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Mali: disparition de Malick Sidibé, "boussole" et "baobab" de la photographie africaine
Publié le vendredi 15 avril 2016  |  AFP
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© Autre presse par DR
Le photographe malien Malick Sidibé, portraitiste recognized




Bamako - Le photographe malien Malick Sidibé, considéré comme un des pionniers africains de son art, décédé à Bamako à l’âge de 80 ans, s’était fait connaître par ses portraits sensibles de la vie quotidienne de son pays.

Malick Sidibé "luttait contre la maladie" qui l’a emporté jeudi soir, a indiqué à l’AFP son neveu Oumar Sidibé, sans autre précision.

"C’est une grande perte pour le Mali. Il faisait partie de notre patrimoine culturel", a déclaré à l’AFP la ministre de la Culture N’Diaye Ramatoulaye Diallo.

"En collaboration avec la famille, nous organiserons les funérailles. Le président de la République, le Premier ministre, le gouvernement, tout le Maliest véritablement en deuil", a-t-elle ajouté.

L’oeuvre de Malick Sidibé avait été récompensée, entre autres, par le Lion
d’Or à la Biennale de Venise, les prix Hasselblad (Suède) et de l’ICP (Centre International de la Photographie, New York).

"Malick Sidibé est un grand. Il a documenté la vie bamakoise, avec des photos qui ont une valeur incontournable", a rappelé Samuel Sidibé, directeur du musée national de Bamako et délégué général de la Biennale africaine de la photographie, où l’artiste avait été mis en l’honneur dès la première édition de l’événement, en 1994.

"Il aidait les gens de sa communauté, il était très sociable. Nous perdons vraiment une boussole", a ajouté Samuel Sidibé.

"C’est le doyen Sidibé qui m’a acheté mon premier appareil photo. Il m’a beaucoup aidé", a raconté à l’AFP Boubacar Diallo, photographe à Bamako. "Avec la mort du doyen, le monde de la photo a perdu un baobab".

Il était "souvent qualifié de père de la photo africaine" avec Seydou Keïta, a commenté le ministère français de la Culture. Seydou Keïta, décédé en 2001, et considéré comme un des plus grands portraitistes de la seconde moitié du XXe siècle, est le premier artiste africain exposé seul au Grand Palais, à Paris, pour une rétrospective jusqu’en juillet.

"Témoin de l’effervescence de l’indépendance de son pays, parmi les jeunes gens épris de musique, Malick Sidibé a photographié les fêtes et les joies à Bamako", a souligné la ministre française de la Culture Audrey Azoulay.

- ’un modèle pour nous’ -

Le galeriste parisien André Magnin, spécialisé dans l’art contemporain africain et auteur d’une monographie de Malick Sidibé, a rendu hommage sur sa page Facebook à l’auteur de "milliers d’images pleines de tendresse et de beauté".

Il a salué le photographe "d’une jeunesse insouciante, libre, moderne, pleine de joie et d’espoir, qui partage les musiques et les danses modernes, twist, rock, afrocubaines, la mode, les looks des années 60, 70..."

Pour son confrère Olivier Sultan, "le grand Malick Sidibé a refermé sa boîte noire".

"Un angle, le choix d’une position, un clin d’oeil complice, le sourire aussi, et, en une seconde, le portrait d’une vie était dans la boîte", résume Olivier Sultan sur Facebook.

"Tous avaient leur place dans son Studio, du musicien au paysan, des soeurs jumelles aux apprentis fumeurs, venus de loin pour se faire tirer le portrait avec leur première cigarette, étonnés de leur propre audace", poursuit-il.

"Il reste un modèle pour nous. C’était un homme pieux, qui est resté malgré son succès très modeste", a complété son neveu.

A travers les photos prises dans son studio (Studio Malick) au cours des années 1950 et 1960, il avait livré un travail remarquable sur "une période importante de l’histoire africaine, qui fut une étape d’émancipation, de bouleversements culturels, de fierté et d’espoir pour l’avenir", avait souligné le jury PhotoEspaña en lui attribuant son prix en 2009.

"Tu n’imagines pas pouvoir parvenir jusque-là quand tu viens d’un petit village et sans être jamais allé à l’école", avait réagi à Madrid à l’annonce de ce prix Malick Sidibé, fils de paysan né à 300 km à l’ouest de Bamako.



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