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Fousseyni Camara, intellectuel de la diaspora malienne en France : «Une jeunesse sans perspectives est une bombe à retardement»
Publié le mardi 3 mai 2016  |  Le Reporter




Dans une précédente interview, Fousseyni Camara avait décortiqué le syndicalisme en France, sa migration en Hexagone, la politique africaine de la France, le syndicalisme en Afrique… Aujourd’hui, ce brillant intellectuel autodidacte de la diaspora malienne en France se prononce sur le sous-développement du continent, la responsabilité des élites africaines dans ce retard, les attentes, l’avenir du Mali et de l’Afrique… Interview !
Le Reporter Mag : Le sous-développement du Mali et de l’Afrique serait-il lié à la démission, voire à la trahison de ses élites (hommes politiques, responsables des entreprises et intellectuels) ?
Fousseyni Camara : Je crois qu’il y a un peu de tout cela, sinon comment expliquer qu’après plus d’un demi siècle d’indépendance, nous faisons appel à l’ex-colonisateur pour nous libérer, non pas de l’occupation d’une puissance, mais de celle d’une poignée de groupuscules armés ? Que nos politiques et nos intellectuels fassent une analyse sans complaisance sur l’avant et l’après Opération Serval pour que nous puissions changer notre fusil d’épaule et mieux avancer. Tâchons d’y penser ! Nous, Africains, avions hérité d’un continent dont le sous-sol (pour paraphraser les experts) est un vrai scandale géologique : or, diamant, pétrole, uranium, bauxite, manganèse et que sais-je encore…
Mais, malgré cette insolente richesse sous nos pieds, nous continuons de tendre la main dans tous les domaines. Je pense qu’à nos indépendances, la confusion est venue très certainement de la signification donnée au concept : Indépendance=Liberté. Nous nous sommes limités à croire que l’indépendance, c’est la liberté retrouvée, mais en oubliant d’éduquer le peuple à comprendre que le plus dur ne fait que commencer, à savoir nous assumer…
Bref, prendre notre destin en main par le travail et l’abnégation. Malheureusement, plus de 55 ans après, nous sommes loin du compte, car nous sommes encore dans les dépendances financière, culturelle et militaire qui sont les pires des machines de recolonisation pour Afrique. Cela fait de nous le continent où les multinationales ont l’outrecuidance de venir fixer les prix de nos matières premières. Comment nous en sortir, si c’est l’acheteur qui fixe les prix et non le vendeur ? Nos richesses ne profitent jamais au peuple, sinon ça se verrait dans nos hôpitaux, dans nos écoles et même dans nos assiettes.
Quelle honte que de voir nos présidents et nos ministres partir se soigner chez les puissances coloniales, alors que nous sommes supposés être indépendants ! Notre retard s’explique tout simplement par le fait que, par individualisme, nos Etats ont fait le choix de n’avoir aucun contrôle sur nos richesses. Les impérialistes ont vite éliminé ceux qui avaient fait ce choix courageux comme Modibo Kéïta, Kwameh Nkrumah, Patrice Lumumba, et récemment Thomas Sankara.
Qu’auraient dû faire les élites africaines pour concrétiser l’indépendance et assurer le développement de leur pays et de l’Afrique ? À quoi est lié la mal gouvernance en Afrique ?
Concernant ce cancer généralisé de la mal gouvernance en Afrique, la réalité est que, à quelques exceptions près, la plupart de nos leaders rentrent en politique pour s’enrichir. Et ce sont les mêmes qui bafouent nos lois pour parvenir à leurs fins. Ils finissent par se persuader que les lois sont faites pour le peuple et pas pour eux.
Les causes sont multiples, mais elles découlent toutes du népotisme qui n’est rien d’autre qu’une forme de gestion patrimoniale des biens d’une nation par un clan et qui engendre la corruption, les conflits d’intérêt et donc, forcément l’impunité. En Afrique, le dirigeant politique a toujours le mauvais reflexe de s’entourer de sa famille, des hommes d’affaires et des financiers en les plaçant dans tous les rouages du pouvoir. Or, cette race ne parle que de profit rien que le profit. Dès lors, il n’est pas étonnant de voir une Afrique à deux vitesses : les milliardaires d’un côté, et la misère grandissante de l’autre ! Un pays se construit dans la justice et le partage.
Et sans volonté de réduire les inégalités, il est illusoire de combattre la misère, dans la mesure où tout ce qui semble être une priorité pour le bien-être des populations (école, santé, autosuffisance alimentaire et infrastructures) a été relégué au second plan par nos gouvernants. La corruption a pris une telle ampleur à l’ère démocratique, en comparaison de l’ère de la dictature. Cela doit nous interpeller tous. Je pense qu’il est temps de faire un bilan sur les contre-pouvoirs qui, par principe, doivent contrôler l’action gouvernementale pour corriger ce qui doit l’être.
