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El Hadj Abderrahmane Ben ESSAYOUTI, imam de la mosquée Djinguèrèbère à propos de la situation sécuritaire à Tombouctou: « Il faut équiper l’armée malienne et la doter d’hélicoptères de combat de dernières générations »
Publié le vendredi 8 avril 2016  |  Infosept
Mise
© AFP par SEBASTIEN RIEUSSEC
Mise en place de la nouvelle mission de stabilisation de l`ONU (Minusma)
Lundi 1er juillet 2013. Mali (Tombouctou). En présence de Hervé Ladsous, patron des opérations de maintien de la paix de l`ONU, la Minusma a pris le relais de la force panafricaine, à quelques semaines d`une importante élection présidentielle.




Dans le cadre d’une visite de terrain à Tombouctou, organisée à l’intention de quelques hommes de médias par la MINUSMA dont le journal InfoSept, nous avons rendu une visite de courtoisie à l’Imam de la Moquée de Djinguèrébère. Dans un entretien à bâtons rompus, il nous parle entre autres de la situation sécuritaire dans la ville de Tombouctou et ce qu’il pense du processus de Paix et de réconciliation.
Répondant à notre question comment se porte aujourd’hui la ville de Tombouctou ? Notre Imam, dira que la ville est malade, comme en témoigne l’enlèvement le week end dernier de l’ambulance du Centre de Santé par des bandits armés et cela en pleine ville et à 9 heures du matin. Il indiquera que les attaquants sont d’une imprévisibilité et d’une intelligence rares. Pour lui, la situation allait un peu mieux avant que les mouvements armés, dans le cadre du processus de cantonnement, ne se remobilisent. Ainsi, dit-il la situation est très souvent dure et tendue et des forains sont attaqués et dépouillés par moment de leurs biens par des individus non identifiés. Cette situation empêche la population de la ville des 333 Saints de vaquer normalement à leurs occupations. « Les gens ont peur de sortir d’où les rues sont un peu désertes. Toute chose qu’on peut constater à travers la ville » lance-t-il.
Cette situation d’insécurité est selon notre interlocuteur due surtout à l’immensité du territoire de la région de Tombouctou qui fait notamment frontière avec plusieurs pays. Selon lui, il y a aussi des complices qui sont là à l’intérieur de la ville et qui sont revenus dans le cadre du processus de paix et de réconciliation que les populations refusent souvent de les dénoncer par respect au processus. « Au moment où je vous parle, la population de Tombouctou est très déçue» ajoute-t-il avant d’indiquer qu’avec la libération de la ville par la force Serval, les choses avaient commencé à se normaliser, mais actuellement, elles se dégradent du jour au lendemain. Autre raison qui expliquerait cette situation d’insécurité est selon notre Imam le fait aussi que la ville soit très enclavée. « Il suffit que les bateaux tombent en panne pour que la ville connaisse des problèmes d’approvisionnement en vivres» souligne-t-il. « Nous osons espérer que l’aménagement de l’axe Nianfunké, Goundam, Diré et Tombouctou qui est en cours de travaux permettra de pallier à cette situation». L’absence de l’Administration en est aussi pour beaucoup dans cette situation de mi paix, mi guerre qui sévit à Tombouctou.
Face à cette imprévisibilité et vu l’intelligence d’opération des assaillants avec la vaste étendue du territoire de la région et pour pouvoir sécuriser l’ensemble du pays, l’imam de la Mosquée de Djinguèrébère est on ne peut plus clair. Pour lui, il faut mettre les moyens pour «équiper l’armée malienne et la doter d’hélicoptères de combat de dernières générations».
Evoquant le vote à l’Assemblée Nationale de la Loi sur les Autorités intérimaires, notre interlocuteur, pas des moindres, avouera que c’est un chemin qu’on peut tenter, car dit-il, on reconnait l’artisan au métier.
Il nous indiquera par ailleurs que l’Ecole fonctionne normalement à Tombouctou.
Notre Imam est optimiste quant à l’avenir, car selon lui «c’est dans la difficulté qu’on prépare le bonheur et que la situation peut changer à tout moment».
Enfin, il rappellera que Tombouctou a connu beaucoup de péripéties du genre avec à son temps les invasions Touaregs, celles du Royaume Bambara de Ségou, des mossis et aussi Soni Ali ber qui pilla les manuscrits de la ville.
Dieudonné Tembely
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