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Dégradation des mœurs à Bamako : La prostitution paye mieux que n’importe quel métier
Publié le vendredi 15 avril 2016  |  Sirène




Le dossier de la rédaction s’est intéressé cette semaine à la prostitution. Un des plus vieux métiers du monde, elle a atteint aujourd’hui sa vitesse de croisière, car elle semble apporter plus d’argent que n’importe quel métier à Bamako. Nous avons tenté d’en savoir plus sur les raisons qui poussent aux jeunes filles de se prostituer, aux jeunes hommes qui se rendent sur les lieux et les conséquences qui peuvent en découler.
Bibi, comme on l’appelle affectueusement a seulement 21 ans. Elle est belle, très belle. Ne lui demandez pas surtout pourquoi elle se prostitue sinon elle pique la mouche. “Je ne me prostitue pas, je travaille comme toi. Tu es journaliste, tu fais ton travail. Coucher avec des hommes pour avoir de l’argent est mon travail”, réplique-t-elle, avant de continuer : “J’ai commencé à faire ce travail quand j’étais jeune, très jeune d’ailleurs. J’ai perdu ma mère à la naissance et mon père quand j’avais 7 ans. Je suis ainsi allée chez une tante à Sikasso pour continuer mes études. Là j’ai pu étudier jusqu’en 9e année du second cycle. Pour aller à l’école, on ne me donnait rien pour l’argent de la récréation alors que mes copines de classe partaient avec de gros sous. Une année après, j’ai fait la connaissance d’un jeune lycéen avec qui j’ai entretenu mes premiers rapports sexuels. Il me donnait de l’argent et on faisait régulièrement l’amour. Je plaisais à beaucoup de jeunes. Un jour, à l’approche de la fête de Tabaski, j’ai demandé de l’argent à mon copain qui m’a répondu d’une manière pas polie. C’est ainsi que je suis allée voir l’ami de mon copain qui me faisait des yeux doux. Il a accepté, mais en retour, je devais coucher avec lui. Après une longue réflexion, j’ai accepté, car j’avais vraiment besoin de cette somme. Pour la petite histoire, j’ai même fait un avortement pour lui. Quand j’ai fait le DEF une fois et que ça n’a pas marché, je suis rentrée à Bamako et j’ai rencontré une dame qui est d’ailleurs plus âgée que moi mais qui se vendait aussi. Ensemble nous avons pris un appartement. Beaucoup pensaient que je suis sa nièce, mais en réalité nous faisons le même travail. Alors je peux le dire haut et fort que c’est à cause de l’argent que je suis dans cette situation”.
A la question de savoir si elle a un copain, Bibi sourit et nous exhibe la photo de son mec. “Je l’aime à mourir, mais il ne connait pas ma valeur et ne sais pas sincèrement ce que je fais comme travail. Il pense que je suis coiffeuse, mais je gagne très bien ma vie, 20 000 F CFA par nuit, au minimum, pour la soirée. Des fois, certains m’amènent chez eux, loin de l’hôtel, et le déplacement seulement fait 30 000 F CFA donc faites le calcul vous-même. Nous sommes dans un bar en Commune I du district de Bamako”.
Aïcha, la Kayésienne de 25 ans, une histoire plus abracadabrante. Elle nous a rencontré dans le même bar que Bibi : “C’est en voulant me venger de mes parents que je me suis foutue dans cette merde”, avoue-t-elle.
“Je sortais avec un homme qui, par finir voulait me marier. Le hic est qu’il était un homme de caste, un griot. Après avoir fait trois années ensemble, il a décidé de me marier mais c’était sans compter sur le niet catégorique de ma famille, sous prétexte qu’il est griot et qu’on est pas compatible. Mes parents m’ont formellement interdits de voir mon mec. Du coup, j’ai quitté la maison pour aller chez une copine qui a perdu ses parents. Mon copain a fait un accident de moto et il est décédé. Ma copine chez qui je logeais se prenait en charge. C’est au fil du temps que j’ai compris qu’elle se prostituait et un soir, je l’ai accompagnée et je me suis tapée deux clients. Mon tout premier client m’a posé des tonnes de questions. Et de plus en plus, j’ai pris goût à l’argent facile. Aujourd’hui, j’ai commencé à boire aussi et je vais mourir comme ça”. Mais la seule chose positive aux yeux de notre Kayésienne est qu’elle gagne plus de 800 000 F CFA par mois. “Dites-moi combien vous gagnez comme journaliste au Mali ?”, ironisera-t-elle.
Sur l’autre rive, dans un bar très célèbre de la Commune VI, un homme habillé en femme a refusé de nous parler, malgré la proposition que nous lui avons faite pour se dévoiler. Avec une voix imitant la femme il nous signale, “Walayi vous êtes malades, je m’en fous de votre argent. Si vous savez combien je gagne ici, vous n’allez pas me proposer cette minable somme. Attendez seulement vous allez voir”.
A peine a-t-elle terminé qu’une grosse cylindrée avec immatriculation consulaire s’arrête. Elle ou il saute dans ce véhicule et ils disparaissent. La vitre était fumée, ce qui fait que nous n’avions pas pu identifier si c’est un homme ou une femme qui était au volant. Mais nous avons eu satisfaction après quand Kadia, une autre fille de ce bar, s’est résolue à nous parler. En contrepartie, il fallait juste lui acheter deux grandes bières et un petit billet de 2000 F CFA. Aussitôt fait, elle a commencé à narrer la vie du pédé, et bien sûr avec sa vie aussi.
“Le pédé en question est bien parti avec une dame, une célébrité d’ailleurs du monde de la musique”. Et lorsque nous avons insisté afin qu’elle nous dise le nom de l’artiste, elle a catégoriquement refusé mais lorsque nous avons doublé la mise, elle nous le murmura, mais nous demandera de jurer de ne pas dire le nom de l’artiste dans le journal. Elle continuera alors pour dire que le pédé se tape 100 000 F CFA minimum par nuit. Et quant à elle, elle nous avouera que les dimanches sont ces week-end mais signalera qu’elle peut se faire plus d’un million par mois.
A suivre !!!
La rédaction
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