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Poids de la famille - scandales - mouvais choix des hommes : Les gaffes d’un mandat
Publié le vendredi 8 avril 2016  |  L’aube
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




Le Mali est au centre des incertitudes, et même des inquiétudes. « Dieu a abandonné le Mali ! C’est une malédiction divine qui vise le pays» : ce sont là des convictions exprimées par de nombreux concitoyens désemparés par le sort qui s’abat sur le Mali, balloté entre une crise sécuritaire qui menace (toujours) sa stabilité, les scandales financiers et autres pratiques dignes d’une République bananière.
Mais cette situation désastreuse du pays ne semble guère préoccuper les tenants du pouvoir. À commencer par « Monsieur plébiscité » dont le mandat est terni par une série d’affaires politico-financières. Conséquences ? L’accaparement des leviers de l’Etat par la famille, les courtisans et autres affidés, la dilapidation des ressources publiques, le mauvais choix des hommes, les erreurs de castings et autres pratiques liées à la mauvaise gouvernance…
Autant de maux qui plongent le Mali dans un gouffre profond sous la présidence d’IBK
Au sortir d’une crise aussi profonde, le Mali avait besoin d’un homme à poigne, pour consolider, non seulement sa démocratie mise à mal par le putsch du 22 mars 2012, mais aussi les acquis d’un retour à la paix légués par la transition. Le pays avait besoin de quelqu’un qui pouvait « finir la rébellion », faire du Mali un Etat UN et indivisible. Les regards ont convergé vers IBK, élu sans coup férir.
L’homme justifie d’un passé où il avait convaincu plus d’un par sa méthode rigoureuse de gestion des affaires publiques. Mais, ses compatriotes ne tarderont pas à réaliser qu’ils se sont lourdement trompés. Le mythe qui le faisait passer pour « L’homme de la situation » ou encore « L’homme à poigne », n’a pas résisté à l’épreuve du pouvoir. Aujourd’hui, en plus de la situation sécuritaire, toujours précaire, l’économie malienne est en lambeau, le tissu social effrité, le front syndical mouvementé, l’administration morose.
Touchons du bois ! Mais, les Maliens ne sont assurément pas au bout de leur souffrance. En effet, comment espérer au changement quand le président IBK fait de la République la chose de sa famille, en y plaçant des membres ou proches de sa famille ? Comment espérer au changement quand IBK lui-même ne semble avoir aucun souci pour les maigres ressources de l’Etat? Comment espérer encore au changement quand des pratiques frauduleuses (marchés de gré à gré) deviennent monnaie courante ?
Le poids de la famille…
Dans cette tournure démagogique, devenue célèbre, Jean-Marie Le Pen assimilait la nation à la famille : « j’aime mieux mes filles que mes cousines, mes cousines que mes voisines, mes voisines que des inconnus et les inconnus que des ennemis. » Dans cette logique, il a formé sa fille pendant des années dans le but de lui léguer « son » parti, le Front National. Mais ici, au Mali, le fiston attend que papa soit élu pour se forger un destin, celui d’un homme politique.
Et sans formation, ni expérience, il est propulsé président de la commission de la défense de l’Assemblée Nationale, dans un pays en guerre. Qui dit mieux ? Le Mali est bloqué sous le poids de la famille, des clans et des sous clans qui détiennent les réalités du pouvoir. Telle est la réalité, même si dans un entretien accordé à Jeune Afrique le 22 mai 2014, IBK déclare avoir été contre l’élection ( ?) de son fils à la présidence de la commission de la défense.
Même topo en ce qui concerne le président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, le beau-père de Karim. Idem pour le gouvernement où la famille est représentée par Hamadoun Konaté (beau-frère du président) qui occupe le ministère de la solidarité, de l’action humanitaire et de la reconstruction du nord. « Je ne souhaitais pas qu’il occupe ce poste et j’avais là aussi un autre candidat, mon ancien directeur de campagne, Abderrahmane Niang, un expert auprès des Nations unies.
Les cadres de mon parti sont aussitôt montés au créneau pour exiger que ce soit l’un des leurs, en l’occurrence Sidibé, qui prenne le perchoir. Allais-je humilier mon propre parti ? Là encore, j’ai bien dû céder. Que tout cela prête à controverse et à réflexion, j’en conviens. Mais est-ce un crime ? Je ne le pense pas », s’est justifié le Président. Mais par ces propos, IBK prouve qu’avec lui, le Mali est géré autrement.
Ainsi a-t-il érigé un système de gouvernance fondé sur la famille, le clan, les relations. Un système qui paralyse le fonctionnement de l’Administration, où la compétence et le mérite sont sacrifiés ou foulés au pied. Pourtant, IBK avait toujours promis de mobiliser les ressources humaines de qualité au tour du Mali. Cette promesse se traduit aujourd’hui par l’accaparement des postes de responsabilité par les membres du clan et leurs alliés. C’est cette méthode de gestion qui nous a conduits au désastre, caractérisé par des scandales successifs qui asphyxient l’économie et ternissent l’image du pays.
Les affaires sombres les plus emblématiques sont celles liées à l’achat de l’avion présidentiel au sujet de laquelle le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale étaient sortis de leur réserve pour exprimer leur mécontentement. En effet, hors de toute inscription budgétaire, 20 milliards de francs CFA ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir un Boeing 737 non encore immatriculé au nom du Mali, alors même que le pays dispose d’un avion présidentiel (Boeing 727) en bon état et dont l’assurance contractée auprès de l’assureur londonien, Allianz, avait été renouvelée jusqu’en 2015. Le Bureau du Vérificateur général a été commis par le Fmi pour auditer cette affaire, ainsi que la section des comptes de la Cour suprême par le gouvernement malien. Les rapports de ces deux structures de contrôle sont accablants : des surfacturations comprises entre 29 milliards et 38 milliards sont décelées.
