Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Processus de paix au Mali : Des rebelles engraissés aux dépens de leurs victimes mourant de faim dans les camps de réfugiés
Publié le mercredi 6 avril 2016  |  Le Reporter
Le
© AFP par AHMED OUOBA
Le président du Burkina Faso reçoit des rébelles touareg maliens du MNLA prêts.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a reçu jeudi à Ouagadougou la rébellion touareg malienne du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).




Plus de 30.000 de nos compatriotes sont aujourd’hui menacés de faim dans les camps de réfugiés du Burkina Faso. Une situation qui ne semble pas préoccuper nos décideurs, qui continuent à engraisser les marchands d’illusions. Les 400 millions jetés par la fenêtre pour financer le Forum de Kidal et le financement des fameuses «initiatives de paix» auraient pu largement contribuer à maintenir l’espoir dans ces camps.
«Nous sommes oubliés par les autorités maliennes plutôt préoccupés à satisfaire les caprices de ceux qui sont à la base de notre malheur, c’est-à-dire les chefs de la rébellion» ! C’est le discours que nous entendons souvent dans les camps de réfugiés maliens au Niger, en Mauritanie et surtout au Burkina Faso. Un sentiment d’abandon malheureusement conforté chaque jour par les actes posés par le gouvernement.
Ainsi, tandis que nos compatriotes vivent dans la précarité totale et sont aujourd’hui menacés de faim dans les camps du Burkina Faso, le gouvernement se permettait de financer une rencontre ayant permis à la Cma de nous rappeler que Kidal est la future capitale de l’Azawad et non la 8ème région administrative et économique du Mali. Une initiative pourtant financée à hauteur de 400 millions de Fcfa que les leaders de la rébellion se sont partagés. Même si la Cma ne reconnaît avoir reçu que 100 millions.
«Si de nouvelles contributions ne sont pas reçues d’urgence, 31.000 réfugiés maliens risquent d’être privés d’assistance alimentaire durant les trois prochains mois», ont alerté la semaine dernière le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR) dans un communiqué conjoint. «La période de soudure qui approche est le moment où ils sont particulièrement vulnérables et ont le plus besoin de soutien», ont précisé ces organisations. Selon le communiqué, «le PAM a besoin de toute urgence de 2,5 millions de dollars américains (près de 1 440 840 400 Fcfa) pour apporter aux réfugiés maliens l’assistance dont ils ont besoin pour survivre».
Depuis 2012, le PAM et l’HCR appuient le gouvernement burkinabè et les Ong pour venir en aide aux réfugiés qui ont fui le conflit au Nord du Mali. En 2015, le PAM avait fourni une assistance alimentaire à plus de 31.000 réfugiés maliens, sous forme de vivres et de transferts monétaires. «Mais, depuis le début de l’année, faute de ressources suffisantes, le Programme n’a pas pu fournir l’assistance alimentaire en espèces et les rations alimentaires ont été réduites», indique le communiqué.
«Les réfugiés maliens sont déjà exposés aux effets néfastes des sécheresses récurrentes, aux inondations et à la pauvreté chronique… Sans soutien de la communauté internationale, il y a beaucoup de risques que ces populations aient recours à des stratégies désespérées, comme le ralliement des jeunes aux groupes armés», a prévenu la représentante du HCR au Burkina Faso, Mme Gogo Hukportie. «Dans la mesure où la situation dans le Nord du pays demeure instable, nous nous attendons à ce que peu de réfugiés retournent au Mali en 2016», a ajouté Mme Hukportie du HCR.
Et cela, même si le ministre de la Décentralisation et des Réformes de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf, prétend que la mise en place des Autorités intérimaires va accélérer le retour des réfugiés. Nous sommes curieux de voir cela. Curieux de voir des collèges imposés réussir là où les autorités légitimes ont presque échoué : faire revenir les déplacés et les réfugiés dans leur localité d’origine !