Dans les années d’indépendance, les élites étaient pourtant très présentes sur les chantiers du développement. Qu’est-ce qui a provoqué leur démission ?
Vous savez, les pères de nos indépendances, singulièrement ceux du Mali, étaient des visionnaires. Ils se sont sans doute beaucoup inspirés de l’hymne du Wassoulou. Le cas malien, sous la houlette du président Modibo Kéïta, est à étudier dans toutes les grandes écoles. Quand le colon est parti, Modibo Kéïta a vite compris que le socle de tout développement passera par un retour à nos fondamentaux et que tout peuple imprégné de son passé a les atouts pour relever tous les défis.
Le «Dambé» et le «Hôronya» ne sont des valeurs nullement incompatibles avec la mondialisation, bien au contraire. Ces valeurs n’étaient autres que la valeur travail, l’intégrité morale et la solidarité. L’exemple, le bon exemple, venait du haut et nous savons tous que si les puissants mentent et volent, le «tèkin sôgna» (manque de confiance) s’installe dans la société et les vertus disparaissent peu à peu. Le dirigeant, qui aura la volonté de reprendre ce flambeau de l’éthique, aura la voie royale pour sortir son pays du sous-développement.
Il n’est plus possible dans un pays qui aspire au développement de s’accommoder d’une gestion clanique et familiale. Nos dirigeants et notre peuple doivent toujours s’inspirer de l’Hymne du Wassoulou qui dit : «Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes les plus courageux ; Si tu ne peux pas dire la vérité, en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes les plus courageux ; Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes justes ; Si tu ne peux protéger le faible pour braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur ; Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots ; Oh Fama ! Le peuple te fait confiance, parce que tu incarnes ses vertus» !
Aujourd’hui, il est de plus en plus question du renouvellement des élites maliennes africaines. Est-ce une nécessité, selon vous ?
Une nécessité et un impératif ! Le renouvellement des élites entre d’ailleurs dans le processus normal de la vie d’une nation. Je suis cependant assez réservé que le renouvellement se fasse uniquement sur le critère de l’âge, car l’expérience est le meilleur des diplômes. Aussi, voudrais-je souligner qu’il y a de bons vieux et des jeunes moins bons. C’est pour dire que tout ne doit pas se limiter à l’âge. Je ne suis nullement choqué que nos anciens les plus méritants continuent à nous montrer le chemin.
Ce qui doit être combattu, c’est le manque de rigueur morale et le favoritisme. Vous savez, il n’est pas rare de voir un jeune au volant d’une voiture qui coûte plusieurs dizaines de millions de nos francs dans les rues de nos grandes villes africaines. Je ne pense pas qu’il s’est offert cet engin par les fruits de son labeur. Il faut donc un renouvellement en douceur sur le seul critère de la compétence, de l’intégrité, de l’honnêteté et du dévouement patriotique.
Un ami algérien me racontait un jour que, dans sa commune, le maire sortant avait comme discours de campagne qu’il a beaucoup volé, mais qu’il promet de consacrer son dernier mandat au bien-être de ses administrés. Donc, qu’il invite la population à ne pas élire un jeune qui, le temps d’avoir tout, ne fera rien pour la commune, alors que lui n’a plus besoin de voler. C’est tristement vrai !
Quels doivent être les critères de ce renouvellement ?
Patriotisme et panafricanisme, rigueur morale et compétence. Faisons confiance aux jeunes, sans définitivement fermer la porte à tous les vieux. Et, croyez-moi, ils nous surprendront agréablement ! La combinaison de l’expérience et de l’énergie assurera une bonne période de transition.
Dans le cas du Mali, nos jeunes ont-ils la capacité nécessaire aujourd’hui pour faire face à cette lourde responsabilité ?
Bien sûr, les jeunes n’attendent qu’une volonté politique leur permettant de s’impliquer massivement dans la vie de la cité. Nos dirigeants doivent aller dans ce sens pour éviter au pays une turbulence. Au Mandé, d’où je suis originaire, les sages nous disent des choses pleines de clairvoyance. Ils nous font ainsi savoir que pour «avoir tout un village ou tout un pays, tu prends les enfants en appui. Bien sûr que les mamans viendront chercher leurs enfants. Et si les mamans durent, car convaincues, soyez certains que les papas aussi vont venir…» ! Ceci pour dire que la jeunesse est incontournable dans un pays qui veut aller de l’avant.
Le constat est que les jeunes le mieux formés ne reviennent pas généralement au pays, par manque de perspectives, disent-ils. Que doit-on faire pour changer cette donne ?
