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Face à une demande de plus de 300 MW sur le réseau interconnecté : L’EDM structurellement déficitaire
Publié le vendredi 29 avril 2016  |  Le Républicain
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© aBamako.com par A S
Visite du ministre français délégué chargé du développement à la station compacte de Magnambougou.
Le ministre Pascal Canfin a visité le mardi 19 février 2013, la station compacte de la SOMAGEP de Magnambougou




La nature n’a pas gâté notre pays où du fait du climat sahélien, des personnes tombent comme des mouches sous les effets de la canicule. Au dessus de 40°C, Bamako connait présentement ce qu’a longtemps connu Kayes à l’Ouest, et encore plus Kidal au nord du Mali, une chaleur torride. Il n’y a donc à portée de main que l’électricité pour chasser cette canicule. Face à ce défi notre politique d’électrification basée sur l’énergie thermodynamique montre annuellement ses limites quand arrive les mois de mars-avril-mai, la période de forte chaleur et de pointe. Pourquoi l’Energie du Mali (EDM) n’arrive-t- elle pas à faire face à la demande d’électricité des populations ? Où se situe le mal de l’Energie du Mali ? Problème d’installations, d’infrastructures ou d’approvisionnement en carburant de ces machines qui consomment des milliers de litres par jour ? Sur quelles bases sont attribués les marchés de ravitaillement de l’EDM et comment se fait le paiement ?
Alors que certains responsables d’EDM sont accusés à tort ou à raison pour avoir des intérêts personnels dans des sociétés qui ravitaillent, à l’instar de Star Oil, leurs détracteurs ne manquent pas d’établir un rapport de cause à effet avec la faillite et l’incapacité à satisfaire la demande des consommateurs maliens. C’est également le réseau d’amis du président de la République qui se servent en mettant les Maliens dans le noir, au lieu de servir les Maliens. Selon ces sources, l’EDM connait une faillite provoquée par le système de ravitaillement et de paiement, car l’entreprise qui fournit le carburant à EDM, notamment Star Oil, exigerait un paiement rubis sur l’ongle. Pendant ce temps d’autres fournisseurs possibles se bousculeraient sur le portillon pour proposer à l’Etat un paiement avec des modalités plus souples. Certains de ces fournisseurs qui seraient partis voir le ministre pour offrir leurs services, et de meilleures modalités permettant à l’EDM de souffler à travers un paiement différé, sont retournés bredouilles, car restés sur leur faim. La cause de leur mise à l’écart ? Des responsables de l’EDM et qui font partie du cercle d’amis du président de la république, seraient dans les affaires. Certains détiendraient des actions dans les sociétés qui fournissent du carburant à EDM et exigent un paiement au comptant des ravitaillements. Qu’en est-il ?
Selon des responsables que nous avons rencontrés, l’EDM ne connait pas une rupture de ravitaillement, mais tout simplement, il y a un déficit structurel, qui fait que la production de ses installations, actuellement ne peuvent pas satisfaire à une demande exponentielle en période de pointe.
L’hécatombe de la canicule
Pour les Maliens, la barre de l’acceptable est franchie, la canicule tue de façon massive, au point qu’il n’est pas exagéré de la comparer à une arme de destruction massive, compte tenu du nombre de victimes déclarées. Notre confrère L’Indépendant révélait le mardi dernier en titre de Une : « la canicule tue 30 personnes par jour et par commune dont 70 % de personnes âgées ». On peut comprendre donc qu’à Bamako, en conséquence, les morgues refusent les corps.
C’est une situation qui interpelle tous, pour réduire la consommation d’électricité au strict minimum, mais aussi interpelle les pouvoirs publics de leur responsabilité vis-à vis des populations. En cette période de canicule, il n’y a que le rafraichissement comme alternative à la chaleur mortelle. De l’électricité pour rafraichir par le truchement des certains appareils permettant de baisser la température dans les salles, les bureaux et autres lieux. En oubliant volontairement la production industrielle, pour ne prendre en compte la santé et l’impact direct sur la vie humaine.