En 2012, une centaine de milliers de personnes majoritairement du Nord et du Centre du Mali, fuyant les exactions et les attaques des jihadistes, ont trouvé refuge au Burkina Faso voisin. Une situation qui ne semble pas pour autant préoccuper les autorités maliennes. Au lieu de créer les conditions favorables au retour de ces réfugiés et déplacés pour organiser de nouvelles élections (communales et régionales), elles cèdent au chantage des ex-rebelles pour mettre en place des Autorités transitoires (loi votée le 31 mars 2016 par l’Assemblée nationale). Des Autorités qui vont travailler à conforter la mainmise des bandits armés voire des brigands et des terroristes sur le Nord de du Mali, au lieu d’œuvrer sincèrement au retour de la paix afin que tous ceux qu’ils ont poussé à partir par les armes, puissent retrouver leurs terres et vaquer dignement à leurs occupations.
Acculé par la Cma, la Médiation et la communauté internationale pour la mise en œuvre d’un accord pour la paix, le gouvernement ne semble avoir aujourd’hui d’autres priorités que de financer des «initiatives de paix et de réconciliation» qui constituent aujourd’hui un juteux fonds de commerce pour les leaders plus que jamais attachés à leur Azawad et des escrocs à col blanc des salons feutrés de Bamako.
Bientôt des milliardaires de la paix et de la réconciliation nationale
Il est clair que nombreux cadres des départements ministériels ainsi que des leaders de société politique, pardon société civile, y trouvent aussi leur compte. Après les milliardaires de la Sécheresse, de la Démocratie, d’Air cocaïne, ne soyons donc pas surpris d’avoir affaire bientôt à ceux de la Paix et de la Réconciliation nationale.
C’est cela aussi un principe de fonctionnement de la République des profits qui a dévoré celle des valeurs depuis le coup d’Etat du 19 novembre 1968. Et comme le déplorait un doyen de la presse écrite sur les réseaux sociaux, «l'argent du contribuable malien est décaissé et mis à la disposition d'une poignée d'individus qui prennent tout le pays en otage».
Après l’échec du Forum de Kidal financé par le gouvernement à hauteur de 400 millions de Fcfa, il est clair aujourd’hui que la paix est prise en otage par la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) qui joue un double jeu : faire semblant d’adhérer au processus de paix afin de profiter de la manne financière et maintenir l’espoir de la création de la République de l’Azawad, promise aux populations ! Présentement, si les «anciens» (???) alliés d’Iyad Ag Ghali étaient de bonne foi, le pays aurait pu faire un bond prodigieux dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix au bénéfice du Forum avorté à Kidal. Une rencontre où il n’a été malheureusement question que de l’Azawad.
Pour la majorité de nos interlocuteurs, c’était l’occasion souhaitée pour régler définitivement la situation de Kidal en permettant non seulement à l’administration de s’y déployer, mais aussi aux Forces armées et de sécurité du Mali de reprendre le contrôle de la région ! Quitte à y organiser des patrouilles mixtes avec ceux qui ont égorgé leurs camarades à Aguelhok au début de la rébellion et récemment, dans la même ville de Kidal après la visite en mai 2014 de Moussa Mara, alors Premier ministre.
Curieusement, IBK et son gouvernement sont les seuls à comprendre que la paix ne fait pas l’affaire de la Cma. Visiblement, elle cherche à gagner du temps car déterminée à jouer son va-tout pour obtenir le fédéralisme, à défaut de la fameuse République de l’Azawad. Et l’accord signé à Bamako en mai et juin 2015 lui donne cette opportunité, car il est biaisé en leur faveur.
Le pouvoir actuel est prêt à tout pour parvenir même à un semblant de paix pour se donner une chance de réélection en 2018. Devons-nous fermer les yeux pour voir son gouvernement violer la Constitution et brader notre République à ses pires ennemis ? Alors, nous serons complices devant l’Histoire. Le patriotisme veut que les démocrates et les patriotes agissent dès maintenant.
Il faut, par exemple, que l’Opposition politique et la société civile rassemblent les meilleurs juristes du monde pour attaquer devant la Cour constitutionnelle la loi adoptée par l’Assemblée nationale, autorisant l’installation des Autorités intérimaires dans les régions du Nord du Mali. Une flagrante violation de notre Constitution. Sur le plan juridique, l’accord ne peut prédominer cette Constitution. Rien ne sert de continuer à dénoncer ! Il faut agir !
Hamady TAMBA
Source: Le Reporter
Commentaires