Encore des scandales
Au même moment, était révélée aux Maliens et au monde entier la nature d’un marché de gré à gré de 69 milliards de FCFA attribué, en violation des règles des marchés publics, à un proche de la famille présidentielle, Sidi Mohamed Kagnassy, directeur général de la société Guo-Star Sarl et promu aussitôt après conseiller spécial du président.
Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Le fait que le marché soit attribué de gré à gré est un piétinement flagrant des principes élémentaires de passation de marché public. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que le ministre des Finances, Mme Fily Bouaré, a couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA. Des personnalités, l’on se souvient, avaient profité de ces affaires pour se sucrer en se livrant à des surfacturations dont seules les Républiques bananières ont le secret.
Après l’affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires surfacturés, le Malien lambda était loin de s’imaginer qu’un autre scandale, portant lui aussi sur des milliards de FCFA, éclata. Ce énième scandale portait sur une soixantaine de milliards F CFA destinés à l’achat de l’engrais pour les paysans, sous forme de prêts à rembourser dès la fin des récoltes dans les opérations de développement rural.
C’est un minuscule GIE (Groupement d’intérêt économique, le même genre d’entreprises qui font le ramassage des ordures dans nos quartiers) qui était chargé de l’attribution, à travers un avis d’appel fort douteux, de ce gros et juteux marché à des fournisseurs, parfois sans foi ni loi. Il a fallu qu’un concurrent mécontent crache dans la soupe, en soumettant au test de conformité l’engrais d’un rival à un laboratoire de la place, pour que le pot aux roses soit découvert et que la vérité dans toute son horreur commence à être étalée sur la place publique. Le président de la République a promis la fermeté dans ce dossier, au cours de la session du Conseil supérieur de l’agriculture qu’il a présidée le 16 mai dernier.
L’opinion a longtemps attendu sa réaction. En vain.
Cependant, l’impunité encourageant de nouvelles atteintes à la morale publique, une nouvelle affaire dite « des 1000 tracteurs » a été révélée à l’opinion malienne par le Parti pour la renaissance nationale ( PARENA) qui, après investigations, est parvenu à la conclusion que la passation dudit marché n’a pas respecté les règles régissant le code des marchés publics. Du point de vue du PARENA, il y a eu une procédure irrégulière et frauduleuse de gré à gré déguisé, un délit d’initié et des surfacturations qui ont fait perdre à l’État plusieurs milliards de francs CFA.
Le dernier scandale en date : l’attribution des 1552 logements sociaux de Tabacoro, dans laquelle il a été orchestré une véritable magouille à ciel ouvert. En plus des ministres de la République et des cadres de l’administration, le ministre Dramane Dembélé a distribué des villas « sociales » à la famille du Premier ministre Modibo Kéïta.
Ainsi, sous IBK, le Mali est entré dans une nouvelle ère des logements sociaux. Désormais, tous les bénéficiaires doivent avoir un caractère particulier : être militant ou sympathisant d’un parti de la mouvance présidentielle, ou avoir un lien avec un président ou un membre des institutions de la République. Rares, et même très rares sont les Maliens lambda qui ont vu leur nom sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux de Tabacoro.
Comme si cet accaparement des biens de l’Etat ne suffisait pas, les Maliens assistent à une dilapidation des ressources publiques. Les princes du jour, à commencer par le président de le République, baignent dans l’opulence au moment où la grande majorité des citoyens rasent le mur.
Le budget passe de 9 à près de 20 milliards FCFA
Le régime IBK a suffisamment démontré son caractère budgétivore. De son accession au pouvoir à nos jours, le budget de la présidence est constamment revu à la hausse. La preuve ? Le 1er budget préparé par l’administration IBK a affecté à la présidence de la République la somme de 9 milliards 300 millions de francs CFA pour 2014. En 2015, ce budget a été porté à 14 milliards 600 millions, soit une augmentation de 57%. D’à peu près 16 milliards en 2015, le budget de Koulouba est passé à 19,3 milliards en 2016.
Celui de 2015, à titre de comparaison, équivalait à celui affecté à la santé des populations dans les principaux hôpitaux du pays. Mieux, la même année, la sécurité alimentaire avait 500 millions de FCFA contre 300 millions pour l’alimentation de Koulouba qui était de 61 millions en 2013. Et dire que les laudateurs du régime continuent de nous faire croire qu’IBK œuvre pour le bonheur des Maliens.
Que dire encore des voyages du Président à l’extérieur (près de 90 voyages à l’extérieur), de leurs coûts pour le contribuable malien? Ou encore de la rénovation du Palais présidentiel et de la résidence privée du président? Pour mémoire, le 27 mai 2015, le conseil des ministres avait attribué un marché, d’un montant de 5 milliards 993 millions 489 mille 955 francs CFA, à l’entreprise « Groupement EIFFAGE » pour rénover le Palais.
N’en parlons pas de sa résidence privée qui, en chantier permanent, a déjà fait couler beaucoup de salive. Ce sont là quelques actes et faits qui sont en contradiction avec les différents slogans de campagne d’IBK. En effet, il promettait de faire le « bonheur des Maliens» et de rétablir leur « honneur et leur dignité ». La réalité est tout autre.
Issa B Dembélé
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