquelles elles se réfèrent et de leur caractère évolutif. On observe des formes d’hybridation de ces trois formes avec mutualisation des ressources privées, publiques et associatives et différentes formes de partenariats. Le poids de chacune de ces économies diffère selon les sociétés.
La reconfiguration et la complexification de l’économie de marché à dimension mondiale, l’économie publique à dimension nationale et l’économie solidaire à dimension locale. L’économie sociale et associative a pris une dimension mondiale avec les organisations de solidarité internationale et l’émergence d’une citoyenneté transnationale.
Les ONG jouent un rôle croissant de contre- pouvoirs (mouvements altermondialistes), dans l’aide humanitaire, dans l’émergence des grandes questions, voire dans les agendas des négociations internationales et dans une démocratie participative. Elles posent, toutefois, la question de leur légitimité et des limites des actions d’urgence et (ou) non coordonnées.
L’humanitaire et l’urgence sont devenus des marchés de captation de l’aide et des enjeux médiatiques se faisant aux dépens du développement. La catastrophe jouant sur la compassion, l’élan humanitaire et privilégiant la charité est à mettre en relation avec la montée du libéralisme économique et la défaillante des Etats pour assurer la sécurité et l’équité.
Des mutations sociales rapides
Il importe de prendre en compte, en situation de crise ou de catastrophes telles que les guerres ou le sida, l’accélération des mutations. Celles-ci concernent l’accroissement des luttes foncières, de nouveaux acteurs tels que les scolarisés chômeurs ou les urbains propriétaires en milieu rural, le rôle croissant de l’informel urbain ou les camps de refugiés.
Il en résulte de nouvelles structurations spatiales avec l’apparition de zones de transgression, des espaces frontaliers échappant aux pouvoirs centraux et des nouveaux pôles régionaux ainsi que des nouvelles forces politiques comme celles des Eglises, des sectes ou des divers groupes d’appartenance. De nombreuses interrogations apparaissent ainsi. D
ans quelle mesure les logiques redistributives peuvent-elles jouer, dès lors que la rente transitant par l’Etat se réduit ? En quoi les solidarités peuvent-elles se maintenir dans un contexte d’aggravation des différenciations sociales et des inégalités de revenus ?En quoi les migrations peuvent-elles jouer un rôle régulateur quand il y a exacerbation des nationalismes exclusifs et mise en place de droits de propriété privés ?
Source : Géopolitique de l’Afrique 2è édition
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