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A Tombouctou, les "bandits" ont détruit mausolées et manuscrits inestimables
Publié le mardi 29 janvier 2013  |  AFP




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TOMBOUCTOU (Mali) - "Ce ne sont pas des musulmans, ce sont des bandits!", juge Mohamed Elher Ag Abba, un voisin du centre culturel de Tombouctou, dans le Nord Mali, où les islamistes ont brûlé avant leur départ d`inestimables manuscrits anciens.

Dans la cour de l`Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, sur la place Sankoré, le spectacle est désolant: le sol est jonché de cendres et ne subsistent de l`autodafé que quelques rares fragments de manuscrits, leurs couvertures en cuir finement décorées noircies par le feu, et les casiers de carton dans lesquels ils étaient rangés.

Les manuscrits de Tombouctou représentent un véritable trésor culturel, remontant à l`époque où la cité mythique a été la capitale intellectuelle et spirituelle de l`islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles.

"Ils ont brûlé tout ce qui restait ici. Et ils en ont volé aussi, ils ont chargé un camion avec une bâche", raconte tristement le gardien des lieux, Litni Dicko. "Ca m`a tellement touché... Je ne sais pas quoi dire."

Les combattants islamistes ont mis le feu aux précieux documents vendredi,
avant de prendre la fuite, trois jours avant la reconquête de la ville par des soldats français et maliens.

Mais le nombre exact des manuscrits brûlés n`est pas connu. Quasi intact par ailleurs, le superbe bâtiment ocre aux portes en bois décorées de fer forgé abritait entre 60.000 et 100.000 manuscrits, selon le ministère malien de la Culture.

Essentiellement rédigés en peul et en arabe, ils traitaient d`astronomie, de musique, de botanique, de droit, d`histoire, de politique...

Une partie d`entre eux a pu être mise à l`abri, avant la prise de la ville par les islamistes le 1er avril 2012, selon Litni Dicko, même s`il ignore la proportion de documents préservée.

"Crime culturel"

Le maire de Tombouctou, Halley Ousmane, réfugié à Bamako, a évoqué "un véritable crime culturel". Qui s`ajoute aux exécutions, amputations, lapidations... reprochées aux islamistes.

Et aussi aux destructions des célèbres mausolées de saints musulmans de Tombouctou, détruits par les groupes armés liés à Al-Qaïda, qui y voyaient de "l`idolâtrie" et ont même barbouillé de noir la mention "333 saints" sur les panneaux proclamant "Bienvenue à Tombouctou, la cité des 333 saints".

Au total, une douzaine de mausolées ont été réduits à néant, mutilant à jamais Tombouctou, selon un journaliste local.

La plupart des tombeaux de saints sont en fait situés dans des demeures de grandes familles qui se sont bien gardées, pendant les dix mois d`occupation de la ville par les extrémistes, de dévoiler leur existence, permettant ainsi leur préservation.

Seuls les mausolées les plus visibles ont ainsi subi l`ire des "fous de Dieu".

Le plus emblématique est le mausolée de Sidi Mahmoud Ben Amar, fondateur au XIIe siècle de la première université de la ville. "C`est le plus symbolique parce qu`on dit que Sidi Mahmoud est le gardien du Nord", estime un théologien local, Mahalmoudou Tandina.

Dans le cimetière éponyme, de belles dunes de sable constellées de milliers de tombes qui surplombent la ville, le monument n`est plus qu`un tas de pierres grisâtres et de poutres brisées.

Le 1er juillet 2012, "les terroristes ont cassé les murs avec des pioches et des pelles", explique un voisin, Ousmane Eléguey, 30 ans, "c`est comme si nous avions tout perdu!".

Ses proches rassemblés autour de lui abondent: "Ca choque tout le monde!", dit l`un, "ils disaient que Dieu n`accepte pas ça", se souvient un second, "ce sont des bandits et des drogués", tranche froidement un troisième.

La scène de désolation est la même pour les mausolées d`Alpha Moya, "le gardien de l`Est", et de Sidi Moctar, "le gardien du Nord-Est": des gravats et des poutres brisées au milieu de tombes écrasées de soleil.

A chaque fois, la technique était la même, selon des témoins: les islamistes positionnaient des gardes autour des cimetières pour empêcher la foule d`approcher, puis passaient des heures à défoncer les monuments à coups de pioche.

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