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Mali : avec peinture et patrouilles, Gao tente d`en finir avec les jihadistes
Publié le mercredi 30 janvier 2013  |  AFP


Les
© AFP
Les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le Nord du Mali, sont occupées depuis cinq mois par le Mouvement pour l`unicité du jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l`Islam)


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GAO (Mali) - Des coups de pinceaux pour effacer les traces, des patrouilles pour continuer la traque: Gao, la grande ville du Nord malien, s`efforce d`en finir avec les jihadistes qui ont régné jusqu`à l`arrivée des armées française et malienne le week-end dernier.

"Ensemble pour le plaisir de Dieu tout-puissant et la lutte contre tous les péchés": à l`entrée est de la ville, le panneau géant symbolisait le pouvoir du Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao), qui imposait dans le sang sa vision rigoriste de la charia (loi islamique).

Mais le mot d`ordre des islamistes a disparu sous les couches de peinture appliquées mercredi par le gouverneur de Gao, le général Adama Diallo, le maire Sadou Diallo - rentré de Bamako le samedi 26 janvier, au soir de la prise de la ville par les soldats français et maliens - et des notables locaux. Ces mots tracés par les salafistes "ne figurent pas dans la République du Mali", lance le maire lors de la cérémonie, où il rend hommage à la France et
aux soldats de la force africaine au Mali (Misma).

Dans cette ville située à 1.200 km au nord-est de la capitale, il s`agit de commencer à "effacer les traces laissées" par le Mujao, insiste-t-il. A quelques mètres, on aperçoit un bâtiment administratif dont les jihadistes avaient fait une base, détruit par les bombardements français.

La population a déjà entrepris d`éliminer les marques des maîtres d`hier.
Elle a peint des drapeaux aux couleurs du Mali, de la France et de pays africains comme le Niger sur les panneaux ou les murs où, à travers toute cette ville ocre, les islamistes avaient inscrit des paroles du Coran.

Peur des "kamikaze"

Mais des banderoles noires accrochées à certains bâtiments témoignent encore du règne de fer des combattants enfuis.

Les hommes du Mujao "ont quitté la ville" mais "le travail continue par les opérations de ratissage", explique à l`AFP le gouverneur de Gao sur le lieu de la cérémonie.

Dans tout Gao, des 4x4 de l`armée malienne sont positionnés. Des soldats français et nigériens patrouillent aussi en ville.

Mercredi matin, à l`hôpital, la gendarmerie locale a interpellé un présumé élément du Mujao, indique un sergent-chef malien. Selon lui, l`armée arrivée
sur place a saisi une caisse de munitions de calibre 12-7, mais aussi des
couteaux et des machettes.

"Nous pensons qu`il y a toujours des suspects en ville, nous continuons la fouille et la traque. Mais nous avons été plus alertés dans les villages environnants, où nous avons arrêté depuis notre arrivée samedi une dizaine de présumés éléments islamistes", raconte-t-il.

Dans l`après-midi, à l`appel d`habitants, des militaires maliens ont dû aussi fouiller les berges proches du fleuve Niger. "Nous sommes obligés de prendre la moindre rumeur au sérieux", avance un soldat, debout à l`ombre d`un arbre. "Ces gens-là sont dangereux", dit-il, redoutant "l`apparition de
kamikaze".

"On n`est pas rassurés", avoue Aboubacar Issa, qui joue à la pétanque avec
une dizaine d`autres jeunes près du monument de l`indépendance, dans le
centre-ville.

"Il n`y a pas eu de violents combats dans lesquels les gens du Mujao ont été exterminés. On n`a vu ni cadavre ni matériel de guerre", souligne-t-il.
"C`est sûr qu`ils sont cachés quelque part, on craint qu`ils reviennent un
jour ou l`autre".

Malgré la peur qui persiste et malgré les tensions dans la ville, malgré l`électricité qui ne fonctionne que quelques heures par jour, Gao reprend peu
à peu goût à la vie.

Au petit matin, des jeunes filles, non voilées, jouaient et chantaient en faisant la lessive et la vaisselle dans les eaux paisibles du fleuve.

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