Sans doute, créer les conditions et des perspectives pour favoriser le retour de ces jeunes bardés de diplômes. Difficiles de leur jeter la pierre, car au Mali, les postes de responsabilités s’obtiennent rarement sur le critère de la compétence et de la rigueur morale. Bien que mieux formés, ces jeunes sont convaincus qu’il serait suicidaire d’aller gonfler les rangs de jeunes diplômés restés au pays.
Il faudra par exemple créer au niveau des ambassades ou une base de données qui recensera tous les étudiants maliens hors du pays. Et une fois leurs études terminées, l’ambassade doit informer le ministère des Affaires étrangères qui transmettra à son tour les informations au ministère de l’Emploi. Cela facilitera leur retour au pays. Nos dirigeants seraient bien inspirés de prendre à bras le corps le désarroi de notre jeunesse.
Souvenons-nous tous du jeune Mohamed Bouazizi dont l’immolation a déclenché le Printemps arabe. Il était diplômé, comme on en rencontre dans toutes les familles africaines. Sans perspectives, il s’est résolu à s’improviser marchand ambulant de fruits et légumes pour survivre, et c’est quand il s’est vu confisquer sa marchandise par des policiers zélés, qu’il a décidé de mettre fin à sa vie. On connaît la suite… Une jeunesse sans perspectives est une bombe humaine à retardement
La fuite des cerveaux est l’un des obstacles au développement des Etats africains. Partir ailleurs n’est-il pas un manque de courage de la part de nos élites ?
Cette fuite des cerveaux est dommageable, surtout à un moment où l’Afrique a grandement besoin de toutes ses élites. Disons aussi que le système de pistonnage fait que beaucoup, après des années de chômage, prennent la route de l’exode pour ne pas gonfler indéfiniment les rangs de ces milliers de jeunes diplômés au chômage. Les parents se saignent pour qu’ils fassent des études, et l’Etat en fait des chômeurs prêts à s’embarquer dans n’importe quelle aventure comme la migration clandestine, la rébellion, les réseaux terroristes et mafieux. Comment les incriminer dans ces conditions ? Au football, nos meilleurs joueurs partent à l’étranger, mais se mettent toujours à la disposition du sélectionneur quand le pays a besoin d’eux. Nos cerveaux aussi viendront à l’appel du pays, j’en suis certain.
Pour de nombreux observateurs, le renouvellement des élites africaines devrait permettre une meilleure contribution de la diaspora africaine au développement du continent et déboucher sur la formation d’une nouvelle génération de leaders. Qu’en pensez-vous ?
Cela est très souhaitable. Ce sera une formidable valeur ajoutée pour l’Afrique car ces élites de la diaspora ont une vision très rationnelle et une manière très méthodique de gérer. Auront-ils les mains libres pour une gestion saine de nos ressources ? Personnellement, j’en doute, car le système semble bien verrouillé. De plus, ils sont qualifiés de vacanciers (donc couper des réalités) par certaines personnes qui pensent que leurs postes sont menacés. J’en parle régulièrement aux leaders politiques chaque fois que j’ai une opportunité d’échanges avec l’un d’eux. Ailleurs, très peu ont un poste égal à leur niveau d’études et serait donc ravi que le pays profite de leurs compétence et de leurs savoir-faire.
On note aussi une crise de confiance qui fait que la diaspora a peur de revenir ou d’investir, faute d’interlocuteurs crédibles. Qu’est-ce que cette diaspora peut-elle réellement aujourd’hui apporter à un pays comme le Mali ?
Elle peut apporter son expérience et des devises. L’apport de la diaspora en terme de transfert de fonds s’élève annuellement à près 350 milliards de Fcfa, sauf erreur de ma part. Ce n’est pas négligeable car cela dépasse de loin l’aide au développement de certains «pays amis». Et c’est une somme qui est directement investie dans le développement local. La diaspora malienne a tout compris de l’immigration, car non seulement nous respectons les lois du pays d’accueil, mais nous mettons un point d’honneur à ne pas nous couper de nos racines.
La diaspora fait énormément dans le développement du pays. Je pense donc qu’elle mérite de la part du gouvernement un statut particulier en allégeant sensiblement certaines lourdeurs administratives pour leur permettre d’investir. Les envois destinés aux communautés doivent être par exemple systématiquement exonérés d’impôts et de taxes.
Aujourd’hui, obtenir l’exonération d’impôts et de taxes est une longue procédure qui dissuade beaucoup d’associations de collecter des équipements et d’autres matériels pour leur communauté au pays. Beaucoup a été fait sous Alpha Oumar Konaré (AOK) pour les encourager à faire encore plus pour le pays.
