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En s’attaquant à la presse, Issaka Sidibé se trompe de combat
Publié le jeudi 7 avril 2016  |  Le Prétoire
Première
© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires.Photo: Honorable Issaka SIDIBE




Le président de l’Assemblée Nationale a perdu le sens de la réalité et s’est trompé de combat en s’en prenant aux hommes de médias. En effet, le lundi 4 mars dernier, à la faveur de la cérémonie d’ouverture de la session ordinaire du mois d’avril, il a lancé des flèches en direction de la Presse qu’il a accusée de tous les maux d’Israël. Saint Isaac s’est d’autant plus trompé de cible et de combat qu’il se devait lui-même d’être un exemple pour prétendre donner des leçons aux autres, surtout à la presse.

«Nous assistons quotidiennement dans la presse écrite et audiovisuelle, surtout celle dite libre ou privée, à des atteintes graves à l’honneur, à la dignité et à la réputation des personnalités publiques et privées, à des incitations à la violence ou même à la haine. Des excès qui sont totalement en déphasage avec le rôle que ces organes doivent jouer dans une société démocratique. Nous décrions donc haut et fort ces dérives médiatiques du monde de la presse», C’est en ces termes que le Président de la respectable institution de la République s’en est pris aux hommes de médias.

La presse exerçant un métier d’information, d’éducation, de dénonciation, de critique et de suggestion ne peut se refuser d’accepter des critiques. Oui aux critiques, oui aux suggestions. Mais non à des dénonciations calomnieuses, surtout celles venant de ceux-là qui ne constituent pas forcément des modèles pour notre société. D’ailleurs, les journalistes et plus d’un observateur en sont encore à s’interroger qui sont ces personnalités auxquelles Saint Isaac fait allusion et dont l’honneur et la dignité ont été écornés par la presse ? Comment et quand la presse privée malienne a-t-elle incité à la haine et à la violence ? Voilà des questions auxquelles l’honorable Issaka Sidibé est appelé à répondre. Lui Sidibé qui, faut-il le rappeler, doit le perchoir suite à une réunion secrète à Sélingué où des responsables de son partis ont tordu le cou à la démocratie, en proposant Saint Isaac au poste de président de l’Assemblée nationale du Mali.

Ce n’est pas parce que la presse en a fait un non événement qu’elle est en déphasage avec le rôle qu’elle doit jouer dans une société démocratique. Ce n’est pas parce que la presse n’a pas suffisamment d’éléments contre lui, surtout lors de certains de ses voyages à l’étranger. Par responsabilité, elle juge que certaines informations sur le «donneur» de leçon relèvent de la vie privée de ce dernier. Et cela, bien que la vie privée d’un homme public soit restreinte. Au lieu de saluer cette responsabilité combien salutaire, Issaka Sidibé se permet de tenter de ternir l’image de toute une corporation. Mais qu’il sache que la Presse malienne sait qui est qui dans ce pays. Partant, nous tenons à préciser que le rôle de la presse est et demeurera la dénonciation des dérives et des errements des hommes politiques et surtout d’un régime qui affiche, jour à après jour, une gueule de bois.

Une calamité dénommée Issaka Sidibé
Jamais, de mémoire de Maliens, l’Assemblée nationale du Mali n’a connu un président aussi distrait pour ne pas dire carrant qu’Issaka Sidibé. A titre d’exemple, malgré les deux années et demi qu’il a passées au perchoir, le controversé Issaka Sidibé ne maîtrise toujours pas le règlement intérieur de l’institution qu’il dirige. Cette ignorance, il la met à nu à chaque plénière. Dans sa dérive autoritaire, il va jusqu’à traiter ses collègues honorables députés d’animaux de cirque. Justement, c’est parce que l’Assemblée nationale est devenue un cirque que lui Issaka la préside. C’est la pire erreur de l’histoire démocratique du Mali qu’un parti présidentiel ait commise en portant un tel homme à la tête d’une institution aussi respectable que l’Assemblée nationale. Donc, cette sortie hasardeuse ne surprend guère. Car, son rôle et même parfois le poids des responsabilités qui lui incombent lui échappent.

L’accident de l’histoire qu’il est, le donneur de leçon qu’il veut être ne lui sied guère. Il faut être un amnésique pour ne pas voir que la presse libre et indépendante joue pleinement son rôle de veille. Lui Saint Isaac ne saurait nier cette évidence. Adviendra que pourra. L’Assemblée nationale n’est jamais tombée aussi bas que sous son règne, la procédure parlementaire n’y ayant jamais été respectée depuis le début de cette législature, en 2013. Son attitude, à chaque session, envers ses collègues et l’opinion publique est loin d’être honorable. Prenant ses fantasmes pour des réalités et se croyant en terrain conquis, le Président Sidibé n’a jamais cessé de surprendre des Maliens qui voient en lui un homme comique, pour ne pas dire un clown.

Ce n’est pas aujourd’hui qu’il va apprendre à la presse son rôle. Ce rôle, la presse en a conscience et le joue pleinement et entièrement. Jamais cette presse responsable n’a incité qui que ce soit à la haine ou à la violence. Ce sont plutôt les pseudos responsables qui vont jusqu’à se battre ou à s’insulter comme des voyous qui déshonorent tout un peuple.
Aussi, force est de reconnaître que lorsqu’on passe tout son temps à somnoler au perchoir, on ne peut être au courant de rien. Et l’honorable Moussa Timbiné ne dira pas le contraire pour l’avoir réveillé lors d’une séance plénière. L’éthique et la déontologie de la presse ne s’écriront pas aujourd’hui et ce n’est certainement pas Issaka Sidibé qui le fera. Car au lieu de tenter de faire ce qui ne lui réussira pas, il fera mieux d’apprendre d’abord le règlement intérieur de son institution.

A l’épreuve de l’arbre de la transparence
Au Mali, ils ne sont pas nombreux ceux qui osent monter sur l’arbre de la transparence, car les fonds des pantalons ne sont pas solides. La presse sait faire la différence entre vie publique et vie privée, contrairement à ce qu’Issaka Sidibé pense. Sinon, la presse est au courant du penchant de certains pour l’eau de feu et le houblon. La presse sait également que d’aucuns sont des adeptes de Bahacus et des mineures. Mais cela s’appelle vie privée, c’est pourquoi la presse n’a cure de cela. Comment le fait de dénoncer des dérives autoritaires et faire des critiques constructives, peut être qualifié d’atteintes à l’honneur et à la dignité ? Ne vous trompez pas de combat et de cible, Monsieur le Président. La Presse n’est pas votre ennemi.

Harber MAIGA
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