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Boubacar Traoré dit Kar Kar : « Nos autorités ne m’accordent aucune considération »
Publié le jeudi 14 avril 2016  |  Le challenger




L’octogénaire Boubacar Traoré dit Kar Kar est un artiste qui a marqué son temps et a, à son actif, plusieurs distinctions. Grand Chancelier de l’Ordre National du Mali en 1996, Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1998, titulaire du Certificat de reconnaissance de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Mali en 2001, du Diplôme de reconnaissance pour sa contribution à la promotion de la culture malienne lors de la biennale artistique et culturelle du Mali à Kayes le 30 Décembre 2008, Kar Kar comme l’appellent ses fans, est aussi auréolé de plusieurs autres distinctions internationales comme le 64ème palmarès du Grand Prix en disque, le DVD 2011 de l’Académie Charles Cros pour son album ‘’Malidenou’’ et le titre de Professeur International de la musique de New York aux Etats Unis d’Amérique. Marié, père de huit enfants avec plusieurs petits enfants, Boubacar Traoré dit Kar Kar, nous fait revivre sa riche carrière, dans un entretien qu’il a bien voulu, nous accorder depuis sa résidence à Lafiabougou.
Le Challenger : Voulez-vous bien vous présenter à nos lecteurs ?
Boubacar Traoré dit Kar Kar :
Je suis Boubacar Traoré dit Kar Kar, je suis né et ai grandi à Kayes, la capitale du rail pendant la période coloniale, je suis marié et suis père de huit enfants avec plusieurs petits-enfants. Mon domicile est situé à Lafiabougou dans la commune IV du district de Bamako.
Le Challenger : Combien d’albums avez-vous produits ?
Boubacar Traoré dit Kar Kar :
J’ai produit huit albums. Le premier est Mariama , le 2ème Les enfants de Pierrette, puis Kar Kar qui vient en 3ème position, suivi de Adieu Pierrette, de Masséyé, Sagolo, N’badenw et enfin Malidenou qui est actuellement disponible dans tous les points de vente.
Le Challenger : Quelle analyse faites-vous de la musique malienne ?
Boubacar Traoré dit Kar Kar
La musique malienne est très développée actuellement dan le monde entier. Aujourd’hui on fait des tournées sur nos rythmes (malinké, songhoi, bambara…), et on est apprécié par tout le monde. Ce qui est encourageant pour nous les artistes. Personnellement j’ai beaucoup voyagé dans le monde grâce à la musique malienne. Je suis connu en tant que « musicien malien » en Europe, aux USA, au Canada, en Nouvelle Zélande, etc. J’ai fait un succès remarquable au Mali entre 1960 et 1970 et maintenant j’ai encore du succès grâce à mon style de musique. Je tiens à rappeler que je ne suis pas le seul musicien malien qui cartonne en Europe, on est nombreux. Ce qui fait la fierté de la musique malienne et aujourd’hui je rends grâce à Dieu car je m’en sors bien après de longues périodes de calvaire.
Le Challenger : Selon vous, est-ce que la piraterie est un frein à la promotion de la musique et à l’épanouissement des artistes ?
Boubacar Traoré dit Kar Kar
A cause de la piraterie et du téléchargement par internet, tous les artistes sont devenus pauvres, personne ne peut vivre maintenant de son œuvre, la piraterie a fait du mal aux artistes maliens. Il suffit seulement de faire une cassette pour qu’elle soit piratée. J’ai même appris que l’avènement des réseaux téléphoniques au Mali a fait le boom au niveau du téléchargement. Même un simple manœuvre se retrouve avec deux à trois téléphones uniquement pour écouter de la musique. C’est un phénomène qui handicape beaucoup l’épanouissement des artistes. Certes, le téléphone fait du bien mais, il fait aussi beaucoup de mauvais trucs. C’est pourquoi le musicien malien est fatigué et n’a rien.
Je fais mes enregistrements un peu partout, chez Salif, au studio bogolan, au studio du Mali, chez Barou et après je pars en Europe avec les bandes pour le mixage et l’ajout d’autres instruments. On fait tout pour que les gens ne piratent pas à travers les codes mais avec tout ça ils trouvent des solutions pour le faire. Ce qui est très malhonnête et indigne. Tu fais un morceau aujourd’hui et demain on le pirate. Ce sont des voleurs. Avant, un artiste pouvait vivre de son œuvre, il pouvait vendre 2000 à 4000 cassettes mais, maintenant ce n’est pas possible.
Le Challenger : Depuis 2012, le Mali traverse une crise sans précédent, que pensez-vous de l’état de la nation ?
Boubacar Traoré dit Kar Kar
La crise, ce n’est pas au niveau du Mali seulement mais plutôt au niveau mondial. C’est en 2012 que notre pays y est entré. Je suis malien avant tout et le premier artiste qui a chanté pour notre indépendance. Dans cette chanson, j’ai appelé tous mes compatriotes vivant à l’étranger à venir contribuer à l’édification de notre pays et aujourd’hui aux yeux de cette même nation je suis un moins que rien. Nos autorités ne m’accordent aucune considération, je suis même négligé dans de nombreux services administratifs. J’ai mal quand je vois qu’ailleurs on me fait honneur, notamment aux USA, en Europe, au Canada, etc. Et voir que dans mon propre pays, je suis traité de la sorte. Cela me fait mal. J’ai fait à ma manière, ce que je peux faire pour ce pays, notre Maliba.
D’ailleurs c’est Alpha Oumar Konaré qui s’est rendu compte de tout ça en me décorant Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres et Grand chancelier de l’Ordre National du Mali peu avant les Américains. Dans mon dernier album qui est disponible sur le marché, j’ai chanté une chanson intitulée Bembalisso, dans laquelle, j’appelle à la réconciliation, à l’entente et à la paix.
Bourama Camara, stagiaire.
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