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Faits divers : La filière des fausses vignettes démantelée
Publié le mardi 19 avril 2016  |  L’Essor




Le document était cédé à moitié prix et sa mise en vente avait semé le désarroi à la mairie du District Pour le commissariat du 1er Arrondissement, patience et longueur de temps ont payé. Les policiers sont sur le point de démanteler un important réseau de faussaires. Le commissaire principal A. Coulibaly et ses hommes viennent d’effectuer un pas important dans ce sens. Ils ont mis la main sur un premier suspect « sérieux » et avec l’aide de qui ils pourraient remonter une piste qui les mènera hors du Mali, dans un pays de la sous-région ouest-africaine. Pour franchir cette première étape dans la lutte contre les faussaires internationaux, le commissariat de police du 1er Arrondissement et la mairie du district de Bamako ont fait un travail collégial et salutaire (ce sont les mots de nos sources) qui a fini par payer.


C’est un fait banal qui a donné un coup de fouet à l’enquête. Tout s’est accéléré à partir d’un contrôle de routine des engins à deux roues effectué par les policiers. Auparavant, depuis plusieurs semaines, les rumeurs les plus folles circulaient dans la capitale. Elles portaient sur l’existence sur le marché bamakois de fausses vignettes placées auprès des motocyclistes de la capitale et de ses environnants.

Cette nouvelle avait logiquement jeté le discrédit sur la mairie du District de Bamako et sur certains de ses employés. Face à cette situation, les responsables de la mairie centrale avaient jugé nécessaire d’investiguer aussi méticuleusement que possible et pour cela, elles avaient réactivé leur structure de contrôle interne dont la mission principale est de débusquer d’éventuels faussaires de vignettes pour engins à deux roues.

Les autorités municipales avaient aussi pris contact avec le commissariat du 1er arrondissement pour obtenir son concours. Ce fut ainsi qu’un policier avait été chargé de renforcer la direction du service des contrôles et de gestion de la mairie du District. En collaboration avec les agents de cette structure interne de contrôle, le limier en question gardait l’oeil sur les entrées et les sorties de vignettes. Il veillait aussi sur la cession dans des conditions orthodoxes des précieux timbres aux usagers. Plusieurs semaines de contrôles serrés, mais discrets, n’ont donné aucun résultat. Mais en réalité l’origine du mal se trouvait hors des murs de la mairie du District.

Comme nous l’évoquions plus haut, en parallèle, les policiers effectuaient leurs contrôles de routine portant sur les pièces des engins à eux roues au niveau des principaux axes de la ville. Ce contrôle s’est accentué vers la fin du mois de février et le début de celui de mars. Au cours de l’un ces contrôles, les policiers ont stoppé un motocycliste du nom de K. sur l’une des principales voies du district de Bamako. L’homme avait obtempéré de la manière la plus normale et n’avait fait aucune difficulté à se plier à l’exigence de présenter la vignette de son engin. Il s’avéra que le document qu’il tendit aux policiers était un faux. Ce que les agents lui firent remarquer.

FROID ET SÉVÈRE. K. fut stupéfait de la nouvelle. Il récupéra sa vignette et se mit à la tourner dans tous les sens, comme pour voir si elle ne comportait une anomalie qu’il n’avait pas su déceler. Puis se retournant contre les policiers, il se mit à protester haut et fort de son bon droit. « Sa »vignette, argua-t-il, était absolument valable, il était prêt à en jurer devant n’importe qui. Cependant K. se montra beaucoup moins excité lorsque les policiers, fatigués de son manège, lui demandèrent sèchement à combien il avait payé sa vignette. D’un ton penaud, le motocycliste reconnut qu’il en avait fait l’acquisition à 3000 FCFA.

