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Décès à la Maison centrale d’arrêt de Bamako : L’inconfort Porté Jusqu’à l’insupportable
Publié le dimanche 8 mai 2016  |  L’Essor
Evasion
© aBamako.com par mouhamar
Evasion de à la Maison Centrale d`Arrêt de Bamako
Bamako, le 16 juin 2014. Un certains nombres de détenus s` est évadé à la suite d` un échange de tire.




En cette période de canicule, la mort de cinq pensionnaires met en lumière la pénibilité des conditions de detention. Remède va y être rapidement porté La chaleur accablante (plus de 40°C à l’ombre) qui sévit dans la capitale depuis quelque temps a des conséquences au niveau de la Maison centrale d’arrêt de Bamako.

Cinq pensionnaires ont perdu la vie récemment à cause de la chaleur insupportable qui règne dans les cellules surpeuplées. Aussitôt la nouvelle connue, le ministère de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde de Sceaux a dépêché hier une mission technique sur les lieux. Avec comme objectif de voir comment éviter que ces drames ne se répètent. Aux émissaires de la Justice, se sont joints des techniciens du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Ensemble, ils ont visité les cellules qui ne respectent pas les standards internationaux. Les gardiens de prison gèrent au mieux, faute de moyens et d’espace.

L’émotion était évidemment au rendez-vous lors de la visite de la délégation officielle. Car toutes les vies comptent, y compris celle d’un détenu qui purge sa peine sous la rigueur de la loi. La grande prison de Bamako constitue à tous égards un monde à part. Les pensionnaires sont d’origines diverses et certains sont de dangereux criminels. La dernière fois que l’établissement pénitentiaire a fait parler de lui, c’était il y a deux ans, à l’occasion de l’évasion du terroriste islamiste Wadoussène qui avait abattu un gardien de prison avant de se faire la belle.

Depuis, la sécurité y est renforcée. Des hommes lourdement armés montent la garde. «Tout a changé ici après ce que vous savez », confie à voix basse un gardien de la prison en faisant allusion à la spectaculaire évasion du terroriste.
A la grande porte d’entrée, l’affluence ne faiblit pas. De nombreux visiteurs se pressent pour apporter ne serait-ce qu’un réconfort moral à leurs proches ici détenus. Certains d’entre eux amènent des repas. Tous sont tenus de montrer patte blanche au responsable du poste, un officier de la Garde nationale assisté de quelques gardiens de prison.

274 AU LIEU DE 50.
“Tournez à gauche et vous aurez accès à la cour des détenus”, indique un garde en faction à l’entrée. Les détenus réputés dangereux sont logés dans un compartiment plus sécurisé. Dans le compartiment vers lequel nous sommes orientés, des prisonniers font office de guides pour les visiteurs contre un peu d’argent. Ici, la débrouillardise est tolérée. Certains pensionnaires tiennent de petits commerces et vendent des biscuits, du thé, des bonbons et des cigarettes. La musique, comme pour adoucir les mœurs dans cet environnement infâme, est audible en divers endroits.

La forteresse accueille aujourd’hui 1792 pensionnaires pour une capacité de 600 places. En moyenne 20 nouveaux détenus arrivent par jour. 1056 détenus attendent un jugement. « Il appartient aux juges de traiter leurs dossiers. Pas à l’administration pénitentiaire », relève à juste titre un gardien de prison. « Parmi ceux qui ne sont pas jugés, il faut prendre en compte ceux qui se sont engagés dans les voies de recours et ceux dont les dossiers sont en cours de traitement », précise un magistrat de la délégation.

Les détenus sont entassés à 274 par chambre. Or chaque chambre est conçue pour accueillir 50 détenus, explique un gardien visiblement gêné par l’inconfort qu’il fait visiter à la délégation. Au total, la prison centrale compte six grandes chambres et un centre de soins qui manque d’un plateau technique qui pourrait au moins permettre de faire face aux maladies diarrhéiques et infectieuses des prisonniers. La découverte des mauvaises conditions de détention des prisonniers fait réagir Diawoye Kanté du cabinet du ministère de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde de Sceaux. Il assure que des actions sont prévues pour corriger cette situation.

