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Tentative de putsch contre IBK : le lieutenant Ouattara et son complice condamnés à 5 ans de prison ferme
Publié le mercredi 4 mai 2016  |  Le Procès Verbal




La Cour d’Assises de Bamako, en son audience du mercredi 4 mai 2016, a jugé le dossier de tentative de coup d’Etat reproché au lieutenant Mohamed Ouattara et à son complice, Amara Sylla. Quant à Souleymane Sangaré, l’autre présumé complice, il a été acquitté. L’audience était présidée par Mahamadou Berthé, le premier président de la Cour d’Appel de Bamako ; le banc du Ministère public était occupé par Djenèba Karabenta et les accusés étaient défendus par Maître Magatte Sèye, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali.
Les faits de la cause
Selon l’arrêt de renvoi, le lieutenant Mohamed Ouattara, officier du 333ème régiment des commandos parachutistes, a, le 3 juin 2014, appelé à son domicile, sis au camp des parachutistes de Djicoroni, le sergent-chef Amara Sylla, alors détaché à Kati, pour un entretien. L’entretien a porté sur un coup d’Etat militaire contre le régime d’IBK. Au sortir de l’entretien, qui eut lieu de 19 h à 20 h, le lieutenant Mohamed Ouattara demanda au sergent-chef Amara Sylla de prendre attache avec des sous-officiers influents et écoutés de la troupe, tant au niveau de l’armée de l’air que dans la garde nationale, pour les faire au projet. La même nuit, Amara Sylla se rendit au domicile de l’Adjudant-chef Issa Dansé Togola, à la base ‘’A’’, pour lui faire part du projet de putsch. Ensemble, ils appelèrent au téléphone le major Cheick Oumar Sissoko de la garde nationale avec lequel ils convinrent de se retrouver à Hamdallaye, devant le monument « L’éléphant », vers 20 h. Au cours de cette rencontre, Amara Sylla passa le message du lieutenant Ouattara à ses compagnons. Le plan de l’opération consistait à attaquer le domicile du chef de l’Etat, de le tuer ou de le capturer vivant. Amara Sylla, Cheick Oumar Sissoko et Dansé Togola se mirent d’accord pour tenir une rencontre avec le lieutenant Ouattara le 4 juin 2014. La rencontre eut lieu à 11 h, dans une rôtisserie située au pied de la colline sur la route de Samè. Tout le monde était là et même un nouveau-venu : le soldat de 2ème classe Souleymane Sangaré. La question du coup d’Etat a été encore évoquée. Mais toute l’affaire a foiré car le major Cheick Oumar Sissoko, trahissant le groupe, ont alerté le directeur de la sécurité d’Etat. Comme les conjurés se sont à nouveau donné rendez-vous dans la nuit vers 22 juin, dans la rue de l’hôtel Radisson Blue, d’où ils prévoyaient de faire mouvement vers la résidence du chef de l’Etat, le lieutenant Ouattara et deux de ses complices furent arrêtés par les éléments de Sécurité d’Etat.
Les débats à la barre
A la barre, le lieutenant Ouattara et ses deux complices nient les faits. Ils déclarent avoir, au contraire, voulu mettre en échec un coup d’Etat qui était en préparation par certains officiers de l’armée. Ayant été informés des actes posés en ce sens par le lieutenant, Cheick Oumar Sissoko et Donsé Togola ont préféré se faire une carrière en allant accuser le lieutenant et son groupe comme auteurs d’un complot. Pour preuve que la trahison de Sissoko et de Togola leur a profité, ces deux hommes ont été promus en grade le 22 septembre 2016. Cités comme témoins, Cheick Oumar Sissoko et Donsé Togola ont déclaré que Ouattara les avaient approchés afin d’attaquer le domicile de président de la République, de le capturer ou, au besoin, de le tuer. Le chef des armements et celui des matériels roulants du camp des Parachutistes ont été également entendus comme témoins. Ils ont soutenu que le lieutenant Ouattara les avait appelés pour leur demander la situation des armements et des matériels roulants présents au camp. Répliquant à ces témoignages, Ouattara dit avoir voulu simplement s’assurer que nul officier putschiste n’était venu s’emparer de ces engins.
Prenant parole, Maître Magatte Seye, l’avocat de la défense, a estimé que le dossier était vide et qu’il ne contenait pas le moindre commencement d’exécution. Cette absence d’éléments matériels rend l’infraction inexistante, aux dires de l’avocat.
Après en avoir délibéré, la Cour a condamné Mohamed Ouattara et Amara Sylla à 5 d’emprisonnement ferme et a acquitté Souleymane Sangaré. Après avoir fait 2 ans de détention préventive, Ouattara et son complice sortiront de prison dans 3 ans. Soit à la fin du mandat de celui qu’ils voulaient renverser. Ironie du sort ?
Abdoulaye Koné
Source: Le proces verbal
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