EDM impuissante face à la demande
« Nous sommes structurellement déficitaire. On ne produit pas assez pour satisfaire les besoins, mais le délestage concerne le moins possible le milieu social», selon le président du Conseil d’Administration (PCA) de l’EDM, Ibrahim Bocar Daga. La priorité est donnée aux hôpitaux, à l’armée et à la présidence, pour des raisons de sécurité. C’est généralement la zone industrielle qui est d’abord concernée par les délestages, qui sont programmés et négociés avec les gros industriels, explique le PCA. Selon lui, ce n’est pas une question d’approvisionnement en carburant qui est à la base des délestages que nous connaissons actuellement, mais il s’agit tout simplement d’un déficit de production. Les structures existantes ne suffisent pas pour faire face à la demande exponentielle de l’électricité par la population, précise-t-il.
En temps normal, l’EDM parvient à couvrir convenablement la demande, ajoute le Directeur général adjoint (DGA), Boubacar Kéita. Donc tout dépend de la demande, des capacités des installations de l’EDM et du trafic qui s’encombre en période de pointe, comme c’est le cas de la circulation sur les routes de Bamako, explique le DGA. Il a souligné les promesses encore attendues de l’interconnexion avec la Côte d’Ivoire qui prévoyait 80 MW au départ et 200 MW de puissance par la suite. Actuellement, l’EDM ne reçoit que 30 MW de ce réseau, et cela peut souvent baisser jusqu’à 20 et 10 MW. En outre, des travaux sont en cours à Sotuba et Sélingué, ce qui impacte sur leur capacité de production. Il y a également des soucis au niveau des machines de Balingué (6 machines de 11 MW) à cause de surchauffe, explique le DGA. « Aux heures de pointe, entre 19h et 24 heures, la période de tous les dangers pour nous, l’EDM produit 280 Méga Watts (MW). Alors que la demande atteint 300 à 310 MW. Nous avons un déficit de 30 MW », explique-t-il. Selon Boubacar Keïta, le 27 avril à 20 heures, la demande a été de 272, 3 MW ; la prévision était de 275 MW. Mais, il y a eu un déficit de 6 MW. Il y a la prévision, mais il y a le réel, explique-t-il. Selon nos interlocuteurs, les capacités de productions de l’EDM doivent augmenter de 10% d’année en année en fonction de la croissance des besoins, pour faire face aux besoins. Pour mettre fin à tous ces désagréments, mais qui ne sont pas le propre du Mali, il n’y a qu’une solution : investir. Construire de nouvelles infrastructures de production d’électricité, avec une réserve de 100 MW pour pallier à toute éventualité. Mais la réalité est encore loin de ce vœux des responsables de l’EDM, qui ne se voilent pas la face.
Les fournisseurs
Le mécanisme de l’approvisionnement de l’Edm en carburant passe par le système d’appel d’offre pour les grands centres urbains comme Bamako, et le gré à gré pour certains points de l’intérieur du pays, où les entreprises ne se bousculent pas pour ce faire. Jusqu’à 250 millions de Fcfa, la Direction a pouvoir de décision pour approuver les marchés. Mais au delà de 250 millions de FCFA, intervient le conseil d’administration, explique le PCA, Ibrahim Bocar Daga. Au paravant c’était un groupement comprenant Ben and Co, Somayaf et d’autres qui n’ont pas pu suivre, parce que le système d’approvisionnement a changé. La société Star Oil a pris la relève il y a deux ans, « parce qu’il avait les meilleurs offres et les possibilités de préfinancer », explique-t-il. Actuellement Star Oil est le plus gros fournisseur de l’EDM, mais il ya aussi Total, Somayaf... « Tous ces fournisseurs sont des sociétés solides et certains font leurs preuves dans des pays voisins », explique-t-il. Il n’est pas question d’intérêt direct personnel des responsables de l’EDM au sein desdites sociétés, mais seulement d’intérêt général des consommateurs de courant produit par EDM, a expliqué Ibrahim Bocar Daga.
Mode paiement
A l’EDM, on ne paie pas cash, on n’en a pas les moyens, mais il s’agit toujours d’un paiement en différé. « On était allé jusqu’à 7 milliards d’impayés avec nos fournisseurs. Normalement, on fait des échéances, mais l’EDM ne parvient pas à payer comme il faut et cela pose des problèmes aux fournisseurs qui ont aussi des impératifs avec leurs partenaires banquiers », indique le PCA de l’EDM.
Au sujet des entrepreneurs qui pensent pouvoir fournir du carburant à des conditions meilleures, Ibrahim Bocar Daga soutient qu’il n’y a pas d’autres passages que la voie de l’appel d’offre, qui est connue de tous, et personne ne peut imposer des facilités à l’EDM, soutient-il.
Daou
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