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Transhumance politique :La démocratie à l’épreuve de l’alimentaire
Publié le lundi 11 avril 2016  |  Le challenger




Hier, ils étaient nombreux les grands cadres, opérateurs économiques et autres à se rallier au Parti pour le développement économique et la Solidarité (Pdes), censé fédérer les héritiers d’Amadou Toumani Touré. Aujourd’hui, c’est la ruée vers le Rassemblement pour le Mali (RPM). Demain, ce sera peut-être de l’URD, du PARENA, du RpDM, des FARE ou de l’ADEMA. Tel un cancer, la transhumance politique gangrène le corps politique jusqu’à constituer une menace dangereuse pour la démocratie malienne. Des hommes politiques transhument comme des troupeaux d’animaux à la recherche de pâturages. La démocratie malienne est à l’épreuve de l’alimentaire. Loin d’être un fait nouveau, cette pratique qui profite à tous les partis politiques, toutes tendances confondues, ne cesse de prendre de l’ampleur. Il ne passe pas une semaine sans qu’une formation politique organise une cérémonie grandiose d’accueil de nouveaux militants. Ceux-ci sont présentés comme des trophées de guerre par les leaders qui veulent élargir leur base politique. Une véritable honte pour la démocratie !
Il ne faut pas se faire trop d’illusions. Il est impossible de mettre fin au nomadisme politique. L’atmosphère interne au sein des partis est rarement démocratique. Les militants et cadres politiques les plus intègres sont écartés au profit des militants de la 25ème heure qui s’appuient sur la puissance de leurs moyens pour mettre le parti sous leur coupe. Les convictions ont cédé la place aux affaires. Les hommes d’affaires voient le terrain politique comme une opportunité de faire fructifier leur business. Ainsi, ils ne se contentent plus de soutenir les hommes politiques mais préfèrent descendre dans l’arène politique pour sauvegarder leurs arrières. On ne se bat plus pour défendre telle ou telle cause pour telle ou telle conviction mais pour profiter d’une situation en se rangeant derrière untel ou untel. Demain, en fonction de la direction prise par le vent, on n’hésitera pas à changer de partis. L’essentiel, c’est d’être du bon côté. Ce mélange de genres fausse le jeu démocratique et met les institutions de la République dans une position favorisant la corruption, le favoritisme et le népotisme.
S’il est impossible d’empêcher les gens d’aller où ils veulent ou de militer dans le parti de leur choix, on peut prendre des mesures visant à moraliser la vie politique. Au Sénégal, par exemple, l’élu qui quitte son parti perd automatiquement son mandat et tous les avantages liés à l’exercice de la fonction. L’ancien Président sénégalais, Malick Sall, a fait les frais en quittant le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) pour créer l’Alliance pour la République (APR).
Avant les événements de 2012, la commission Daba Diawara avait formulé des sanctions lourdes contre les transhumants dans sa batterie de propositions visant à moderniser la vie politique et institutionnelle. Avec le coup de force militaire du 22 mars 2012, cette reforme qui devait déboucher sur un référendum est tombé à l’eau. Et naturellement, la commission de relecture de la loi électorale doit s’inspirer des propositions faites par la commission Daba, relatives au nomadisme politique. On peut inscrire dans la loi électorale que tout député, tout maire et tout conseiller communal ou régional qui quitte son parti perd son mandat. Une telle mesure passera difficilement à l’Assemblée Nationale où certains honorables députés sont habitués à marchander leur ralliement à tel groupe parlementaire ou parti politique.
Chiaka Doumbia
Source : le challenger
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