Le commandant Sou Dao, régisseur de la prison, est revenu sur les circonstances des décès des prisonniers survenus le 2 mai dernier. L’officier supérieur dément les informations publiées dans un journal de la place et faisant état de dizaines de morts parmi les détenus de la Maison centrale d’arrêt. Il y a au total cinq morts, rectifie-t-il. “C’est regrettable parce que personne ne vient en prison pour y mourir”, dira le commandant Sou Dao qui fait savoir qu’avoir effectivement constaté que les prisonniers souffraient particulièrement en cette période caniculaire, il a procédé à un réaménagement pour les soulager.
“Malgré les soins prodigués, certains ont perdu la vie. Ceux qui sont morts étaient dans leurs cellules. L’air y était insuffisant. La chaleur suffocante et le surnombre sont la cause de leur mort”, explique le régisseur de la prison centrale. Il assure que des mesures sont prises pour éviter de tels incidents. Parmi elles, figure l’installation de ventilateurs dans certaines cellules.

PAS DE DJIHADISTES PRÉSUMÉS.
Comment préserver la sécurité et assurer au même moment des conditions d’incarcération acceptables aux prisonniers ? L’équation est difficile à résoudre, reconnaît l’officier qui envisage le déplacement de certains pensionnaires vers d’autres centres de détention. Autre mesure : l’extension des moments de promenade et de divertissement.
Le régisseur de la prison a aussi indiqué que les morts étaient des détenus de droit commun, précisant au passage qu’il n’y a pas de présumés djihadistes parmi eux. “Ils sont morts dans l’infirmerie suite à des maladies infectieuses dont les effets ont été accentués l’atmosphère étouffante à l’intérieur de la cellule. Ils étaient arrivés chez nous dans un état de coma. Nous avons agi avec les moyens du bord”, explique Dr Mahamadou Kéita, chef de l’infirmerie de la Maison centrale d’arrêt.
Yaya Kone, directeur national de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée, assure pour sa part que la mort des prisonniers ne peut rester sans effet. Il juge que la Maison centrale d’arrêt souffre du surnombre de prisonniers et promet des mesures pour améliorer les conditions de détention dans les jours à venir.
Pourquoi avons-nous autant de prisonniers non jugés ? Le procureur près la Cour d’appel, Mamadou Lamine Coulibaly, répond que six instances juridiques défèrent à Bamako des mandats d’arrêt. Il concède cependant que l’idéal serait d’avoir un centre pénitencier où les condamnés sont plus nombreux que les autres détenus. Il indique qu’en l’état actuel des choses « ceux qui doivent être gardés pour des raisons des enquêtes ne peuvent l’être qu’à la Maison d’arrêt. Il y a une diversité d’infractions et de délinquants à Bamako. Pas plus tard qu’hier, j’ai rencontré tous les procureurs de Bamako pour mettre en place des audiences extraordinaires. Il s’agit non seulement de juger les délinquants dans un bref délai, mais aussi de lutter contre l’impunité », explique le magistrat. «C’est la volonté du ministre de la Justice qui ne veut plus voir les prisons débordant de monde», ajoute le procureur qui informe que les premiers résultats des audiences extraordinaires seront ressentis dans les jours à venir.
Une commission de désengorgement des prisons existe et travaille à améliorer le ratio gardiens-prisonniers. Elle est présidée par Boubacar Touré, conseiller technique au ministère de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux. Cette équipe attache du prix à la construction d’une nouvelle prison, l’équipement des surveillants et l’amélioration des conditions de vie des pensionnaires. Les spécialistes de la santé ont, pour leur part, insisté sur la nécessité de faire boire régulièrement les prisonniers, d’aérer leurs cellules et de privilégier les aliments liquides. Des solutions de bon sens, mais trouvera-t-on les moyens pour les appliquer ?
A. M. CISSÉ
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