Mais, c’est vraiment avec Amadou Toumani Touré (ATT) qu’il y a eu le grand frémissement, qui a rassuré même nos enfants nés ici à s’intéresser encore davantage à la terre de leurs ancêtres. Des efforts sont encore nécessaires pour une contribution de poids de la diaspora au développement local. Seulement à petite échelle, trouver un interlocuteur crédible est de plus en plus difficile. Beaucoup ont tout perdu, ont été totalement ruinés par le manque de sérieux de leurs interlocuteurs qui ne réalisent toujours pas que le but de l’investissement dans des petits projets, c’est aussi pour les aider à s’émanciper socialement et économiquement.
Avez-vous personnellement des projets au Mali ?
De tous petits projets, essentiellement pour aider la famille qu’autre chose. Pour le reste, pourquoi ne pas dispenser bénévolement des cours de formation sur InfoLog et quelques notions de base dans la gestion informatisée des stocks en logistique dans des lycées professionnels. Je dis bien bénévolement (Rires). J’ai une petite expérience dans ce domaine, et j’aime tellement l’échange avec les jeunes, que ce serait pour moi des moments très privilégiés, et même un moment de distraction et de détente. Mais je dis bien, bénévolement (Rires) !
Comptez-vous un jour revenir vous installer à Siby, votre village natal, pour y investir ?
Pourquoi pas ? C’est un village fascinant qui est d’ailleurs l’œuvre de mon grand ancêtre Kamandjan Camara. Je n’ai malheureusement pas les moyens de mon rêve d’investir dans ce merveilleux et beau village du Mandé qui m’a vu naître. Mais, collectivement et dans le cadre de notre association villageoise, nous répondons présents à toutes les sollicitations des autorités villageoises : Construction de classes ou d’écoles, équipement de la maternité, dons de médicaments pour le CESCOM dont j’ai été l’initiateur. Mais sur ce dernier point, faute d’avoir une dérogation fiscale du gouvernement, j’ai dû arrêter à cause des frais de douanes excessifs.
Vous suivez de très près l’actualité malienne. Que vous inspire le débat, souvent houleux, sur les autorités intérimaires ?
J’avoue ne pas avoir tous les éléments en main pour donner un avis tranché sur la question. Mais la règle, quand deux parties de bonne foi se mettent à table pour négocier, c’est-je crois sur la base- que chacun y trouve son compte. Malheureusement, force est de reconnaître que les groupes armés ont obtenu tout ce qu’ils voulaient pour avoir pris les armes contre leur propre pays.
Côté malien par contre, rien à ce jour : pas de retour de l’administration en vue dans les zones occupées, ni même du cantonnement des mouvements armés. Les mots ont d’ailleurs un sens, car on parlait de désarmement total et non de cantonnement. C’est d’ailleurs pourquoi je trouve prématuré de les appeler ex-rebelles tant qu’ils n’ont pas rendu les armes. Je crois savoir qu’on parle d’une vague de réintégrations des groupes armés dans l’administration par nomination, sans CV, ni diplôme, et aussi dans l’armée nationale.
Cela se fera-t-il au détriment des jeunes diplômés du sud au chômage ? L’Etat a-t-il les moyens financiers d’un tel engagement ? Pour terminer, j’aurais été plus heureux si la Cma avait condamné la fameuse cérémonie d’anniversaire de leur fantomatique indépendance…Et pas un seul communiqué de protestation du côté du gouvernement. C’est très troublant !
Quel appel lancez-vous aux jeunes leaders africains ?
Qu’ils sachent qu’ils sont la génération sur laquelle l’Afrique compte le plus pour avoir toute sa place dans le concert des continents. L’appel que je lance est ceci : N’attendez pas qu’on fasse appel à vous, levez-vous et revendiquez vos droits. Indignez-vous de tout acte posé qui compromet votre avenir. Etre du côté du pouvoir ou des pouvoirs n’est pas en soi condamnable à condition de ne pas perdre son âme !
La jeunesse doit de plus en plus s’orienter vers les domaines d’études demandés par le marché de l’emploi. Pour cela, les autorités doivent créer au niveau des écoles techniques, professionnelles, et dans les universités, les filières liées à la réalité et au monde d’aujourd’hui. Voyez-vous la place de la technologie dans le monde d’aujourd’hui (Smartphone, iPad et autres) ?
Que nos autorités sachent donc que de milliers de jeunes diplômés dans la déshérence est tout simplement un gâchis pour le pays et même une atteinte grave aux droits humains. Certes, l’Etat ne peut pas tout faire, mais il n’a pas le droit de laisser sur le bord du chemin cette tranche d’âge qui est la relève, l’avenir ! La jeunesse est une force vitale que beaucoup de continents envient aujourd’hui à l’Afrique ! C’est donc un atout de développement qu’il ne faut négliger en aucune manière !
Propos recueillis par Moussa BOLLY
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