Les policiers durcirent à leur tour le ton, faisant remarquer à l’homme qu’en tant que propriétaire d’engin, il devait savoir qu’il avait l’obligation en principe de débourser le double de ce qu’il avait payé pour le faux document. Les limiers n’ont pas perdu de temps avec le motocycliste. Ils le conduisirent prestement avec sa moto à la fourrière. Là, les policiers firent savoir à K. sans se départir de leur ton froid et sévère que ce dernier devait obligatoirement se rendre à la mairie du district pour prendre une nouvelle vignette à 6000 Fcfa afin de rentrer en possession de son engin.

Mais avant qu’il n’aille faire cette formalité, le contrevenant a été amené à la hiérarchie pour s’expliquer sur la provenance du faux document qu’il avait acheté. Les limiers expliquèrent à l’homme qu’il avait tout intérêt à leur donner l’identité de celui qui lui avait vendu la vignette. Devant l’officier de police judicaire du 1er arrondissement, le nommé K commença à comprendre que l’affaire avait pris une tournure menaçante pour lui et qu’il ne pouvait se tirer d’affaire qu’en se montrant coopératif.

Il s’est donc vu obligé de dire toute la vérité. C’est ainsi qu’il lâcha le nom d’un certain Y. Traoré, un trentenaire se faisant passer comme employé de commerce domicilié à Banconi-Flabougou. Les policiers ont fait un parallèle entre le cas du motocycliste K. et celui de quatre autres conducteurs. Comme lui, ces derniers aussi avaient été contrôlés quelques jours avant. Comme K, eux aussi avaient acheté le même modèle de vignette, pratiquement au même prix. Toutes les informations recueillies auprès de toutes ces personnes convergeaient vers le même Y.

Les aveux de K. ne faisaient donc que conforter les policiers dans leurs soupçons vis-à-vis de leur suspect N° 1. Nantis des nouveaux détails à propos des fausses vignettes, les éléments de la brigade des recherches ont effectué une descente dans le quartier cité plus haut. C’était le 13 avril dernier aux environs de 19 heures. Le coup de filet était imparable, les policiers disposant de renseignements clairs et très précis sur leur suspect. C’est ainsi que le bonhomme a été interpelé chez lui à sa grande surprise.

Conduit manu militari dans les locaux du commissariat, il a été longuement auditionné. Extrêmement surpris de savoir comment il a été dénoncé, Y. ne pouvait rien nier, tant les preuves étaient accablantes contre lui. Il jugea lui aussi plus prudent de coopérer. Il divulgua donc aux policiers la façon dont lui et son complice opéraient pour mettre les fausses vignettes sur le marché à des prix défiant toute concurrence. Les documents étaient cédés entre 3000 et 3500 FCFA selon les circonstances. Mais auparavant, les policiers avaient immédiatement procédé à une perquisition qui s’est avérée payante. Chez Y., ils ont pu mettre la main sur 300 vignettes contrefaites portant le logo de la mairie du district de Bamako et prêtes à être mises sur le marché.

Coincé durant son audition, le suspect a lâché le nom de son complice. Il s’agit d’un certain R., résidant à Lomé (Togo). Ce dernier était pratiquement le principal fabricant de ces faux documents pour engins à deux roues. Le Malien s’était chargé de lui envoyer des spécimens pour lui permettre de fabriquer le document en grande quantité. Le duo aurait fonctionné de cette manière pendant plusieurs mois. Après son interpellation par les policiers, Y. a reconnu avoir écoulé un peu plus d’une cinquantaine de fausses vignettes auprès d’usagers de Bamako.

Son interpellation a permis aux policiers de repérer très précisément son complice à Lomé. Ils envisagent de faire venir d’une manière ou d’une autre le Togolais à Bamako pour recueillir des informations supplémentaires sur la filière des fausses vignettes.

La contrefaçon des vignettes constitue un manque à gagner énorme pour les recettes de l’Etat. Y. et R. le sauront lorsqu’ils apprendront qu’ils ont commis un crime passible de 5 à 10 ans de réclusion comme cela est prévu par l’article 102 et suivants du Code pénal malien. En attendant que son complice le rejoigne, Y., lui, croupit d’abord derrière les barreaux et réfléchit sur le sort qui lui sera réservé.

MH.TRAORÉ
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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