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Maitrise des ressources en eau pour développer l’agriculture : Les solutions d’un expert en hydraulique agricole
Publié le mardi 3 mai 2016  |  Le repère
Riz
© Autre presse
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Que faut-il faire pour qu’il y ait adéquation entre les ambitions agricoles du Mali et ses ressources en eau ? En d’autres termes, quelles sont les pistes de solutions pour une utilisation rationnelle de notre potentiel en eau (deux fleuves et une immense eau souterraine et pluviale) pour irriguer les 2.200.000 hectares de terres aptes à l’irrigation au Mali ? C’est à cet exercice que s’est attelé Mohamed Fall Ould Mohamed, Ingénieur spécialisé en Hydraulique Agricole, à l’occasion de la Journée de l’Ingénieur, qui a été organisée, les 29 et 30 avril derniers, par l’Ordre des Ingénieurs Conseils du Mali (OICM), sous la thématique «Ambitions Agricoles du Mali et Ressources en Eau ». C’était le vendredi dernier, à l’hôtel Radisson BLU.

Lors de son exposé, le conférencier, sur la base de statistiques récentes et d’un travail méthodique, a émerveillé l’assistance par la maitrise du sujet. Mohamed Fall a, entre autres, évoqué le potentiel agricole du Mali ; l’état de mise en œuvre du potentiel irrigable ; les impacts de la mise en œuvre du potentiel irrigable, avant de conclure par des recommandations en vue d’aider les pouvoirs publics à mieux s’orienter dans les choix et décisions en rapport avec ce sous secteur.

Le Mali a d’importantes ressources en sols avec un potentiel de 45 millions d’hectares de terres pour l’agriculture (15 millions) et l’Elevage (30 millions) et son domaine forestier couvre environ 100 millions d’hectares sur lesquels uniquement 21 millions sont exploités.

Pour le conférencier, les ressources en eau sont relativement importantes si on sait que le Mali est traversé par les deux plus importants cours d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit du fleuve Niger, 3ème cours d’eau d’Afrique, dont 1750 km sont au Mali et le fleuve Sénégal avec 700 km au Mali. L’essentiel des ouvrages de mobilisation de la ressource en eau existant et avenir sur ces deux cours d’eau est situé au Mali…

Le schéma directeur de mise en valeur des ressources en eau, adopté en 1991, fait des estimations sur notre potentiel en eau. L’eau météorologique (apport des pluies), représente en moyenne annuelle, environ 415 milliards de m3 d’eau.

En eau de surface, les volumes d’eau écoulés en année moyenne sont d’environ 71 milliards de m3 dont 56 milliards de m3/an pour les cours d’eau permanents (fleuves et affluents) et 15 milliards de m3/an pour les cours d’eau non pérennes. Le volume écoulé peut descendre à 30 milliards de m3 en année décennale sèche.

Quant aux réserves d’eau souterraine, elles sont d’environ 2700 milliards de m3 d’eau, tandis que le renouvellement moyen annuel atteint 66 milliards de m3/an.

Malgré ce potentiel en eau, notre pays peine à profiter des avantages de ce potentiel à cause de l’insuffisance des surfaces aménagées et de la mauvaise répartition des ressources en eau, dû en partie à la faiblesse des ouvrages hydro agricoles. Et les recommandations de Mohamed Fall Ould Mohamed pourraient certainement ouvrir la voie à une meilleure répartition de cette richesse et booster le développement agricole du Mali.

« De la faiblesse des rythmes d’aménagement

Le bilan des superficies aménagées par région qui indique qu’environ 404.163 ha sont actuellement aménagés soit 18% du potentiel.

Ce faible taux de réalisation qui contraste avec les besoins immenses de nos populations indique qu’il y a un déficit de capacité en matière de planification et de conduites des projets d’aménagements.

Pour les aménagements dans le bassin du fleuve Sénégal, Il y a visiblement un déficit d’identification des terres et par conséquent un déficit de planification des aménagements du potentiel irrigable dans la partie malienne, alors même qu’il s’agit, dans le cadre de l’OMVS, de profiter de la synergie des moyens techniques et financiers qu’offre cet organisme de bassin.

Pour la Région de Kayes, au regard des besoins pressants des populations défavorisées de la région, il y a urgence à faire des efforts d’identification et de planification pour les faire bénéficier des retombées des aménagements et de la maîtrise totale de l’eau que permettent les barrages réalisés ( et à réaliser) dans le cadre de l’OMVS. Ce déficit requiert le renforcement des capacités avec entre autres les dispositions ci- après:

Renforcer les capacités opérationnelles (assistance, suivi, capitalisation de données) des services techniques permanents (DNH, DNGR, CPS etc.) pour accompagner la multiplication des projets et programmes et des Agences (ADR et agences spécialisées) conçus comme une réponse à la lenteur dans la mise en œuvre des projets et pour booster le rythme des aménagements et autres actions de développement;
Améliorer l’état de la connaissance des ressources et la mettre à disposition des planificateurs, concepteurs et autres utilisateurs,
Améliorer le cadre institutionnel de planification, de conception et de suivi (intervenants du sous secteur irrigué).

Renforcer les capacités nationales en matière de planification stratégique de façon à anticiper la problématique du partage des ressources en eau et pour apporter l’accompagnement nécessaire aux collectivités territoriales dans ce domaine, d’une part et pour construire un minimum de cohérence entre différents secteurs et usages ( Agriculture et eau), d’autre part à travers :
Poursuivre la constitution d’une capacité nationale en matière d’Aménagement du Territoire et s’orienter sur la nécessité de produire rapidement des données de base et des outils pour orienter les planifications sectorielles et celles des collectivités de façon à anticiper la préservation de nos ressources et de notre environnement.

De l’analyse des impacts des aménagements Hydro-agricoles

La gestion des eaux et les objectifs de Sélingué et de Fomi, et, dans une certaine mesure ceux des Ouvrages du Baní (Talo et Djenné), de Taoussa et de Kandadji devront nécessairement tenir compte des impacts et des enjeux de développement et de préservation des écosystèmes du delta intérieur et de la zone lacustre. (Carte localisation du DI). C’est pour cela qu’il convient de mettre en œuvre les recommandations suivantes :

Augmenter les capacités des réservoirs de Sélingué et de Fomi pour garantir un minimum de 100 à 150 m3/s à Ké-Macina (entrée du DI) ;
Réaliser un Schéma d’Aménagement et de Gestion du DIN (conformément aux indications du PADD) ;
Réaliser un Schéma d’Aménagement et de Gestion Globale pour le Bassin du Bani et pour le Sankarani ;

Réaliser une Etude d’Impact Environnemental Globale et d’envergure portant sur les impacts des aménagements et prélèvements sur le fleuve Niger.
Améliorer la gestion et la valorisation de l’eau à l’Office du Niger et adapter les ambitions d’extensions aux exigences d’une GIRE prenant en compte les résultats d’une Etude d’Impact Environnemental Globale des impacts des aménagements et prélèvements sur le fleuve Niger ;
Sécuriser, par des ouvrages, l’alimentation en eau des aménagements et des écosystèmes du Delta Intérieur et des zones lacustres ».

Idrissa Maïga
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