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Manioc : Une filière prometteuse
Publié le jeudi 28 avril 2016  |  L’Essor




Le tubercule est cultivé dans la quasi-totalité de nos régions La toute première rencontre formelle sur la filière manioc s’est tenue récemment dans la salle de réunion de la Direction nationale de l’agriculture (DNA). La Compagnie malienne de développement du manioc (COMADEM) va désormais assurer la communication et la relation entre l’Etat et toute la chaîne de valeur du manioc malien. La COMADEM en tant qu’interface entre l’Etat et les travailleurs de manioc (producteurs, transformateurs) n’est qu’une étape.
Elle devra tôt au tard, pour une meilleure organisation de la filière, laisser la place à une organisation professionnelle agricole (OPA). Elle pourra sous ce nouveau statut participer à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques et programmes d’interventions dans leurs domaines de compétence. Elle sera également impliquée dans des processus, notamment dans les cadres de concertations, les commissions, les groupes de travail aux niveaux local, régional, national, sous régional et international pour faire valoir les intérêts de leurs membres, conformément à l’article 32 du chapitre II relatif aux Organisations professionnelles agricoles de la Loi d’orientation agricole (LOA).
Le Directeur national de l’Agriculture, Moussa Camara, l’a rappelé au cours des échanges avec la COMADEM quand celle-ci a signifié sa volonté d’aller vers une interprofession manioc. Il a ainsi indiqué que « l’interprofession vers laquelle vous souhaitez aller fera de vous, certes des interlocuteurs d’une légitimité indéniable, mais elle n’est pas une panacée. Le plus important c’est ce que vous savez faire.
En ce qui concerne la DNA, elle se fera de son mieux pour promouvoir toutes les filières, y compris le manioc. Mais, il faut que vous soyez rigoureux dans le travail, car quand le Financier met un franc dans une chose, il voudra savoir ce que cela donnera. Faisons en sorte que le peu d’aide que reçoit la filière manioc soit bien utilisée. 90 millions ce n’est pas beaucoup, mais prouve aux financiers que le manioc vaut la peine d’être aidé en donnant de bons résultats avec cette aide. Faisons en sorte que ces pas soient un bon argument pour nos futures rencontres avec les financiers », a argumenté le directeur national de l’Agriculture.
LE DéFI DE LA COMMERCIALISATION.
A en croire le document de présentation de la filière manioc, ce tubercule peut être cultivé dans toutes les zones agro-climatiques, dont la pluviométrie est comprise entre 700 et 900 mm. Durant la campagne agricole 2014-2015, environ 71.355 tonnes de manioc ont été produites au Mali. En plus d’une pluviométrie favorable permettant de produire des tubercules de manioc en hivernage, les vallées des fleuves Niger et Sénégal et leurs affluents constituent des bas-fonds et des plaines à travers tout le pays favorables à la culture en saison sèche. Les ressources en terre de la région de Mopti sont caractérisées par une grande variabilité de la nature et de leur fertilité.
A Mopti, 2000 hectares sont disponibles pour la culture des plantes à tubercules et à racines. A Kayes, les plantes à tubercules et à racines sont produites sur les terres exondées, partout où on peut cultiver les céréales sèches (mil, sorgho, maïs, arachide). Le manioc est cultivé dans la quasi-totalité des régions du Mali excepté Kidal. En termes d’importance des régions dans la production du manioc, la région de Sikasso enregistre 52% de la production totale des superficies cultivées, contre 19 % pour Ségou, les régions de Koulikoro et Tombouctou enregistrent chacune 7%.
Mopti, Gao, Kayes, District de Bamako, Kidal enregistrent respectivement 6, 4, 4,1 et 0%. La consommation des racines de manioc au Mali augmente de plus en plus avec la création d’associations féminines pour la fabrication locale de farine communément appélée atiéké, ari ou tapioka. L’existence de marché est aussi une opportunité pour développer la production, en effet les pays voisins viennent s’approvisionner sur les marchés notamment à Sikasso, Ségou et Kayes. La commercialisation est l’autre grand défi de la filière en plus de la problématique organisationnelle. Il faut pouvoir produire du manioc et relever le défi de la transformation. «Nous avons des demandes que nous n’arrivons pas à satisfaire à cause de notre faible capacité de production. Nous n’avons pas l’industrie de transformation nécessaire pour satisfaire la demande.
C’est la raison pour laquelle les pays voisins viennent s’approvisionner chez nous en matière première pour aller la transformer chez eux. Mais, certains acteurs de la filière manioc, dans leur quête du profit, font de la transformation locale dans des conditions d’hygiènes douteuses. Ils répondent à des commandes qu’ils ne peuvent satisfaire et envoient aux clients étrangers des produits mal conservés. Ces pratiques ont eu un effet négatif sur l’image du manioc malien que les étrangers n’acceptent plus d’acheter », a développé Dialia Kéïta, gérante de la Compagnie malienne de développement du manioc.
LA QUALITé EN QUESTION.
La filière manioc du Mali est fortement concurrencée par le sous produit atiéké de la Côte d’Ivoire qui est sollicité par les gourmets de ce plat. Les conditions de transformation de ce sous produit destiné au marché malien sont sévèrement remises en cause par la gérante de la Comadem Dialia Kéïta qui a vécu en Côte d’Ivoire et est revenue au Mali suite à la crise postélectorale. Selon elle, la qualité du sous produit atiéké destiné au marché malien, ivoirien et européen présente différents degrés de qualité, la pire étant réservée au marché malien. Même son de cloche chez Daouda Coulibaly, Ivoirien vivant au Mali depuis 2001. Il affirme ne pas consommer de l’atiéké ivoirien importé au Mali, car il est séché dans des conditions d’hygiène inacceptables. Le projet de mise en place d’un atelier pilote de production de farine de manioc dans la région de Sikasso avait suscité un grand espoir.
Ce projet avait été monté par le ministère du Développement rural et son partenaire marocain. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce complexe agro-alimentaire, la DNA a déjà effectué une mission d’actualisation des données statistiques sur la filière dans les régions de Sikasso, Ségou et Mopti. Mais la situation d’insécurité a temporairement provoqué le retrait du partenaire marocain. Cependant le gouvernement à travers la DNA vient de remettre la semaine dernière aux producteurs et transformateurs des régions de Sikasso et Ségou des équipements d’une valeur de 40 millions Fcfa.
La filière manioc pourrait connaître une bonne année 2016 grâce au « Projet d’appui au développement de la production et de la productivité de la filière manioc dans les régions de Sikasso, Ségou et Mopti » qui a pris en compte les aspects de développement de la filière pendant une durée de 3 ans. Le coût du projet s’élève à 2.500.000.000 Fcfa sur le Budget Spécial d’Investigation (BSI) pour l’année 2016.

K. DIAKITE
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